29 mars 2024
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Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui doivent partir

PROPOSITION

Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui doivent partir

Alors que le pays vit une situation de plus en plus incertaine, et que les années 2021-2024 risquent d’être plus rudes encore pour sa population que celles qui prévalaient entre 1994 et 1998, au moment de l’ajustement structurel, il est important de sortir de l’impasse actuelle.

Ce n’est toutefois pas en déclinant, de façon plus ou moins habile, les procédures d’une transition démocratique qu’on aidera réellement à sortir de la crise. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que les deux têtes de l’exécutif n’ont plus vocation à servir et doivent donc disparaître des écrans radars de la politique pour laisser place à des personnalités consensuelles.

Je développerai mon argumentaire autour de six points.

  1. Dès l’instant qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle le 4 juillet et qu’aucun texte ne prévoit la prorogation de l’intérim du Chef de l’Etat, afin que ce dernier puisse procéder à une nouvelle convocation du corps électoral, à quoi bon maintenir une personnalité qui fait l’unanimité contre elle. Il n’y pas non plus de raison de garder le Premier Ministre et son gouvernement qui sont dans l’impossibilité de gérer les affaires de l’Etat. Le Gouvernement Bedoui pâtit d’un double déficit de légitimité : le premier vis-à-vis de la population qui réclame son départ depuis le  premier jour où il a été nommé, le second vis-à-vis de sa propre administration qui n’exécute pas, exécute mal ou partiellement ses directives et instructions.

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    Abdelkader Bensalah et Nourredine Bedoui procèdent directement de l’ancien Président de la République et de son clan. Abdelkader Bensalah a été l’homme lige de Bouteflika, tandis que Nourredine Bedoui doit sa nomination à la Primature (le 12 mars 2019) à la bienveillance de Nasser Bouteflika qui occupait le poste de Secrétaire Général du Ministère de la Formation et de l’enseignement professionnels, lorsque Bedoui en fut le ministre. Il est clair que ces deux personnalités sont totalement disqualifiées pour entamer quelque dialogue que ce soit avec les représentants du Mouvement de dissidence citoyenne.

  3. Tout autre est la situation du général Ahmed Gaïd Salah. On peut penser de l’intéressé ce que l’on veut, mais aucun observateur n’a le droit de prendre des libertés avec la vérité. Depuis 2013, le Chef d’État-major est en butte à des tentatives récurrentes de déstabilisation, voire d’élimination de la part du clan présidentiel auquel il n’a jamais appartenu ni de près ni  de loin. Si Ahmed Gaïd Salah a réussi à ce jour à s’imposer comme chef de l’État-major, il le doit à une force de caractère exceptionnelle et au soutien de la Haute hiérarchie militaire, désormais très soudée autour de lui, et cela depuis juin 2018. Parmi ses successeurs présomptifs, il y avait le Commandant de la Première Région militaire, le général Habib Chentouf, aujourd’hui en fuite, le général Ahcène Taffer qui dirigeait les forces terrestres, le général Benali Benali, patron de la Garde Républicaine, Abdelghani Hamel, ex-DGSN et Saïd Bey, ancien Commandant de la 2ème Région militaire, aujourd’hui détenu à la prison militaire de Blida. Par conséquent, présenter l’actuel chef d’État-major pour l’homme de Bouteflika est une contre-vérité absolue. Si l’on veut à tout prix décrédibiliser l’homme, il faudra chercher ailleurs matière à réquisitoire.

  4. Parce que Bensalah et Bedoui sont fortement rejetés, il est important de passer à une nouvelle étape qui devra se caractériser par un dialogue sérieux et approfondi, lequel ne peut être conduit, du côté du pouvoir, que par des hommes jouissant d’un minimum de respect et de considération de la part de la population et des autres acteurs institutionnels.

  5. La liste des personnalités crédibles n’est hélas pas très longue, mais des hommes comme Ahmed Benbitour, Abdelaziz Rahabi ou  Abdelaziz Medjahed, au regard de leur compétence, de leur expérience et de leur intégrité, pourraient utilement remplacer Bensalah ou Bedoui, comme on peut également imaginer que le poste de Chef d’Etat par intérim ne soit pas pourvu et que le Premier Ministre soit autorisé à légiférer par décrets-lois, ce qui implique la dissolution des deux chambres du Parlement) et exercer le pouvoir de nomination aux emplois supérieurs de l’Etat (réservé pour un grand nombre d’entre eux au Président de la République en période normale, au Chef d’Etat par intérim dans les cas de vacance du Président de la République), dès l’instant que la Constitution révisée du 6 mars 2016 est devenue complètement caduque et qu’il est même inepte de s’y référer.

  6. S’agissant des partis de l’Alliance présidentielle, ils n’ont plus aucune légitimité. Même si l’ensemble des instances dirigeantes du FLN, du RND, du MPA et de TAJ devaient faire peau neuve, ces partis ont signé leur arrêt de mort en accompagnant Bouteflika dans son œuvre destructrice du pays ; ils sont d’ores et déjà condamnés à une disparition que l’écrasante majorité des algériens souhaitent définitive.

  7. Mais même les partis de l’opposition n’ont pas de bilan positif à faire valoir, en dehors d’une déclamation  anti-pouvoir qui n’abuse plus personne. Ils procèdent tous, peu ou prou, du régime. Leur capacité de communication avec la base est voisine de zéro et leur ancrage populaire dérisoire, parfois inexistant. Ils forment la devanture d’une scène politique fantasmagorique qui est à des années-lumière de l’Algérie réelle, ses besoins, ses problèmes, ses aspirations, les défis qu’elle aura à relever.

  8. Si l’État-major consent à se séparer du couple Bensalah-Bedoui, un formidable pas en avant aura été accompli. De son côté, le Hirak doit impérativement désigner ses représentants (fussent-ils provisoires), élaborer une feuille de route à laquelle devra être joint un agenda des réformes à accomplir pour rompre avec le régime passé et le legs qu’il voulait transmettre. Si L’État-major parvient à la conclusion que Bensalah et Bedoui sont devenus encombrants et constituent même un obstacle dirimant devant toute avancée démocratique, alors la balle se sera plus dans le camp du Haut Commandement Militaire mais dans celui du Hirak. Celui-ci ne peut durablement se contenter, trois mois et demi après le début de la contestation, de réclamer le départ de toute l’élite dirigeante, car cette exigence porte en germe la déstabilisation des institutions et de l’Etat, au moment où la situation économique et sociale se détériore et où les tensions dans la zone saharo sahélienne s’exacerbent.

En guise de conclusion

Le Haut Commandement Militaire se grandirait devant l’opinion publique algérienne et internationale en prenant les sanctions appropriées à l’encontre de toutes les autorités qui sont directement et indirectement responsables de la mort de Kameleddine Fekkar détenu dans des conditions inhumaines à la prison de Ghardaïa.

L’État-major est garant de l’application des instruments internationaux ratifiés par l’Algérie relatifs aux droits de l’homme, lesquels ont une valeur juridique supérieure à celle de l’ensemble des lois internes.

La responsabilité internationale de l’Etat algérien est susceptible d’être engagée, chaque fois que nous méconnaissons nos obligations à l’égard de la communauté internationale. Reste le sort du Général Hocine Benhadid.

Nous savons aujourd’hui, par son avocat, que l’État-major est totalement étranger à son incarcération et que celle-ci est pour le moins abusive. Là aussi, il conviendra de prendre les sanctions qui s’imposent à l’égard des magistrats qui ont fait preuve d’un excès de zèle ayant failli coûter la vie à Hocine Benhadid. Il est temps de restituer l’intéressé à sa femme et à ses enfants et de cesser de le harceler.

A. M.

Auteur
Ali Mebroukine, Professeur de droit et militant démocrate

 




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