16 avril 2024
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Indépendance, évolution et autogestion

Réponse à un lecteur

Indépendance, évolution et autogestion

Suite à la contribution “Adresse à une minorité d’intellectuel-le-s algérien-ne-s », un lecteur, se présentant comme « Quelques questions de plus! », formule des demandes qui appellent des éclaircissements. Examinons-les en les rappelant.

1. Est ce que une Kabylie indépendante aurait des chances d’évoluer comme les autres peuples du monde sur le plan collectif et individuelle.

Réponse ?

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D’abord, il faut convenir pour ce qu’on entend pas le terme « indépendant ». Beaucoup de pays sont indépendants, autrement dit ils disposent d’un territoire, d’un drapeau et d’institutions qui gèrent le pays.

Nous constatons que certains pays sont indépendants uniquement du point de vue formel. Ce sont tous les pays soumis à une domination impérialiste, sous une forme ou une autre. Quelques exemples. L’Arabie Saoudite est un pays indépendant ; dans quelle mesure l’est-il par rapport à son protecteur militaire (et client pétrolier à prix convenu selon des accords connus), les États-Unis ? Israël est un pays indépendant. Dans quelle mesure l’est-il sans l’aide financière et militaire massive de la part des États-Unis ? L’Europe est constituée de pays indépendants. Dans quelle mesure le sont-ils alors que leur défense commune est assurée par l’OTAN dont le commandement est de « droit » et de fait appartient aux États-Unis ? Considérons la Corée du Nord. Existerait-elle sans le soutien économique (et autre), notamment de la Chine ?

Ceci étant dit, considérons la Kabylie. Imaginons-la comme pays indépendant, selon la définition auparavant fournie. Dans quelle mesure une Kabylie indépendante pourrait-elle exister sans la « tutelle », autrement dit la domination, d’une puissance économico-militaire étrangère, donc impérialiste ?

2. « Evoluer comme les autres peuples du monde sur le plan collectif et individuel. »

Réponse.

Là, aussi, il faut s’entendre sur le mot « évoluer ». Si on entend par ce terme, devenir une nation économiquement développée, culturellement aussi, et dotée d’une armée, est-ce cela « évoluer » ?… Les États-Unis se sont proclamés depuis longtemps le « modèle » économique et politique de la planète : « démocratie » et « liberté » sont les mots-clés.

Est-on un pays démocratique quand seuls deux partis politiques sont au pouvoir, à tour de rôle ? Et que ces deux partis sont l’émanation d’une caste financière-industrielle-militaire, qui se partage les ressources naturelles du pays, et s’engraisse en plus-value par l’exploitation de la main-d’œuvre ? Et pour ne pas être exploité-e-s, les citoyen-ne-s ne doivent pas établir un système de gestion de leur société absolument égalitaire, libre et solidaire, autrement dit autogéré ?

Est-ce un pays de liberté, quand un malade n’a pas le droit aux soins médicaux s’il ne peut pas en payer le coût, un enfant n’a pas le droit d’accéder à l’école si ses parents ne disposent pas de l’argent pour payer la scolarité, un juif ou musulman ou athée n’a pas le droit de se présenter à la président de la nation ?

De ces points de vue, l’Europe occidentale est plus démocratique et plus libre que l’auto-proclamé « modèle » du monde.

Mais, aussi, en Europe occidentale, les droits acquis par les citoyen-ne-s en matière sociale, suite aux longues et sanglantes luttes populaires qui avaient débouché au Front Populaire de 1936, est-ce qu’on n’assiste pas à la remise en cause de ces acquis sociaux, à présent que le « spectre du communisme » s’est évanoui dans la lamentable fin qu’il a connue ?

Il reste certains pays scandinaves, tels la Finlande. C’est ce qu’il y a de moins… pire dans le monde actuel. N’y mettons pas la Suisse, parce que sa caste financière vit des vols de tous les capitalistes et dirigeants politiques corrompus de la planète.

Est-ce, enfin, « évoluer » quand cette planète se trouve gravement menacée par un changement climatique causé par la mauvaise gestion des ressources naturelles (dont les pays « évolués » sont les premiers responsables), par un amoncellement d’armes nucléaires, bactériologiques et chimiques (là, aussi, causés par les nations les plus « évolués » de la planète, par  les guerres dans des nations « tiers », alimentées par les responsables de ces mêmes nations « évoluées », par les famines, la faim, l’émigration clandestine et ses tragédies, etc. ? Est-ce cela « évoluer » ?

J’en viens à la Kabylie. Devenue indépendante, les citoyen-ne-s auront-ils/elles la liberté d’aller à l’école, de se soigner, de se loger sans dépendre de leurs conditions financières ? Pour ne pas être victimes de ressources financières insuffisantes, les citoyen-ne-s ne doivent-ils/elles pas ne pas être exploité-e-s économiquement, mais vivre dans une société où les ressources naturelles soient la propriété collective ? Pour y parvenir, ne doivent-ils/elles pas éliminer dans leur société toute forme de caste privilégiée ?

Parmi les indépendantistes de Kabylie, qui présentent les garanties certaines qu’une Kabylie indépendante n’accouchera pas d’une caste dominatrice sur le peuple de Kabylie, comme c’est le cas de tous les pays qui ont obtenu une indépendance symbolisée par un drapeau ? Enfin, pour une femme ou un travailleur de Kabylie, où est la différence entre le fait d’être dominé-e par une personne qui parle sa langue maternelle, soit de tradition et d’origine ethnique amazighe, ou ne le soit pas ?

Évidemment, le peuple de Kabylie, comme tout peuple de la planète, a le droit inaliénable à la reconnaissance de son identité linguistique, culturelle et historique. Cependant, comme tout peuple, il doit veiller à ne pas devenir victime, sous prétexte d’indépendance ou de légitime revendication culturelle, à tomber sous la domination d’une caste appartenant à son ethnie. À ce propos, l’histoire de l’indépendance algérienne n’est-elle pas une leçon suffisante ?

À la personne de Kabylie qui m’objecterait : « Mais, tu es arabe, tandis que nous sommes kabyles, donc c’est à nous seuls de penser à régler nos problèmes ! », voici ma réponse : « Avant de me définir par une identité ethnique quelconque, je me considère un citoyen du monde, faisant partie des dominé-e-s qui y souffrent. Par conséquent, je suis solidaire des dominé-e-s qui vivent en Kabylie, comme de celles et ceux qui vivent sur cette planète toute entière. La personne kabyle qui voudrait me séparer des dominé-e-s de Kabylie, sous prétexte d’identité ethnique différente, où est son intérêt sinon de viser à dominer elle-même ces Kabyles déjà asservi-e-s ? »

3. « Je sais que tu n’es pas parfaitement d’accord avec les indépendantistes Kabyles. Mais tu trouves comme même une certaine force politique et conscience assez développée en Kabylie complètement différente de Sidi Bel Abbès.

Parce que ne me dis pas que politiquement parlant à Sidi Bel Abbès, la démocratie avance et gagne du terrain! Ce n’est pas vrai. C’est la théocratie c’est le fascisme qui avance. Je n’insulte pas nos frères de Sidi Bel Abbès, parce que le même stratagème est implanté en Kabylie. Par la dictature algérienne. »

Réponse.

Certes, le peuple kabyle a montré une capacité politique et une conscience citoyenne qui sont à saluer. Que ces capacités soient absentes à Sidi Bel Abbès, disons dans la composante linguistiquement arabophone de l’Algérie, cela est hélas ! Vrai. Cependant, le lecteur note que « C’est la théocratie c’est le fascisme qui avance (…) le même stratagème est implanté en Kabylie. »

Quoi en conclure sinon que le peuple de Kabylie et celui du reste de l’Algérie se trouvent dans la même barque, et que, par conséquent, ils doivent trouver comment agir de manière en même temps libre et solidaire ?

3. « Si tu aimes les Kabyles tant, pourquoi tu t’acharnes contre le MAK? C’est le seul représentant Kabyle sérieux qui a des objectifs claires. »

Réponse.

Ce que j’aime, c’est l’être humain exploité-e économiquement, dominé-e politiquement, aliéné-e idéologiquement, quelque soit son « ethnie » et le territoire où il vit sur cette planète.

Concernant le MAK, ayant constaté que certaines personnes s’en revendiquent, je me suis permis de m’adresser à ses dirigeants pour, précisément, connaître (et que les autres connaissent, et d’abord en Kabylie) clairement ses objectifs. À ce jour, à ma connaissance, la réponse n’est pas venue. Je vous prie donc, cher lecteur, d’écrire une contribution au Matin d’Algérie, pour exposer ce que vous considérez les « objectifs clairs » du MAK, en exposant le contenu de son programme politique et  les actions concrètes principales de ses dirigeants.

4. « Est ce tu penses que les indépendantiste kabyles sont des extrémistes racistes? Ou c’est la peur de l’inconnu qui te dérange ?’

Réponse.  

L’accusation d’ »extrémisme raciste » a été formulée, en Algérie comme en France, non pas contre les « indépendantistes kabyles », mais contre ceux d’entre eux qui se réclament du MAK. Il appartient aux dirigeants de cette organisation de démontrer le contraire. C’est une pratique normale, dans le monde entier, qu’une organisation qui se voit accusée de manière qui ne corresponde pas à la vérité de son programme et de ses actions, réponde et démontre l’infondé des accusations contre elle. Une organisation politique qui garde le silence autorise le doute légitime sur son idéologie et ses actes. Personnellement, je doute fort que le MAK soit une organisation qui vise à abolir l’exploitation économique, la domination politique et l’aliénation idéologique du peuple de Kabylie, autrement dit qu’elle ne vise pas à instaurer en Kabylie une nouvelle caste au détriment du peuple qu’elle prétend défendre et représenter. Que cette organisation démontre, par son programme et ses actions, qu’elle se conforme à l’abolition de toute caste dominatrice en Kabylie, y compris d’ethnie kabyle, et je serai le premier à défendre sa légitimité.

Quant à l’ »inconnu », il me dérange quand il y a absence de propositions intellectuellement tout-à-fait claires (à ne pas confondre avec des recettes dogmatiques toutes prêtes), et concrètement praticables, le tout au bénéfice du peuple dans sa grande majorité. Cette dernière exclut, évidemment, ses dominateurs-exploiteurs. À ce sujet, tous mes écrits visent à ouvrir, justement, un débat ; pour ma part, je suggère la conception autogestionnaire pour en examiner la pertinence.

5. « Les Kabyles ont levé leur propre drapeau, c’est vrai ce drapeau kabyle est quelques chose qui nous différencie des Algériens, et nous avons lâché le drapeau Algérien. On l’a laissé pour des Tliba, Saadani, Naïma, Bouteflika,…et les autres. »

Réponse.

En Algérie, il n’y a pas que les personnes mentionnées ci-dessus. Il y a la majorité des citoyen-ne-s qui sont exclu-e-s de l’accès égalitaire aux ressources naturelles du pays, dont le vote est, selon les témoignages dignes de fois, trafiqué pour servir les gens au pouvoir, dont les droits syndicaux sont limités, dont le droit de quitter le pays est interdit, dont l’accès à une école, un logement, une santé et un travail convenables sont niés, etc., etc. Et ces exclu-e-s sont aussi bien en Kabylie que dans le reste du pays.

Quant au « drapeau », le meilleur drapeau n’est-il pas celui qui ne crée pas de frontières entre les peuples, lesquelles justifient la ségrégation et l’exclusion ?… Le meilleur drapeau n’est-il pas celui d’une humanité libre et solidaire ?… Certes, il faut tenir compte de la réalité nationale, mais il est nécessaire de l’insérer dans un horizon planétaire, surtout en cette phase de mondialisation capitaliste impérialiste. À l’appel « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous », voici le temps de dire : « Dominé-es de tous les pays, unissez-vous ! »

6. « Sans le sacrifice des meilleurs enfants Kabyles. »

Réponse.

Dans le reste du pays, depuis juillet 1962, le reste des Algérien-ne-s n’a-t-il consenti aucun sacrifice ? Aucun-e n’a été arrété-e, emprisonné-e, torturé-e, assassiné-e, « disparu-e » ? Aucune population de village n’a été massacrée ?… Doit-on tomber dans le compte des morts pour considérer les uns des morts à rappeler, et les autres à ne pas citer ? Où est la différence entre les victimes de la « décennie sanglante » et celles d’Alger (1989) et du « Mouvement Citoyen » du printemps de 2001 ? Puisque Sidi Bel-abbès a été évoqué, peut-on parler des victimes assassinées en Kabylie, pour la démocratie, sans rappeler les enseignantes égorgées dans un autobus, à Sidi Bel-abbès, pour avoir voulu aller fournir la culture à des enfants dans une école ?… Dans les deux cas, ne sommes-nous pas en présence de crimes niant la liberté, la solidarité, la démocratie et la culture ?

Élargissons le propos. Quand on évoque la guerre de libération nationale algérienne, doit-on oublier le sacrifice du peuple vietnamien qui, le premier, porta un coup décisif au colonialisme français, permettant ainsi au peuple algérien d’avoir encore plus de résolution et de méthode pour mener son propre combat libérateur anti-colonialiste ? Anecdote en passant. Quand mon oncle maternel, alors soldat dans l’armée coloniale française en Indochine, fut capturé par les patriotes vietminh, ils ne l’insultèrent pas ni l’assassinèrent ; ils lui expliquèrent avec patience qu’il s’était trompé d’ennemi, qu’il devait retourner en Algérie pour combattre et chasser de sa patrie le même colonialisme.

Qu’est-ce cela veut dire, appliqué dans l’Algérie actuelle ?… Si un Algérien linguistiquement arabophone manifeste de l’hostilité envers ses compatriotes kabyles, le Kabyle qui l’insulte et le méprise commet une grave erreur, car il tombe dans le piège des ennemis communs à ces deux Algériens. Au contraire, le Kabyle devrait expliquer à son compatriote linguistiquement arabe d’aller plutôt se libérer des personnes qui l’ont conditionné à voir comme adversaire le compatriote kabyle plutôt que ses propres dominateurs linguistiquement arabophones. Bref, tout ce qui tend à opposer Kabyles (ou Amazighes ») et « Arabes » (ou « Algériens) comme ethnie fait le jeu des dominateurs de ces deux composantes citoyennes, au détriment des dominés dans ces deux composantes.

Tout combat identitaire qui n’inclut pas intégralement la dimension économique (exploitation) et sociale (domination politique), ainsi que la solidarité entre tou-te- les dominé-es, quelque soit leur identité ethnique, est, par nature, raciste et fasciste, et ne sert que la caste de personnes qui le dirigent. Avant la deuxième boucherie mondiale, Hitler, Mussolini, l’empereur du Japon et les groupuscules qui les soutenaient dans le monde furent, ainsi, des racistes fascistes. À l’époque actuelle de  mondialisation capitaliste, qui est la cause des flux migratoires, nous assistons de nouveau à l’apparition de ces organisations racistes fascistes. L’Algérie, hélas, a, elle aussi, ses tendances et organisations de ce genre. Elles sont l’ennemi du peuple, quelque soit l’identité ethnique de ce dernier.

Revenons au thème du sacrifice et élargissons complètement l’exposé. Peut-on oublier, dans le monde, le sacrifice pour la liberté authentique de millions d’êtres humains, depuis Spartacus, en « Occident », et les révoltés paysans, en « Orient » (Chine) ?

L’espèce humaine est unique, malgré les aspects spécifiques de ses divers peuples ! Et, en son sein, celles et ceux qui ont combattu et combattent pour la dignité humaine collective sont toutes et tous à respecter de la même manière. Les meilleur-e-s ont, certes, le mérite d’avoir donné et de continuer à donner l’exemple. Cela leur donne-ils/elles le droit de se vanter de leur spécifique sacrifice ?… Si tel est le cas, alors limitons-nous à Spartacus, pour la partie « occidentale » de la planète.

7. « Il faut être clair dans votre projet, d’autogestion. C’est trop vague. Vous manquez trop la cible. Ne jouez pas au ridicule comme le ministre le l’intérieur venu à Tizi Ouzou dire, nous devons prendre l’exemple de la démocratie Kabyle, pour faire avancer l’Algérie. L’autogestion en Kabylie n’est pas une solution pour l’Algérie, c’est très marginal comme champs d’action. Par rapport à ce que vous voulez qui est incompatible avec la réalité mondiale. On peut toujours débattre mais faites sortir vos idées. »

Réponse.

L’autogestion est, certes, «incompatible avec la réalité mondiale », puisque celle-ci est capitaliste. Mais la revendication d’indépendance algérienne (ou d’autres pays) était-elle compatible avec la réalité mondiale de son époque ?… N’a-t-il pas fallu des luttes sanglantes pour y parvenir ?

Élargissons l’examen. Du temps de l’esclavagisme, puis du féodalisme (qui ont duré des siècles), les personnes qui appelaient à l’abolition de l’esclavage, puis du féodalisme, étaient-elles « compatibles avec la réalité mondiale » ?

Le capitalisme, lui, a un existence qui débuta seulement après les révolution anglaise puis française, soit environ deux siècles et demi. Bien entendu, si l’on voit ce système à l’auge de sa propre vie individuelle, certainement, il paraît durable. Mais si l’on place ce système dans l’évolution historique générale, à long terme, quel Prophète garantirait l’immortalité de ce système capitaliste ?

Certes, le marxisme a prétendu mettre fin au capitalisme pour instaurer le « communisme ». Nous avons vu les résultats. Mais, malheureusement, leur analyse impartiale et objective reste à faire. Car elle ne considère pas la conception autogestionnaire.

Venons donc à la clarifier brièvement.

Sous des appellations diverses (« anarchisme », « libertaire », « collectivisme », « communisme », « anarcho-syndicalisme » et autres), la conception autogestionnaire affirment quelques principes fondamentaux.

Pour fonctionner de manière harmonieuse, la société humaine doit assurer :

– un traitement égalitaire de ses membres, hommes et femmes, selon la règle : «  À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités » ;

– ce principe exclue l’exploitation économique de l’un par l’autre, au bénéfice de la coopération égalitaire entre tous les membres de la société ;

– afin d’assurer cette coopération solidaire, il faut exclure toute forme de domination politique de la majorité par la minorité, pour établir un système où tous les membres de la société puissent exprimer leurs désirs et adopter leurs décisions, librement et solidairement ;

– pour parvenir à cette liberté solidaire, il faut mettre fin à toute forme d’aliénation des citoyens, quelque soit sa forme.

La personne qui désire savoir ce qu’est réellement l’autogestion peut commencer par connaître les expériences les plus significatives : la Commune de Paris de 1871, les soviets russes de 1905 et surtout de 1917-1921, les collectivités espagnoles (1936-1939), l’autogestion ouvrière et paysanne yougoslave, et celle algérienne, ces deux dernières avant leur mise sous contrôle étatique. Il reste encore à élucider si la révolte des esclaves, représentés par Spartacus, ne fut pas, à sa manière et toute proportion gardée, une forme d’autogestion.

Cette très brève mais essentielle présentation suffit pour comprendre :

– que les formes d’autogestion qui existent en Kabylie sont simplement des aspects partiels, mais importants et à développer de ce qu’est l’autogestion sociale généralisée ;

– que l’autogestion a effectivement existé en Algérie, juste après l’indépendance, puis durant le « Mouvement citoyen » de 2001 (qui n’est pas, répétons-le, kabyle, contrairement à la propagande officielle mais, aussi, à ce que déclare une certaine mouvance existant en Kabylie… Tiens ! Tiens ! Ils ont un point commun !) ;

– que l’autogestion ouvrière et paysanne n’a absolument rien à voir avec la prétendu « autogestion » décrétée par Ben Bella, ni avec les « réformes » décrétées par Boumédiène, ni avec son « souk alfellah » (marché de paysan), ni avec ses faillites économiques. Tout au contraire, les « décrets » de mars 1963, puis les réformes industrielles et agricoles de 1971 (la soi-disant gestion « socialiste » des entreprises et la « réforme » agraire) avaient éliminé toute forme d’autogestion au profit d’un capitalisme étatique dont on connaît les résultats désastreux.

Ceci étant brièvement dit, j’invite toute personne intéressée par l’autogestion à chercher sur internet. Si elle y consacre la patience et l’attention nécessaires, elle finira par s’éclaircir convenablement les idées, sans nul besoin de « maître à penser », ni d’ »expert », ni de mes articles. Il  suffit de savoir lire, de privilégier l’intérêt réel du peuple dominé et de réfléchir.

Amicalement au lecteur qui m’a interpellé.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Auteur
Kadour Naïmi

 




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