25 avril 2024
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L’Algérie est-elle l’otage d’un Président inoxydable ?

REGARD

L’Algérie est-elle l’otage d’un Président inoxydable ?

Un énième mandat se profile à l’actuel président Bouteflika. Le sujet relève plutôt du brigandage politique. Le pays est en stand-by, la démocratie est plus que jamais envoyée aux calendes grecques.

Endolorie, ployée, blessée…l’Algérie peine à refermer ses plaies béantes qui ne demandent qu’à être embaumées. Elle a beaucoup souffert, et souffre encore de la bêtise humaine de Abdelaziz Bouteflika et de ses semblables, qui l’ont mise à plat.

Deux décennies se sont écoulées, et l’Algérie de Bouteflika tant promise et promue n’a pas vu le jour. La division est la devise de ce régime.

Cet homme énigmatique, que la stabilité de son pays obsède au point de défier l’usure du temps, en est convaincu : les Algériens ne sont pas encore mûrs pour le changement. Une certitude discutable, qui dissimule une angoisse bien réelle : celle de devoir un jour quitter le pouvoir…Mais, il semble que son entourage n’est guère prêt de le laisser quitter le « fauteuil », cloué au pilori au même titre que le bas-peuple.

La situation du pays s’apparente à la scrutation de l’horizon depuis la proue d’un navire encalminé en pleine mer. Rien ne bouge. Nada ! Et de cette uniformité naît un insondable ennui généralisé, où les Algériens fuient leur terre natale comme une eau qui coule du robinet. L’encéphalogramme du comateux « Président » n’inquiète aucunement l’escouade du palais El-Mouradia, laquelle est plutôt attachée à préserver leurs intérêts occultes et ceux de leur entourage.

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L’approche à grande enjambée des élections présidentielles, prévues pour le 18 avril 2019 ne dérogera pas à la règle. À ce constat désespérément terne, les inamovibles partis de la coalition et des pseudo-opposants commencent déjà à s’émoustiller, donnant ainsi du crédit à ce régime habitué à ce genre de rendez-vous qui, en fait n’est autre qu’un examen de routine.

À peine une brise à la surface des eaux dormantes, tant la campagne est ici une pure formalité, et les perspectives d’alternance au pouvoir, aussi ténues que fussent les chances (ou les risques) de voir l’hôte du palais d’El-Mouradia renoncer à briguer sa propre succession.

Durant le règne de ce dernier, l’égalité des citoyens n’a jamais était aussi bafouée, la paix étant devenue aussi un ultime chantage pour rester au pouvoir. Au début du règne de Bouteflika, les prix du baril de pétrole lui étaient favorables. Ce deus ex machina a su en profiter de cette manne pétrolière pour asseoir son hégémonie doucement et sûrement.

Par ailleurs, son règne s’essouffle au fil des mandats à telle enseigne que son propre pays est devenu la risée du reste du monde. L’Algérie semble avoir raté l’ascenseur économique tout en refusant de prendre l’escalier démocratique pour s’accrocher au train du développement.

La politique « bouteflikienne » qui s’arcboute sur la division, la médiocratie, la corruption a fini par étouffer la population. Cette dernière s’est résignée à son sort, recluse à un mutisme ahurissant.   Au demeurant, l’Algérie de 2019 se résume à un fatras de slogans aussi tristes qu’ils voudraient être sublimes. Plus tu es corrompu, plus tu deviendras riche ; plus tu es inculte, plus tu deviendras important dans l’échiquier politique ; divise et tu tromperas le commun de la plèbe. Voilà l’idéal de ce régime !

Pas surprenant qu’un président octogénaire, tombé dans un engourdissement intellectuel n’arrivera nullement à dissiper sa légendaire torpeur à la veille des élections. Ce président valétudinaire est simplement mis en « off », « out of order », pour ne pas dire « hors service ». Et pour le plus grand malheur l’Algérie, il s’avère toujours après 20 années de règne pathologiquement incapable de faire son requiem politique, pour libérer le peuple, otage de son silence.

Entre ces silences répétés, ces errances économiques et ces dévergondages de gestion, le pays de Abane Ramdane se meurt lentement. La démocratie progresse partout en Afrique.

Pourtant, de vieilles habitudes persistent dans plusieurs pays : dans l’indifférence internationale, des chefs d’État manipulent sans vergogne la Constitution pour prolonger leur règne. Ces « Highlanders » sortis des urnes semblent être inoxydables en raison d’une infernale accumulation de handicaps.

L’Algérie est prise en otage depuis un deux décennies par un président qui règne sans alternance en jouant avec la Constitution au gré de ses caprices. La crise politique qui enflamme actuellement le pays a-t-elle une issue ? Dans un pays où 75 % de sa population est composée de jeunes, il est donc possible de naître et de mourir en ayant connu qu’un seul président.

Si la fraude est souvent au rendez-vous, tantôt décriée, tantôt édulcorée, l’image du pays reste et sera toujours écornée. Les élections qui fragilisent les pouvoirs africains, sans les menacer vraiment, sont autant de gages que le Sud donne au Nord.

Les parodies démocratiques qui se jouent en Algérie constituent souvent pour les pays occidentaux le signal attendu pour réaffirmer leur soutien indéfectible en contrepartie de concessions tacites et de marchés licites. Peu importe le flacon, semblent dire les grands donateurs internationaux, pourvu qu’on ait l’ivresse, même frelatée, d’un ersatz de démocratie. Dans l’histoire du monde, chaque civilisation comme chaque pays ont connu des hauts et des bas.

L’Europe a rebondi après les deux guerres mondiales, les États-Unis suite à la guerre civile et au racisme, l’Asie et l’Amérique latine après le colonialisme, les dictatures et les troubles politiques. Pourquoi l’Algérie n’arrive-t-elle toujours pas à se défaire à s’arrimer au bateau « démocratie » ?

Au demeurant, le prochain scrutin ne changera rien à la donne. Que des Benflis, Louiza Hanoune, Général Ali Ghediri, Mokri…dont certains confirment leurs candidatures et d’autres ne l’ont pas encore corroboré, il reste néanmoins que ces élections ne renforceront ni la paix, ni la stabilité et ne changeront pas le quotidien du citoyen lambda. Ainsi, l’Algérie est-elle condamnée à demeurer un « État sans avenir » ? Un bateau sans commandant ?

Pendant ce temps, on assiste à une dégradation généralisée des droits de l’homme, érosion du pouvoir d’achat, inflation galopante, chômage endémique, fuite des cerveaux…il n’est pas sans intérêt de rappeler au préalable qu’être citoyen signifie justement posséder le droit, sinon le privilège de participer librement à la vie de la communauté politique à laquelle on appartient.

Cette participation se fait d’abord par la discussion avec les autres membres de la collectivité pour déterminer les paramètres du bien commun parce que le dialogue fondé sur la tolérance, le respect et l’empathie permet de concilier davantage les intérêts individuels et l’intérêt général dans l’esprit d’une coexistence harmonieuse et pacifique.

In fine, tout cela fait penser que ces desiderata s’apparentent plutôt à une quête de Graal tant le peuple est inscrit aux abonnés absents. Les Algériens sont-ils responsables de leur malheur ?

Auteur
Bachir Djaider, journaliste et écrivain

 




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