24 avril 2024
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567 romans en librairies pour la rentrée en France

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567 romans en librairies pour la rentrée en France

Selon le magazine des éditeurs Livres hebdo, 567 nouveaux titres, dont 186 titres étrangers seront publiés d’août à octobre 2018. Les littératures venant du monde noir occuperont une place privilégiée dans cette rentrée littéraire dont les premiers titres seront en librairie dès le 16 août. RFI propose en deux parties les incontournables qui feront le bonheur des aficianados des littératures issues de l’Afrique, la Caraïbe et des Amériques noires.

Avec une quarantaine de nouveaux titres, le monde noir d’Afrique, des Antilles et d’Amérique ne passera pas inaperçu en ce moment de rentrée littéraire. Parmi les têtes d’affiche cette année, le Franco-Congolais Alain Mabanckou, le Sud-Africain JM. Coetzee, l’Egyptien Alaa El Aswany ou encore la Britannique de père Jamaïcain Zadie Smith et les Algériens Boualem Sansal et Yasmina Khadra, qui reviennent sur le devant de la scène avec des récits forts, émouvants et en prise avec les violences et les dysfonctionnements de nos sociétés mondialisées. Mais ce sont les primo-romanciers qui risquent de faire l’événement cette année avec leurs textes de grande qualité, prometteurs d’un avenir fécond. Cette rentrée littéraire compte aussi des essais, des mémoires remarquables par quelques-unes des grandes plumes du monde noir telles que Ta-Nehisi Coates, Souleymane Bachir Diagne, Henri Lopes, Dany Laferrière.

L’Algérien Boualem Sansal dépeint des démocraties en perdition

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L’Algérien Boualem Sansal s’est fait connaître en publiant son premier roman Le Serment des Barbares en 1999. Si ce roman a propulsé l’écrivain à l’avant-scène des lettres francophones, c’est parce qu’il a su raconter avec une distance critique et cathartique la tragédie de l’Algérie des années 1990. L’œuvre que ce romancier et polémiste talentueux a construite, depuis la parution de ce premier livre il y a 20 ans, est composée d’une dizaine de romans et d’essais. Ils creusent le thème de l’identité algérienne, s’interrogeant plus particulièrement sur l’emprise de la religion sur les esprits.

Son nouveau roman Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu qui paraît cet automne s’inscrit dans cette lignée de la critique sociale et politique. L’écrivain algérien explore, à travers une écriture allégorique qui rapproche le totalitarisme religieux du fascisme et du stalinisme, les ravages que cause le fondamentalisme religieux, écrasant sous ses bottes les valeurs humanistes de la liberté et du progrès. A Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande, assiégé par un ennemi mystérieux qui ambitionne de faire de la soumission à son dieu la loi unique de l’humanité, la population attend l’arrivée d’un train qui va l’évacuer. C’est le train du salut dont l’attente fiévreuse et désespérée est racontée dans le roman par une certaine Ute Van Ebert, héritière d’un puissant empire industriel. Cette histoire est reliée à celle d’une victime de l’attentat islamiste du 13 novembre 2015 à Paris…

Il est difficile de résumer Le train d’Erlingen sans le réduire à son intrigue, alors que chez Boualem Sansal le fond et la forme sont intimement liés. Très postmoderniste dans sa structure qui mêle correspondances, extraits de romans et interviews, le récit ici procède par échos et résonances entre les événements et les êtres, faisant de sa lecture, comme l’écrit l’auteur dans le prologue, « un acte initiatique ».

Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu, par Boualem Sansal. Editions Gallimard, 249 pages, 20 euros

David Diop raconte l’aventure ambiguë des enrôlés de force africains dans la Première Guerre mondiale

Les tirailleurs sénégalais sont les oubliés des célébrations cette année de la fin il y a cent ans, de la Première Guerre mondiale. Le beau et puissant premier roman du Franco-Sénégalais David Diop, intitulé Frère d’âme vient rappeler le rôle joué par les contingents africains sur les champs de bataille en Europe de l’Ouest pour hâter la fin de cette première boucherie de l’ère moderne.

Alpha Ndiaye et Mademba Diop ont 16 ans quand ils débarquent en Europe pour combattre sous le drapeau français. Le roman s’ouvre sur un drame : Mademaba tombe, blessé à mort et demande à son ami d’enfance de lui couper la gorge pour mettre fin à sa souffrance. Alpha refuse, mais finira par obtempérer. Puis, il portera dans ses bras le cadavre de son ami d’enfance jusqu’à la prochaine tranchée. Se retrouvant désormais seul dans la folie du grand massacre, Alpha perd la raison et distribue la mort, semant l’effroi. Il tranche les chairs ennemies, estropie, décapite, éventre. Sa sauvagerie scandalise, entraînant son évacuation…

Né à Paris de parents franco-sénégalais et maître de conférences à l’université de Pau, David Diop a déclaré que son livre est né de l’émotion qu’il a ressentie en lisant des lettres de poilus. Mais les tirailleurs n’ont pas laissé de lettres. Partant des documents de l’époque, il a imaginé la bravoure, le racisme, le désarroi, la folie… Cela donne un récit évocateur, époustouflant de lucidité d’analyse et d’humanité.

Frère d’âme, par David Diop. Editions du Seuil, 176 pages, 17 euros. 

Les heurs et malheurs de la société multiculturelle, avec Zadie Smith

Le prologue sur lequel s’ouvre Swing Time, le cinquième roman de la Britannique Zadie Smith, est révélateur du talent et de la maturité de son auteur. Il résume en une poignée de pages la leçon morale de ce récit et les drames intérieurs qui ont conduit le personnage-narrateur à un moment-clef de sa vie d’adulte. Réfugiée dans un appartement londonien, loin des turbulences du monde qu’elle fuit, la narratrice surfe sur le Net, et tombe sur un extrait de Swing Time (film avec Fred Astaire en rôle principal auquel le roman de Smith emprunte son titre). Elle comprend tout d’un coup le sens de ce film qu’elle avait si souvent regardé pendant son adolescence pour la beauté de la danse, sans avoir compris la moquerie et le racisme derrière « les yeux écarquillés, les gants blancs, le sourire à la Bojangles » d’un Astaire grimé en Noir ! C’est un grand moment de saisissement et de prise de conscience de soi.

Jamaïcaine par sa mère et anglaise par son père, Zadie Smith s’est fait connaître en 2000 en faisant paraître son premier roman Sourires de Loup qui est une saga tragi-comique du Londres multiculturel. Devenue romancière emblématique de l’Angleterre multiculturelle, avec à son actif des romans, des essais, des nouvelles, elle raconte dans Swing Time, l’histoire de deux jeunes filles métisses grandissant dans un quartier populaire de Londres. Elles ont en commun le rêve chevillé au corps de devenir des danseuses. La vie en décidera autrement.

Swing Time, par Zadie Smith. Traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson. Collection « Du monde entier », éditions Gallimard, 471 pages, 23,50 euros. 

Dans la tête d’un kamikaze, avec Yasmina Khadra

Khalil est le nouveau roman sous la plume du prolifique Yasmina Khadra, cet ancien officier de l’armée algérienne recyclé en romancier. Et quel romancier ! Ses livres ont été traduits dans quarante-deux langues, adaptés au cinéma, au théâtre. Son nouvel opus est voué à connaître une popularité similaire, tant il est maîtrisé, profond et en résonance avec les inquiétudes de notre époque.

Le héros éponyme, Khalil, est un jeune kamikaze qui s’apprête ce vendredi 13 novembre 2015 à faire actionner la ceinture d’explosifs autour de sa taille qui est censé ensanglanter Paris. Puisant sa trame dans la réalité tragique de notre temps, le roman invite le lecteur à comprendre les motivations de son héros et nous entraîne dans les abîmes de sa conscience fragile. Avec une justesse d’analyse, le romancier algérien décrypte ici les vertiges du jeune kamikaze tombé dans les griffes d’une idéologie suicidaire. On ne sort pas indemne de cette plongée dans les ténèbres d’un monde malade de sa brutalité.

Khalil, par Yasmina Khadra. Editions Julliard, 264 pages, 19 euros.

Auteur
RFI

 




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