28 mars 2024
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En Algérie : « Nous sommes les meilleurs au monde… ! »

Regard

En Algérie : « Nous sommes les meilleurs au monde… ! »

Terrible régression : un panneau interdisant aux hommes d’entrer à la fontaine.

Banale cérémonie de mariage au village. L’imam était en train de débiter son discours ; certains l’écoutaient poliment, pendant que d’autres, à l’écart, prenaient des nouvelles les uns des autres à l’occasion des retrouvailles, en attendant la fin.

Au moment de clore son discours et d’empocher les quelques centaines ou milliers de dinars, l’imam partit dans un discours aussi inattendu qu’intarissable : « Nous sommes les meilleurs au monde…. la victoire certaine du monde musulman sur le monde des mécréants… ! ».

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Peu dans l’assistance avait suivi le changement de registre du cheikh de village, loin de l’union matrimoniale pour laquelle il était pourtant convié et rétribué.

Nous écoutions, quelques-uns, pour apprendre de la part de l’orateur, les arguments de cette suprématie nouvelle :

– Est-ce une avancée civilisationnelle faite de démocratie des États musulmans modernes et modèles, de moralité, de justice sociale, de respect des citoyens les uns des autres, de propreté de nos villes, de nos villages et de nos routes ?

– Est-ce une avancée technologique améliorant la qualité de vie des humains de tous pays et de la protection des ressources de la planète ?

– Est-ce une performance de notre enseignement-recherche scientifique qui dépasserait les prestigieuses universités du MIT, Yale, Normale Sup., Polytechnique ?

– Est-ce une avancée dans les domaines sportifs, de la production culturelle dans les arts, la littérature, le cinéma, etc. ?

Rien de tout cela.

L’imam ne s’embarrassa pas de nous livrer les arguments de son affirmation. Pour lui, dit et redit jusqu’à saturation au moyen de formules alambiquées en arabe classique que très peu comprenaient  : « Nous sommes les meilleurs au monde… parce que nous sommes musulmans et proches de Dieu…  » !

C’était tout. Le cheikh exterminateur empocha quelques billets de 1000 DA pour trente minutes de speech et partit (1). C’était peut-être cela la performance la meilleure du monde !

Cet événement qui a eu lieu ce mois-ci dans un petit village de Kabylie révèle à quel point est parvenue l’influence des ‘’salafistes mondialistes’’, cette prétention nouvelle de refaire la carte du monde sur la base religieuse et ‘’raciale’’(2).

L’imam de village n’avait probablement pas conscience de son embrigadement dans un mouvement mondial de régression qui le dépasse.

Aussi, il n’avait probablement jamais appris l’histoire de tous ces massacres et génocides/ethnocides faits au nom de cette « suprématie divine, religieuse et/ou raciale » propres aux guerres de religions et aux impérialismes : la disparition des civilisations Aztèque et Maya, l’extermination des Indiens en Amérique, la chasse à l’indigène en Algérie du côté des Illilten un certain juin 1857 et les enfumages de grottes dans le Dahra, les massacres des Chinois par les Japonais, le massacres des juifs par Hitler (l’exécrable ‘’solution finale’’), et plus récemment le gazage des Kurdes à Halabja, l’extermination des citadins par Pol Pot au Cambodge,  les non-Serbes par les Serbes, les Tutsis par les Hutus au Rwanda, la persécution des Coptes en Égypte parce qu’ils ne sont pas musulmans, etc.

Et l’Algérie n’est pas en reste avec le massacre de près de 300 000 personnes ; des villages détruits à jamais, des familles disloquées, des blessures physiques et morales inguérissables. Le tout pour la mise au pas de la société au nom du fascisme islamiste du qamis-hidjab oriental et du retour au moyen-âge.

La société algérienne et nord-africaine est-elle frappée d’amnésie en effaçant de sa mémoire collective les horreurs islamistes du FIS, GIA, GSPC, AQMI, Djound Oqba Ibn Nafaâ, … pour ouvrir aujourd’hui les portes aux prédicateurs et prosélytes islamistes qui grignotent des espaces chaque jour par la construction de mosquées-otages, le financement de boutiques de ‘’produits islamiques’’ et d’écrits de propagande presque offerts aux passants-adeptes potentiels, le noyautage des associations de citoyens et des administrations, … ?

Après la méthode dure du couteau, de la bombe et de la kalachnikov, les islamistes investissent aujourd’hui dans la méthode soft tout en avançant résolument afin de contrôler la société et l’État (tous les États).

Le reste de la société feint de fermer les yeux, pendant que d’autres s’alignent par opportunisme sur la omra-business ou se détruisent tout en détruisant le pays avec, dans la prédation, l’alcool et la saleté de l’environnement.

Cette voie est sans issue ; comme on dit, ça serait comme l’expérience de la mort : il n’y aura pas d’alternative.  

Les générations futures parleraient alors de « La mort absurde des Amazighs en Afrique du Nord » (3).

A U L

Notes :

(1)  Entendu à la fin de cette cérémonie de mariage : l’un des convives avait confié en aparté qu’il était « désolé » que tous les présents à cette cérémonie ne répétaient pas d’une seule voix le mot ‘’amin’’ (amen) habituel que l’on prononce à voix haute à la fin de chacune des prières de l’imam. A la vue de la mine grave de cette personne qui se dit « pas islamiste du tout», on devine aisément qu’il n’avait seulement pas les moyens de l’imposer à l’assistance. Dans sa tête il y avait certainement une kalachnikov virtuelle à 2 chargeurs couplés… en attendant de disposer d’une milice aux ordres, bien réelle, pour cela.

Il y a déjà un précédent : pendant la guerre de libération nationale en Algérie, quelques officiers zélés de l’ALN avaient imposé la prière obligatoire aux maquisards et aux hommes dans certains villages de Kabylie. L’un de ces villageois, Dda X., aligné malgré lui avec les autres pour prier dans la mosquée, avait trouvé la formule, devenue célèbre : «Attan a Rebbi bessif » (au nom de Dieu par la contrainte) !  

L’un de ces officiers supérieurs avait terminé sa vie comme… membre fondateur du FIS en 1989.

(2) Derrière l’islamisme il y a toujours ‘’l’arabo-islamisme’’, idéologie politique du pan-arabisme et modèle de société d’essence arabo-bédouine, pilotée et financée par les monarchies du Golfe, après l’affaiblissement des frères musulmans Égyptiens.

(3) « La mort absurde des Aztèques », de Mouloud Mammeri.

Auteur
Aumer U Lamara, écrivain

 




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