28 mars 2024
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Inédit. Yalla Seddiki revient sur son compagnonnage avec Matoub Lounès (I)

Yalla Seddiki

Yalla Seddiki est docteur en Lettres Modernes (Université Paris-Sorbonne–Paris IV). Ses recherches portent principalement sur les avant-gardes politico-artistiques.

Il a plusieurs fois travaillé avec Lounès Matoub pour préfacer ses disques et pour la traduction de ses poèmes. Il a traduit, annoté et postfacé le recueil de Lounès Matoub, Mon nom est combat (Paris, La Découverte, 2004). Il a coordonné un dossier de la revue Altermed consacré à Lounès Matoub. Avec le photographe Yazid Bekka il est le co-auteur de Kabylie, belle et rebelle (Paris, Non Lieu, 2006). Il est, par ailleurs, l’auteur de nouvelles fantastiques et de textes poétiques publiés en France dans différentes revues. Actuellement, il anime une émission culturelle sur Berbère Télévision. Pour la première fois, Yalla Seddiki livre, dans cet entretien en deux parties, un témoignage unique sur sa rencontre avec Lounès Matoub et le processus d’écriture de l’ouvrage « Mon nom est combat », édité chez La Découverte.

Le Matin d’Algérie : Quelle image gardez-vous de Lounès Matoub ?

Yalla Seddiki Quel ami pour ses amis !/Pour ses gens et parents, quel/Seigneur ! Quel/Ennemi pour l’ennemi !/Quel chef pour les intrépides/Et constants !/Quel jugement, pour les sages !/Pour les plaisants, quelle grâce !/Quel grand sens !/Bénin pour ses dépendants/Mais, pour les méchants hardis, /Quel lion !

De Lounès Matoub, je garde l’image de ce triste chevalier, qui – par la beauté de sa poésie et de sa musique, la singularité de sa vie saignée de périls incessants – a imprégné son époque et qui, si nous nous y prenons ainsi qu’il convient, pourra diffuser son heureuse influence sur les époques à venir. J’ai commencé ma réponse par la citation de ce grand poète espagnol, Jorge Manrique, lui-même guerrier, mort au combat contre les armées communément appelées « maures ». Le texte fut composé en l’honneur de son père. Le lecteur n’aura pas de difficulté à retrouver, dans ce poème du XVe siècle, l’esprit qui a animé la personnalité de Lounès Matoub et le rang qu’il a imposé à la postérité : « Mais, pour méchants hardis, /Quel lion ! ».

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De Lounès Matoub, je garde l’image d’une glorieuse figure qu’il faut insérer dans une lignée singulière. Je pense à cette couche d’individus si plein de l’orgueil de déplaire, exerçant pourtant une séduction sans pareil ; elle traverse la frontière au-delà de laquelle la beauté de l’art et celle de la vie se confondent et se dépassent dans l’expérience intense, mais mortelle, de l’éphémère. A fortiori quand, aussi appliquée à se mettre à l’épreuve du monde concret, ces gens se heurtent contre les obstacles de la réalité. Parmi eux, le premier à affronter sera celui de l’histoire dont l’avènement se confond pour eux avec l’émancipation des êtres.

Je garde le souvenir d’un homme imparfait, enclin à faire l’expérience d’une vie multiple et intense, fût-elle hostile à son intérêt. Mais je garde le souvenir d’un homme qui a su s’observer et observer ses contemporains de sorte que ses vices secrets et ceux des autres fassent l’objet d’une transposition poétique à même de fixer en objet esthétique et émotif les élans de l’esprit et du corps : « Miroir, je t’ai offert mon visage/tu le lapides de cicatrices», dit le poète. « Dressé pour affronter mon désir,/il exige de moi ceci : /son sang ou le mien/ c’est lui ou moi. » Le miroir aurait pu lui montrer un visage que le temps charge de grâce et de noblesse. Dans le reflet, dans cette excoriation répulsive, Lounès ne voit que la monstruosité qui fonde l’être. Et ce désir fait pour nourrir l’énergie à même de d’offrir l’épanouissement ne peut se réaliser qu’au prix d’un déchirement au cœur de l’individu, une rupture qui conduit le moi à la destruction. Et encore, ce texte, écrit en 1977, à l’âge de 19 ans, est une oscillation entre l’individu intime et l’individu faisant partie d’une collectivité. Dans la continuité de cette idée, je vois Lounès Matoub semblable au personnage d’Œdipe tel que décrit par Nietzsche dans ce passage que je cite souvent. C’est « un homme plein de noblesse, destiné, malgré sa sagesse, à l’erreur et à la déchéance, mais qui, par l’excès même de ses souffrances, exerce autour de lui une action magique bienfaisante dont la force est telle que les effets s’en font encore sentir après la mort. »

Mais, comme ce héros des temps modernes n’est pas seulement l’explorateur du gouffre intime, de Lounès Matoub, je garde le souvenir des Kabyles de 2001 qui ont porté l’effigie du grand poète comme l’oriflamme où se hissait haut l’espoir de leur émancipation. Une déscolarisation précoce, des tentations multiples en contradiction avec la discipline qu’exige l’accomplissement artistique du niveau atteint pour Lounès Matoub n’ont pas eu raison de sa volonté. Les rencontres, la lecture, son désir permanent d’innover, de « dynamiser » le passé pour qu’advienne l’utopie, son instinct critique et sa quête raisonnée de la liberté pour lui et les autres ont permis à Lounès Matoub de forger une vision cohérente de l’histoire. Avec ses évolutions, ses corrections, son projet politico-historique est sans ambiguïté. Établissement d’un État amazighe, que ce fût dans le cadre d’un État-nation, d’un État fédéral, voire de Républiques régionales ; promotion d’une société sécularisée dans le cadre d’une transmission des savoirs scientifiques et philosophiques ; émancipation des femmes ; constitution de nouveaux récits historiques pour la constitution d’un peuple amazighe, etc. : tels sont les principes autour desquels s’organise la vision politique de Lounès Matoub. Cette conception est faite pour diviser ce qui était faussement uni, et pour unir ce qui était faussement divisé. C’est pourquoi il faut prendre garde que, armée d’une critique sans repos, la pensée de Lounès Matoub ne perde sa charge négative par falsification et récupération.

Pourquoi avoir choisi spécialement de faire un livre sur Matoub Lounès ?

La réponse est à la fois aisée et complexe. Toutefois, puisqu’il faut une réponse précise, je dirai que Lounès Matoub fait partie des mythes de mon enfance.

Avant d’expliciter ma réponse et de l’illustrer de façon anecdotique, je tiens à exprimer l’espoir que les éléments que je vais vous fournir ne paraîtront pas superfétatoires à vos lecteurs. C’est que, que je le veuille ou non, depuis maintenant plusieurs années, mon parcours intellectuel et ma sensibilité sont liés à Lounès Matoub. Parce que j’ai travaillé avec ce dernier, parce que j’ai réalisé un travail plus important sur lui après son assassinat, et que, sous différentes formes, j’ai encore continué à évoquer ce haut personnage, ceux qui me connaissent créent une filiation qui me relie toujours à lui. Quelques personnes, parmi les nombreuses qui qui aiment Lounès, et qui ont entendu parler de mon travail, nous associent tous deux.

Cette association est parfois gênante car l’on voudrait que son propre travail soit visible en dehors de la sphère d’influence matoubienne ; l’on voudrait éviter que certains malveillants pensent qu’il s’agit là d’une source de récupération et d’un manque de projets individuels. Simplement, le travail sur Lounès est plus remarquable que d’autres. Cette mise au point étant faite, et pour en revenir à cette idée que, à l’initiative de ce projet, il y a le récit fondateur de mon imaginaire, le choix de travailler sur Lounès est, d’une certaine façon, déterminé depuis mon enfance.

Comment avez-vous découvert Lounès Matoub

J’ai découvert le travail de Lounès Matoub à la publication de sa première cassette Ay Izem.

Un de mes cousins, Salem (dit Mohand), travaillait à l’hôtel Tamgout à Yakouren. Nous sommes d’un village situé sur la route littorale qui va de Tigzirt à Delles. Retour à la maison, il ramenait les cassettes qui sortaient en France. Très peu de gens disposaient de magnétophones. Et ceux qui en avaient achetaient peu de cassettes. Quoiqu’il en soit, mon cousin fut le premier qui introduisit cette nouvelle voix dans le village, sans doute dans tout le voisinage. J’appris les poèmes chantés de cette première œuvre, puis celles des cassettes suivantes. Je les fis découvrir, en les chantant, à mes jeunes amis du village. Vous avez compris quel intérêt cela représente d’un point de vue sociologique. Dans un contexte où peu de gens disposaient d’outils de diffusion, j’étais, sans le savoir bien sûr, cet enfant-troubadour, continuateur de pratiques très anciennes. Bien évidemment, je n’avais pas alors les capacités critiques qui m’auraient permis de comprendre le soubassement anthropologique de mon activité portant sur la transmission d’un corpus poétique, donc d’un savoir, au sein de ma petite communauté de voisins et d’amis.

Mais alors comment l’enfant que vous étiez percevait-il la chanson de Lounès Matoub ?

Cette poésie était tout naturellement inaccessible pour un enfant de neuf ans. Des textes comme Tagrawla ou Ay Izem, avec ses références mytho-historiques à Jugarten, les néologismes aussi, ne me permettaient pas de percer la signification de cette poésie. Dans Ay Izem, la jeunesse de cette voix enrouée, si énergique après l’introduction faite d’une émotion retenue par Idir, me fascinait. Il y a avait aussi un élément visuelle qui m’intriguait beaucoup : c’étaient les jaquettes de ses cassettes. Plus qu’aucune autre, le premier choc visuel, je le reçus en voyant le travail effectué, par Miloud.J., sur le disque A ttwalliγ a ttwalliγ. Lounès Matoub y apparaît en cavalier (chevalier) numide qui vient porter secours à une femme symbolisant la culture amazighe. La femme tenait un livre auquel elle semblait attachée. Car, même dans cette situation de danger mortel, puisqu’elle était sous le risque d’être emportée par les flots, sa main serrait le livre avec fermeté. Il y avait bien sûr cette dimension fantastique qui entrait en résonance avec les contes pour enfants que j’aimais écouter. Le coursier de ce chevalier amazighe semblait marcher sur l’eau alors que la femme était soumise à la violence de l’univers, reflet tourmenté de la violence portée par l’histoire. Son livre, imprimé de caractères étranges (en fait tifinagh), ne pouvait lui service d’amulette protectrice. Vous voyez comment combinant des images visuelles, des images strictement verbales, des sons harmonieux et des sens mystérieux immiscés dans l’esprit d’un enfant, un imaginaire et une sensibilité se sont formés. Fort heureusement, ces récits et symboles confortaient l’amour que j’avais pour les paysages de mon enfance et de ma terre. Grâce, notamment à Lounès Matoub, avec une grandeur progressivement révélée, ils nourrissaient un esprit de liberté, l’esprit de notre liberté.

Comment passer de la découverte, du souvenir, à la réflexion autour de lui ? Et, surtout, que révèle la réflexion autour de Lounès Matoub.

Certes, il fallait bien passer d’un stade d’admiration contemplative à un questionnement sur les circonstances et la substance même de l’art porté par Lounès Matoub. Il faut aujourd’hui y ajouter ce que l’on ne peut faire autrement qu’appeler le mythe de Lounès Matoub : récit fondateur d’un parcours exemplaire, aux prolongements culturels et sociaux d’envergure. Il faudrait sans doute une langue qui pût à la fois combiner dans son approche, je veux dire de façon simultanée, la figure du poète, celle du chanteur et celle du militant devenue héros catalysant une énergie spirituelle et combative difficile à porter sur le terrain de l’analyse rationnelle.

Vous avez écrit « Mon nom est combat ». Comment est née l’idée de ce livre, racontez-nous les circonstances de sa naissance ?

Dans sa concrétisation, elle est le fruit d’une rencontre fortuite avec Lounès Matoub et d’un désir de participer à faire vivre et diffuser ma culture kabylo-amazighe.

Sans doute en 1991, je me trouve dans le magasin Sauviat, l’un des plus anciens disquaires installés à Barbès (peut-être dès les années quarante). Comme vous le savez, le dix-huitième arrondissement de Paris fut, des années soixante-dix aux années quatre-vingt-dix, le lieu qu’aucun artiste, qui voulait garder un tant soit peu de relation avec le public populaire, ne pouvait contourner. J’y ai habité quelques années, puis – en ceci pareil à des dizaines de milliers de nos compatriotes – j’y revenais pour le plaisir d’acheter les nouveautés de la chanson kabyle et les rééditions de musique chaabbi. Je me souviens encore d’une période, au milieu des années quatre-vingt, le samedi, où il y avait des chaînes très importantes. Elles étaient composées d’amateurs qui achetaient presque toutes les cassettes qui paraissaient. Certains acquéraient en double ou triple certaines productions introuvables en Kabylie ou d’une meilleure qualité sonore. Le niveau artistique était alors élevé. Il faut imaginer une période où, au même moment, étaient en activité des gens aussi différents que Idir, Takfarinas, Lounis Aït-Menguellet, Fahem, Ideflawen, Cherif Hamani, Hamidouche, Farid Ferragui, Amar Koubbi, Atmani, etc.

Après cette digression que j’espère instructive, permettez-moi de reprendre mon récit au moment où j’allais quitter ce disquaire. Lounès Matoub y entre à l’instant où je vais sortir. Je fais marche arrière en faisant semblant d’avoir oublié quelque chose. Je crois me souvenir que Lounès vient acheter des disques compacts vierges. Je comprends que c’est sans doute pour y enregistrer son travail car il se renseigne sur les outils qui permettent de préserver la meilleure qualité de son. Il se couvre de ce blouson trop grand pour lui qu’on lui voit porter sur plusieurs photographies. Boitant, il marche avec difficulté et s’aide d’une canne. Bien que maigre, il garde cet air de fierté et de provocation que nous lui connaissons. Le disquaire lui demande pourquoi il ne réédite pas ses anciens albums en compact-disque. Lounès Matoub prétend que ses œuvres ne sont sans doute pas d’assez grande valeur pour les exploiter avec la qualité de son propre au disque compact. Je reconnais mon indiscrétion puisque je fais semblant de regarder des cassettes alors que, en réalité, semblable à un personnage de Marcel Proust, j’espionne, impuissant, l’échange entre Lounès et le disquaire. Je suis agacé par la réponse de Lounès, mais je ne peux me mêler à cette conversation. J’eusse aimé, contre les propos qu’il tient, prendre sa défense.

Une fois qu’il a quitté le magasin, je suis quelques instants Lounès Matoub et je me décide à l’aborder. Il est accompagné de deux amis. Je discute avec lui quelques minutes et lui demande pourquoi il a prétendu devant le disquaire que sa musique n’était pas suffisamment bien faite pour être reportée sur le support numérique. Je crois me souvenir qu’il m’a donné une réponse évasive. Je lui demande si son prochain disque s’appelle, comme la rumeur le dit, Démocratie. Il me répond que ce n’est pas le titre, mais qu’il pense en avoir trouvé un très intéressant. Ce sera Regard sur l’histoire d’un pays damné. Alors très timide, sans doute un peu tremblant, je sors insatisfait de cette rencontre. Et quelques secondes après notre séparation, je conçois l’idée d’une anthologie composée de ses poèmes. Je me rappelle alors que, la première fois que j’ai tenté d’écrire quelque chose de personnel en français, c’était pour traduire Idurar n Jjerjjer et A lh’if yuran, excellent disque de 1979, d’une belle inspiration à la manière de Lh’esnaoui, avec le très bon bonjo de Sid Ali. Je me suis alors lancé dans ce projet, choisissant seul les textes et les traduisant. Grâce à la famille Guellil, alors producteurs sous la marque, si importante pour la musique kabyle, Triomphe-Musique, j’ai transmis mon manuscrit à Lounès Matoub.

Quelle a été la réponse de Lounès à la proposition ? A-t-il fallu le convaincre ?

Comme il ne m’a pas répondu, je suis allé le voir dans son village, au moment où est sorti Hymne à Boudiaf. Il a vivement critiqué ce travail en disant qu’il manquait de précision et de justesse dans les traductions. Ce sur quoi il avait bien raison. Il ajoute que, pour l’heure, il ne veut pas de ce travail, ni d’aucun autre. Toutefois, entre deux «Je ne suis pas chaud, Sdiqi» et «Sdiqi, je ne suis pas chaud», nous sympathisons. Il nous parle – à mes deux accompagnateurs et à moi – du premier souhait qu’il avait eu de faire un duo avec Ferhat Mehenni sur le titre Communion avec la patrie ; de sa souffrance face au comportement de tel poète à son égard après la tentative d’assassinat dont il fut victime en octobre 1988. Il était conforme à l’image que nous étions faite de lui. Il était colérique et sage ; brutal et bienveillant, franc et subtile. Le hasard nous a fait nous rencontrer quelquefois. En 1994, Triomphe-Musique prépare la réédition en CD de Communion avec la patrie. Comme Mohamed et Zoulikha Guellil veulent faire cela rapidement, ils me font l’amitié de me demander si j’ai les traductions de ces textes. En réalité, leur bienveillance à mon égard est déterminante. Ils comprennent que c’est l’occasion de créer un lien professionnel avec Lounès. Pour éviter un revirement, aussi bien de mes amis que de Lounès, j’ai prétendu que les traductions étaient déjà prêtes. Je réalise très rapidement le travail et le transmets au poète, mais sans le voir. Il corrige un peu, puis valide le tout. Hélas, j’ai perdu les observations de Lounès. Mais, pour l’information de vos lectrices et lecteurs, le texte de présentation du disque, est, en réalité, écrit pour partie par moi et pour partie par Lounès. J’ai un peu adapté les éléments de Lounès pour garder une cohérence dans le style. Mais c’est un texte écrit à deux.

Puis en 1995, cependant qu’il va préparer l’enregistrement de Tiγri n yemma, il passe à Triomphe-Musique et, une nouvelle fois par hasard, je m’y trouve. Il ne sort pas de sa voiture car il est pressé. Il me reconnait et me fait signe d’aller le voir. Après quelques échanges polis, il m’explique qu’il prépare un nouvel album. Il me demande si je veux toujours travailler avec lui. Je suis impressionné par la question et le ton direct, mais je feints de ne pas être très heureusement affecté par cette proposition. Vous allez voir de quelle façon, ensuite, l’idée du livre renaît de ses cendres.

Une fois que nous avons terminé les traductions de cet album, Lounès me parle d’un projet qu’il voudrait réaliser en plusieurs mois. Il s’agissait de d’enregistrer une dizaine de disques principalement composés de ses anciens poèmes chantés. Grâce à son expérience de la musique et de la maitrise du travail en studio, il voulait leur rendre une nouvelle jeunesse en corrigeant les défauts qu’il y a progressivement repérés. Comme il était en permanence en train de créer de nouvelles compositions et de nouveaux poèmes, il a abandonné ce projet.

Il me proposa alors de reprendre le projet initial du livre. Il m’expliqua que l’heure était venue de porter ensemble un grand projet et qu’il fallait faire un livre qui se distinguait des autres. Sauf erreur de ma part, sans doute en février 1996, nous avons choisi les titres. Lounès, sollicité par ses projets et les problèmes importants tant dans sa vie privée que sa vie publique, je me suis mis à travailler lentement sur le livre. Lorsque nous nous sommes vus pour la dernière fois, deux jours avant son retour fatal en Kabylie, peut-être le 10 ou le onze juin 1998, nous avons pris rendez-vous pour y travailler de façon rigoureuse en septembre 1998. Comme vous le savez à présent, je ne devais jamais revoir Lounès Matoub. (A suivre)

Entretien réalisé par Hamid Arab

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