28 mars 2024
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Incivisme quand tu nous tiens !

Coup de gueule

Incivisme quand tu nous tiens !

Les manifestations de l’incivisme dans notre société sont tellement nombreuses et fréquentes qu’on finit par s’y habituer. La problématique de l’enlaidissement environnemental est aggravée par la multiplication de gravats, détritus et déchets des entreprises de chantiers de construction, ainsi que les emballages de bouteilles usitées, gobelets et sachets en plastique non-recyclables.

Que ce soit un étranger ou un ressortissant algérien établi à l’étranger, sa première réaction quand il met les pieds dans la ville des genêts est une grimace. De déception ou, dans certains cas et certains lieux, de dégoût. Les milliards dépensés dans les opérations d’embellissement n’ont finalement pas servi à grand-chose

L’altération du paysage environnemental, peu reluisante, de nombreuses régions du pays s’ajoute à la prolifération de centaines de tas d’ordures et de gravats, illégalement déposés aux abords des voies d’accès aux différentes localités, par des personnes peu scrupuleuses, donnant un triste spectacle à une population désabusée. Le problème de l’environnement se pose de façon récurrente à certaines villes comme Bejaia ainsi que dans la majeure partie des localités. En effet, on assiste à un délaissement total de la part des citoyens en matière de propreté et de salubrité. En dépit de la présence de bacs dans certains quartiers, les habitants se débarrassent de leurs ordures de manière anarchique. Ce qui dénote d’un manque de civisme certain. Que faire pour redonner à nos villes, villages et agglomérations, bonne figure ? Les services de la voirie peinent à rendre à nos cités, hygiène et propreté. 

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Ils ont beau balayer, ramasser déchets et détritus de toutes sortes, rien n’y fait. Après le passage des agents de la voirie, les habitants reviennent à la charge pour défigurer l’environnement. Inconscience ? 

Urbanisation anarchique et illicite, service public débordé, incivisme et insalubrité, tels sont les fléaux qui pèsent encore lourdement sur le quotidien des citoyens. « L’incivisme a battu tous les records dans nos villages et nos cités. Il suffit de faire un petit tour dans la rue pour constater le comportement « offensant » et « abusif » des citoyens », nous dira sans ambages, un cadre à l’administration. Dans cet environnement aux multiples boursouflures, la violation des biens publics et le squat, sans vergogne, des espaces publics se fait au su et vu de tout le monde. Les constructions illicites ont fait couler beaucoup d’encres sans pour autant mettre le holà sur ces infractions qui en disent long. Nul besoin d’être un expert en la matière pour s’en apercevoir de l’ampleur du phénomène.

Plusieurs constructeurs et entrepreneurs en bâtiment préfèrent déposer leur détritus et déchets de construction dans des lieux situés tout près de leurs chantiers (aux abords des routes ou dans les lits des affluents) pour réduire les coûts, au détriment de l’environnement, dénaturant l’image de marque des villages au charme pittoresque. L’absence de mesures répressives et d’un suivi rigoureux de la gestion de l’espace urbain a permis la prolifération des constructions illicites et des décharges anarchiques, ainsi que des amoncellements ici et là d’ordures, de gravats et autres déchets solides. La collecte des déchets, même lorsqu’elle est faite dans les règles de l’art, ne suffit pas à elle seule pour éradiquer ces immondices qui n’en finissent pas de défrayer la chronique. 

Pis, l’état délabré de certains bacs de déchets ménagers, en plus de leur emplacement parfois inadapté, nuit gravement à l’esthétique des cités et autres quartiers de nos villes. L’état de quelques bacs surchargés d’où se déversent souvent les ordures, leur emplacement inapproprié dans certains cas, sans couvercle et rarement lavés, en plus d’être placés sur la grande artère, en pleine chaussée et près des écoles, et des autres édifices publics. La dégradation de l’environnement résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment l’incivisme de certains citoyens et commerçants, ajouter à cela la faiblesse des capacités d’intervention des communes, voire, l’indifférence de certains élus quant à l’ampleur des dégâts causés par l’outrecuidance de quelques énergumènes. Malheureusement, l’incivisme est partout ! Qu’il soit d’ordre écologique ou sociologique, l’incivisme fait sienne. Sur les routes, dans les bus, à l’école, et même entre voisins. 

L’incivisme a tendance à progresser ces dernières années. Une armée de points d’interrogation qui laisse le visiteur complètement renversé et sans mot.  Ainsi, se décrit l’état d’âme du touriste qui s’aventurerait à visiter l’Algérie. Et on nous parle de Tourisme ! Diantre, comment peut-on prétendre attirer des touristes alors que tout va à vau-l’eau ? Immondices, insécurité, un parc hôtelier en perte de vitesse, des bouchons à chaque coin de rue…Autant de carences qui feraient fuir les touristes les plus téméraires.

Face à cette dégradation, beaucoup de citoyens honnêtes se plaignent, dans leur vie quotidienne, d’une forte détérioration de leur relation avec les autres. Quant au civisme, ce n’est pas une politique, mais un manque de considération et de politesse dans les rapports sociaux ordinaires. Au sens propre du mot, le civisme signifie avant tout le respect vis-à-vis des autres, en particulier des voisins, et toute personne quel que soit son sexe, son âge ou son origine. En somme, respecter les règles de la vie collective, comme le code de la route, l’engagement pour une cause d’intérêt général. Malheureusement, l’engagement collectif est aujourd’hui relégué à l’arrière-plan.

À cet effet, pour lutter contre ce phénomène qui a tendance à se généraliser, il faut nouer des liens entre individus pour créer une société plus douce. Hélas, le plus inquiétant est l’indifférence de la société qui a tendance à être démissionnaire, laissant ainsi le champ libre à l’anarchie et à l’anomie.

L’incivisme va de la société civile qui se tait avec une complaisance intéressée et des médias trop souvent partisans à l’Etat qui accepte de procéder par colmatage, replâtrage et tâtonnement, notamment en cherchant toujours et toujours des boucs émissaires et des fusibles à faire sauter. L’Etat pèche en ce que plus personne ne croit en lui, en sa force et en son autorité. Il est vrai que la démocratie et l’expression des libertés sont dures à gérer, surtout lorsque l’on cherche à plaire à tout le monde à la fois pendant tout le temps. Mais il faut accepter alors le risque de tomber soi-même dans l’incivisme, faute d’autorité. 

 

Auteur
Bachir Djaider (Journaliste, écrivain)

 




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