24 avril 2024
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L’attente d’un Bidpaï en Algérie !   

Chroniques du temps qui passe

L’attente d’un Bidpaï en Algérie !   

Dans la genèse de Kalîla et Dimna, Denis Lopez  nous dit que l’importance de la question du rapport entre le sage et le politique dans  Kalila et Dimna provient de l’histoire même de la genèse de cette œuvre qui fut  rédigée par Bidpaï pour répondre à des questions spécifiques relatives à l’art de gouverner. Cette composition remonte, d’après l’une des trois  introductions  aux fables, à un contexte historique précis, celui de l’accès au gouvernement  de l’Inde d’un mauvais roi, Debchelim, qui a succédé à un gouvernant placé  par Alexandre le grand après la conquête du pays. Le règne de Debchelim  inaugure une période marquée par l’injustice et le mépris des sujets. Face à cette situation, le sage Bidpaï décide d’aider ses compatriotes et de les sauver  des injustices commises par le tyran. Cette démarche consistant à aller voir le   roi pour lui donner certains conseils définit le principe fondamental qui régit   la relation entre le sage et le politique dans Kalila et Dimna, et nous permet,  d’emblée, de problématiser le rapport entre sage et politique autour de la  manière dont le sage conçoit son statut social et politique…..(Le pouvoir et ses écritures [Texte imprimé] : études réunies par Denis Lopez)   

Après cette introduction, je continue  mes idées  à  la manière d’Ibn al Muqaffa dans Kalîla oua  Dimna. La crainte est nécessaire à la survie des hommes. Elle leur permet de simuler un danger qui menace leur bien-être et parfois leur vie. Ce danger peut être la perte d’un trône, d’une position, d’une maîtresse protectrice ou tout simplement la perte de la besace vide mal accrochée à leurs cous. Les politiciens savent que l’état d’inquiétude est le meilleur moyen de convaincre les citoyens prudents à accorder leur soutien inconditionnel sous leur gouvernance… La crainte de ne pas trouver un sac de lait est-elle nécessaire à la survie  des hommes ? La crise de lait ensaché est liée au manque de Bidpaï  chez nous.

Le manque de Bidpaï me fait rappeler une anecdote politique: un militant d’un parti dont je ne peux citer le nom trouva la clef du succès dans son parti. Il se dirige vers le boucher et acheta une queue de mouton bien grossie et la conserva dans son frigidaire. Avant chaque réunion avec son chef de parti, il s’en servait pour se graisser les moustaches. Ses moustaches bien cirées lui donnent l’air d’une personnalité politique très importante revenant d’une fête où elle avait mangé bien gras. Un beau jour, le fils du pauvre militant annonça la mauvaise nouvelle à son père quelques minutes avant sa réunion avec son chef de parti. L’enfant dit: «Papa ! J’ai ouvert la porte du frigidaire pour chercher un peu de lait. Le chat a sauté dans le frigidaire et  a emporté la queue de mouton avec laquelle tu graisses tes moustaches avant chaque réunion politique dans ton parti. J’ai tenté de le poursuivre mais il s’est évadé!». Depuis, le ventre creux de ce pauvre militant maudit les moustaches maquillées de graisse politique pas chère et milite pour un sac de lait.

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En état d’excitation, certains chefs de partis politiques acceptent tout et sans aucune réserve. Ils acceptent même la perte de leur dignité et celle de leurs militants sous prétexte de préserver un état excité qui protège les intérêts de ceux qui les ont balancés. Dans le passé,  les politiques se sont toujours donné des fins positives pour justifier leur existence dans le pouvoir: l’égalité, la justice, la révolution et le militantisme humanitaire.

Aujourd’hui, les enfants de Debchelim montrent leurs dents et hurlent tout haut quand leurs intérêts ne sont plus garantis et tirent rapidement la fermeture éclair de leur bouche quand ils sont bien servis par le système. Les dents solides de la fermeture éclair les fait durer dans le pouvoir et justifie leur existence. L’amour en politique est passager et la crainte de perdre un rang politique ou un privilège longtemps gardé donne l’ivresse politique. La tête pensante des redresseurs «Flnistes» était un ami fidèle du secrétaire général de ce parti quand les fermetures éclair étaient bien tirées. Ils serraient les dents et souriaient en publique mais cette amour politique n’a pas duré longtemps. Dans les pays démocratiques à la glasnost, la solidité de cette fermeture éclair est dictée par la crainte de retourner à l’état fondamental. En physique, l’état fondamental d’un système est l’état de plus basse énergie. Tout état d’énergie supérieure à celle de l’état fondamental est un état excité. Aujourd’hui le FLN vit un état politiquement excité. Sa peur de perdre le pouvoir est un état fondamental par contre son amour pour rester au pouvoir est un état excité. Machiavel a très bien exprimé ce principe « Puisque l’amour et la peur peuvent difficilement coexister, si nous devons choisir, il est préférable d’être craint que d’être aimé». Il me semble que les « FLN-istes » sont du même avis que Machiavel.

Un « Flnist » redresseur pense que la vie politique sans jouissance de liberté d’expression et d’opinion dans son parti est une vie de bête malheureuse attendant la mort lente dans une écurie bien gardée et mal entretenue par des fermiers maladroits. Certes, la vie des militants peu politisés est très différente de la vie de ces malheureuses créatures mais elle est pleine d’inquiétudes et d’angoisses politiques similaires.

Nos grands-mères n’étaient pas élevées dans le machiavélisme. Elles nous racontaient des histoires pour nous faire dormir et oublier la faim. Les dessins animés de ce temps ne valent pas les histoires de nos grands-mères dans le bon vieux temps. Dans leurs contes elles utilisaient les animaux. Elles savaient que les animaux sont de très bons outils didactiques pour faire comprendre à leurs enfants la leçon des batailles pour le pouvoir.

Les nuits d’hiver étaient longues et froides. Les contes de nos grands-mères réchauffaient nos cœurs et animaient nos esprits. Elles éclairaient le temps des nuits et nous rendaient très heureux. Les contes nocturnes nous donnaient espoir et nous enseignaient morale et comportements dans notre quotidien.

Notre conte préféré était l’histoire de l’ile des animaux maladroits. D’après nos grands-mères, cette ile se situait au cœur de l’Océan Indien. A travers leurs contes, on imaginait que cette ile était très riche, très jolie et extraordinaire comme endroit de vie pour les rois et les enfants des rois. Les animaux de cette ile étaient adorables, honnêtes et ne connaissaient pas les chemins du mensonge. Ils ne s’intéressaient guère à la politique et ne prêtaient jamais attention aux idées de leur roi.

Se référant aux chroniques de cette île, nos grands-mères nous racontaient la conséquence de l’inquiétude de l’âne solitaire dans l’histoire des animaux parlants sur l’ile des maladroits. Une inquiétude qui prévoit un lendemain plein de fardeaux de bois épineux et des tonneaux d’eau trop lourds à transporter sur son dos courbé par les malheurs du temps. Une inquiétude qui zoome son imagination de bête innocente vivant dans un royaume devenu trop impuissant. Une bête qui unit l’image d’une réserve d’orge importée du Canada à l’image d’une besace bourrue d’indignité qui s’accroche à son cou. Le contenu de cette besace est très insuffisant pour apaiser sa faim après un dur boulot aux champs. Les pénibles voyages quotidiens étalés sur plusieurs aller-retour de la source à son étable usent ses sabots et abiment son dos.

L’âne solitaire avait comme amie une jument. Une jument, blonde, belle, élégante et très intelligente. Un jour de printemps, la jument demanda ce solitaire au mariage. L’âne austère et isolé ne prenait pas au sérieux ce deal bien attirant. Il voyait qu’il n’était pas prêt pour fondre un foyer. Sa besace n’était pas trop pleine pour la partager avec une épouse de haute classe, une jument issue d’une famille de chevaux aristocrates bien connue dans la région. N’admettant pas que ses futurs enfants soient mulets, il demanda à sa copine de lui laisser un peu de temps pour réfléchir et dialoguer avec sa conscience les conséquences de ce mariage exceptionnellement important. La réflexion et la conscience dans le temps ne sont pas monnaie courante dans le monde les ânes de chez nous.

La jument, animal à vision étroite guidée par des œillets, voyait ce solitaire très intéressant. Elle insista à l’avoir comme époux. Les circonstances de cette jument cachaient le refus héréditaire d’accepter des petits enfants mulets dans une famille de chevaux forts et puissants. Le dialogue avec sa conscience à propos de l’avenir des enfants mulets n’était ni nécessaire ni sérieux. L’égoïsme aveugle et le désire animal nient le futur des enfants.

Après réflexion et dialogue avec sa conscience, l’âne mesura son inquiétude et accepta sans condition ce mariage incroyable mais intéressant. Le fermier dispensa le solitaire des voyages vers la source. Comme cadeau de mariage, il lui offrit un bon tissu en cachemire indien pour couvrir son dos usé par les lois injustes de travail appliquées dans la ferme sans son consentement. Après ce mariage d’affaire, l’âne solitaire devint l’âne éduqué responsable des affaires externes d’un monde animal dans un petit état au sein du grand Etat. Il obtint un certificat de bonne conduite et fut reconnu comme descendant d’une noblesse chevaline très ancienne et importante dans la hiérarchie des animaux de ce petit état.

Le roi n’était pas au courant des combines mais apprit cette nouvelle. Il réunit un conseil animal de sages et confirma l’âne solitaire dans ce poste créé pour cet âne devenu très important. Il devient représentant des chevaux de race dans une écurie officiellement étrangère au lion et aux animaux du roi. La jument, très contente de cette nomination donna un nouveau non à son mari âne. Elle le surnomma Monsieur Poulain Etalon représentant officiel du roi.

L’âne solitaire changea de comportement et d’allure. Il ne pensa plus au boulot puisque sa besace changeait de volume avec le temps. Il devint penseur et philosophe dans la fondation des chevaux de course présidée par sa femme jument.

Une année plus tard, la jument donna naissance à un adorable petit mulet. C’est dommage, ce mulet ne pourra jamais suivre l’itinéraire de son père ! La nature impose ses lois. Les animaux n’étaient pas trop contents de ce résultat. Ils dénoncèrent les contrats secrets liés à ce mariage non conventionnel dans leur petit état.

Comme tout leader, ce lion rodé par les querelles des rois, avait comme collaborateurs des tigres, des sangliers et des aigles. Ses conseillers étaient des chacals, des renards, des chèvres et des brebis. Le chacal était l’ingénieur de ce mariage supposé non conforme aux coutumes et aux lois qui font ordre dans l’ile des maladroits.

Simples d’esprit, les animaux de cette ile disaient tout haut ce qu’ils pensaient et le roi était très content de la situation comme tous les rois. La démocratie animale était un mode de vie sur cette ile calme au milieu des vagues furieuses de l’Océan. Les informations venues de cette petite ile, isolée dans l’océan, dévoilaient qu’une grande partie des animaux adorait le roi mais la majorité écrasante haïssait son entourage. Un entourage qui ne représentait ni les animaux ni sa majesté le roi.

Un beau jour, un des conseillers du roi, le magicien redoutable, chacal tapageur de haute gamme, raconta au roi un rêve un peu bizarre. Il voyait une pluie porteuse de virus inonder l’ile du roi. Ce rêve fut interprété et discuté dans la chambre des élus animaux en présence du représentant officiel du roi.

Sa majesté le roi faisait confiance aux élus qui témoignaient que ce chacal était un expert un peu informé des troubles qui perturbaient les souks mondiaux des bestiaux. Il avait une grande expérience dans l’évaluation des réserves des eaux usées qui inondaient les écuries du Pérou, du Venezuela et peut être même les écuries du Bénin après le départ des animaux français. En plus, tout le bois de la forêt, le bois qui servait à l’éclairage et au réchauffement de l’ile, était contrôlé par ce chacal.

Après un voyage de travail chez ses copains animaux dans une ile dans l’Océan Pacifique, ce tapageur conseilla au roi de stocker une quantité d’eau potable. Une capacité d’eau suffisante pour sa majesté et son entourage. Abracadabra, « hogna-loulou » ici et là-bas, en présence d’un vieux loup et d’une jeune poule espagnole, convainquit sa majesté le lion.

Il démontra par un schéma très confus dessiné sur du sable cendré importé de Jérusalem que cette pluie pouvait attaquer la mémoire et rend tous les animaux de cette ile maladroits. D’après sa magie, tout animal ayant pris une gorgée de cette pluie perd sa mémoire et devient un peu menteur et maladroit. Le lion, accepta cette proposition supportée à patte levée par les élus animaux. Il ordonna aux chèvres et aux brebis de construire un immense réservoir pour stocker l’eau de réserve selon le schéma grossièrement préparé par le chacal expert en choux et en anchois.

Les animaux de l’île n’étaient pas informés car les téléphones arabes n’existaient pas dans cette ile à ce temps-là. La masse animale, prise au dépourvu par cette pluie, s’abreuva de cette eau sans faire attention. Elle changea de comportement et se révolta contre l’entourage animal du roi qui est devenu, selon elle, soudainement un peu maladroit. Le roi était au pèlerinage lorsque cette pluie tomba. Il apprit les effets par télégramme envoyé par la chèvre qui contrôlait la foi. Le lion lança son dernier caillou sur Satan et se précipita en hâte vers son ile pour apaiser les esprits d’un peuple supposé devenu maladroit.

Les habitants demandèrent au roi de chasser de son entourage les politiciens jetables, les gauches, les louches et les by-passeurs des lois qui sont devenus subitement maladroits. Sa majesté le lion, très adroit comprit très vite la combine de certains loups et sangliers qui voulaient jouer le rôle des rois. Il nettoya d’un coup de balai tout son entourage qui était réellement maladroit. D’un coup de patte bien mesuré, il renversa la réserve d’eau maudite en mer et demanda aux animaux de choisir librement leurs représentants de droit. Sa majesté le lion, ordonna aux tigres de punir ce sacré chacal et de le poursuivre en justice en appliquant la règlementation de la jungle élaborée par les animaux forts en matière d’ordre et droit.

L’ile retrouva son ordre, son calme après le bon débarra des maladroits. Sans aucun doute le roi avait bon cœur, il aimait les habitants de son l’ile. Il prit un verre de l’eau de pluie pour célébrer la fête avec ses animaux et évita d’être taxé de maladroit. Il avait bien compris les comportements bizarres des maladroits, c’est la raison pour laquelle il avait renversé l’eau maudite dans les eaux de l’océan.

L’île à une longue histoire et ses habitants sont de braves animaux. Leur courage fait preuve d’honnêteté et de foi. Les animaux manifestèrent pacifiquement balai en main pour justifier leur joie après ce coup de balai longtemps attendu par les animaux très adroits. Ils coururent les rues de l’île et hurlèrent à haute voix : Les travaux dans l’ile achevés par sa majesté méritent reconnaissance certifiée, considération et respect. Certains animaux crièrent vive le roi et la majorité hurla avec férocité de bêtes sauvages abat l’entourage du roi.

En conclusion: A travers les contes de nos grands-mères nous avons appris que la peur dans le cœur des gens les abat et les bonnes paroles les confortent. Les paroles sincères font oublier les rancunes des temps durs et froids. Dans l’attente  d’un  Bidpaï en L’Algérie, les cœurs algériens ont besoins de bonnes paroles. Nous demandons à nos politiques de desserrer les dents, sourire, laver leurs moustaches et chanter les paroles du célèbre guitariste américain «Quand le pouvoir de l’Amour dépassera l’amour du Pouvoir, alors le monde connaîtra la Paix.». Enfin, Dieu va nous aider à nous aimer les uns et les autres dans le vaste honneur de notre patrie. Plus de Bidpaï en Algérie  mais  l’amour pour l’Algérie  va nous permettre de serrer nos rangs pour bâtir une Algérie prospère, tolérante et forte.

Auteur
Omar Chaalal

 




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