23 avril 2024
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Le piège du snobisme littéraire

Conseil de lecture aux jeunes

Le piège du snobisme littéraire

Deux œuvres célébrissimes, un même personnage, mais deux transpositions de la légende totalement différentes. Cela me permet de présenter deux conseils radicalement opposés pour des œuvres censées, toutes les deux, être très difficiles. L’une, absolument incompréhensible, relève du snobisme des « experts ». L’autre est injustement considérée comme inaccessible aux jeunes alors qu’il faut absolument la leur recommander.

Commençons par la première.

Il ne s’agit pas dans ce premier volet de la présentation d’une œuvre proprement dite mais d’un avertissement.

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Lorsque vous êtes en scolarité, vous ne risquez rien, les professeurs ont cette mission de faire aimer et analyser la littérature. Comme ils sont intelligents et ont un programme (plus ou moins libre), le choix se porte toujours sur de grands auteurs.

Or, tous ces grands vous sont accessibles si votre niveau de français est suffisant. Pas la peine d’être le premier de la classe. Mais lorsque vous commencez à sortir du réseau d’instruction, vous risquez de rencontrer des margoulins, comme il y en a toujours, pour nourrir leur pouvoir sur les autres.

Et l’une des œuvres les plus mondialement connues pour être un piège à gogos est Ulysse de James Joyce.

Depuis quarante ans, pour ce qui me concerne car l’œuvre a un siècle, le seul débat sur ce livre consiste à comparer le nombre de pages atteintes par chacun avant d’arrêter la lecture.

C’est que le roman de James Joyce est absolument incompréhensible. Je n’ai pas réussi à aller au-delà de 50 pages. Sans prétention, c’est déjà un score très élevé. Vous trouverez toujours des personnes qui vous expliqueront que si vous ne comprenez rien, c’est parce que le sens est profond.

James Joyce est l’un des romans portés au sommet de la pyramide. C’est pourtant celui pour lequel je n’ai jamais rencontré une personne normale l’ayant lu et compris ou, même, allé jusqu’à la page 100.

Et comme pour les sectes, ceux qui prétendent en détenir la compréhension tentent de vous emprisonner en leur pouvoir intellectuel puisque c’est vous l’illettré, l’ignorant.

Ne tombez jamais dans ce piège pour les romans mais en considérant trois points :

1/ Votre niveau de français.
2/ Votre capacité à lire assez longuement. C’est le cas pour Dostoievski mais c’est l’un des rares cas.
3/ Votre pratique fréquente de lecture conditionne les deux premiers points.

Au-delà, n’ayez aucune crainte. Plus les écrivains sont immenses, plus ils sont simples. Bien entendu, je ne parle pas des essais mais uniquement des romans.

Certains grands écrivains ont les deux facettes. Albert Camus a rédigé des romans et des essais. Si vous choisissez les seconds, vous risquez d’être dans le brouillard si vous n’avez pas d’autres connaissances sur le thème.

Un essai non compris ne fait pas de vous des imbéciles.

Par définition, ils exigent la maîtrise de références, parfois pointues. Nous ne sommes pas dans le cadre du récit, d’une histoire (roman) mais d’un autre univers du livre.

Ulysse de James Joyce n’est ni un roman ni un essai. Il sert de référence pour vous faire croire que vous êtes soumis à des experts.

Et si vous conditionnez le plaisir de la lecture aux avis des experts, arrêtez de lire.

Ce ne serait plus de la littérature mais une religion. Si vous en avez déjà une, gardez-là, c’est pareil.

 

Cette chronique comme les prochaines sont publiées suite à l’aimable proposition de l’auteur. Elles sont également publiée par le Quotidien d’Oran

Auteur
Sid Lakhdar Boumédiene, enseignant

 




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