25 avril 2024
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Le monde nanti, l’Afrique et les cimetières comme frontières

Le drame de « L’Aquarius »

Le monde nanti, l’Afrique et les cimetières comme frontières

Le bateau transportant quelque 600 Africains s’est vu fermer les ports de cette Méditerranée que l’on dit berceau de la civilisation.

Il est vrai que les terres qui longent cette mer ont été labourées par tant de civilisations qu’on reste à la fois sidéré et impuissant devant pareille tragédie. Cette méditerranée qu’un certain Ulysse traversa de long en large avant de retourner dans sa Grèce natale légua au monde une certaine vision à la fois tragique et poétique/mythologique de la condition humaine. Pour avoir oublié cette vision-là et transformé cette mer en cimetière, le monde fabrique un avenir pas très gai. Comme le futur n’est jamais écrit d’avance, il n’est pas inutile de s’attarder quelque peu sur le passé/présent de notre monde pour ne pas mourir idiot en cas de malheur. Si le phénomène migratoire actuel a pris une certaine ampleur, il y a de multiples causes que certains rangent dans les stocks des ‘’souvenirs’’ qu’il ne faut pas remuer.

Disons-le tout de go l’Histoire de l’Humanité est une histoire de migrations. Cette vérité n’est pas partagée par ceux qui baignent dans le mensonge et se défendent en vomissant leur haine sur ces parias de notre époque.

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Pareil phénomène aujourd’hui a pris des dimensions qui ébranlent des pays qui ont construit en grande partie leur richesse et leur puissance en exploitant la force de travail et le sous-sol des parias d’hier et d’aujourd’hui. A cette exploitation  se sont ajouté des considérations politico-stratégiques pour maintenir le statut des gendarmes du monde. C’est pourquoi des pays ont été dévastés comme l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye.

Des pays qui sont certes, loin de là, des modèles de démocratie, mais dont les populations n’ont pas à payer pour le régime de leur pays ni pour leurs richesses ou leurs positions géostratégiques. Les États qui sont à l’origine de la transformation de ces pays en territoires lunaires, on ne les entend pas faire leur mea-culpa.  En revanche ils ferment leurs portes aux victimes de cette tragédie. Les autres pays d’où proviennent ces parias sont essentiellement  africains. La raison qui pousse ces émigrés à jouer leur vie à la roulette russe, c’est évidemment la misère physique et le manque d’oxygène dû à l’étouffoir de régimes autocratiques et policiers. Ainsi les peuples de ces pays paient tout à la fois la mondialisation économique et le néocolonialisme que servent servilement des pouvoirs ‘’autochtones’’  incompétents, donc incapables d’assurer la fameuse phase du ‘’décollage’’ économique de leur pays.

Souvenons-nous des tambours de Jéricho qui annonçaient la fin de l’histoire par la grâce du capitalisme triomphant et de la démocratie indépassable, oubliant au passage que l’Humanité n’a jamais arrêté d’inventer des systèmes pour mettre fin à l’arrogance des castes qui croient en l’éternité des choses, sous entendu la leur…

Arrêtons-nous un instant sur cette mondialisation présentée comme le nouvel horizon pacifique du développement qui va mettre fin au règne de la guerre. On oublie de signaler que cette mondialisation née dans le giron de la première puissance économique, elle l’imposa au reste du monde pour des raisons évidentes : suprématie du dollar qui colonisa le système bancaire international lequel sera soutenu par une fourmilière des bases militaires dans le monde. Tout allait bien pour les USA et leurs alliés du même monde. Avec le temps, de petits grains s’accumulaient dans la machine jusque là bien huilée. Les petits grains deviennent de gros cailloux qui faisaient grincer la dite machine. Et là, comme dans le jeu des casinos, le maître du monde dit d’une voix de stentor, rien ne va plus.

On assiste alors à un paradoxe singulier, les USA champions toutes catégories du libre-échange élèvent une muraille de taxes douanières alors que ‘’l’Empire du Milieu’’ saute allègrement par-dessus sa vraie muraille de Chine en vantant la liberté de commerce. Que ceux qui chantent la ‘’chanson de Roland’’ du libéralisme devraient ranger leur naïveté dans un coin du cerveau.

Tant que la mondialisation lui allait comme un gant, le ‘’maître’’ du monde laissa son bolide franchir toutes les frontières visibles et invisibles. Arrogant et sûr de lui, ce maître n’a pas vu venir et grandir des concurrents appelés pays émergents. Quand il s’aperçut que le monde obéissait non pas à ses lubies mais à la dynamique de l’histoire, il sortit de sa besace la vieille loi du plus fort contre ses nouveaux concurrents. Comme cela ne suffisait pas, il s’attaqua à cette Europe dont il est historiquement le fils. Ah l’Europe, une belle idée mais combien naïve ! Les pères fondateurs de cette union européenne étaient habités et motivés par une haute idée pour empêcher la guerre en s’appuyant sur le Politique. Mais très vite les ‘’amoureux’’ des fameuses lois du marché et du culte de la finance prirent le pouvoir en considérant que les notions de peuple, d’histoire, de culture étaient des balivernes à ranger dans des musées. Résultat des courses, au lieu de conjurer le danger de la guerre des pères fondateurs, ils ouvrirent un boulevard pour les forces réactionnaires.  Certains sont au pouvoir (Hongrie, Autriche et Italie), d’autres rêvent en attendant le moment pour accéder au pouvoir.

Pour avoir oublié des noms comme Peuple et Histoire, fruits du temps, pour les avoir remplacé par des mots comme consommateur et finance qui se volatilisent avec la mode du moment et à la moindre bourrasque sur les marchés (bourses) de la finance, ce monde va droit au mur lentement. Et entre temps, hélas, ce sont les plus faibles à l’intérieur des pays riches qui paient la note et que l’on essaie de les soulever contre les parias du reste du monde. Et quand le monde est devant un mur, l’histoire, toujours elle, nous enseigne que la porte de sortie c’est la Guerre…. Ou bien c’est la Révolution murmurent certaines voix. Mais là, c’est une autre histoire. Hélas ce mot a disparu du langage de certains mais pas de la langue, enfant à la fois de l’Histoire et du peuple qui la parle.

Encore une fois hélas, pour l’heure, on se souvient du discours de Trump qui a dit qu’avec lui c’est le peuple qui entre à la Maison Blanche. Trois fois hélas, quand c’est cette même personne qui construit un mur avec le Mexique et sépare les enfants de leurs pères et mères. Oui le monde marche sur sa tête.

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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