24 avril 2024
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« L’indépendance confisquée » de l’Algérie

Débat

« L’indépendance confisquée » de l’Algérie

A défaut de président on promène son cadre à Alger

« Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ». Nelson Mandela

« La pauvreté dans la liberté est préférable à la soumission dans l’opulence ». Ahmadou Kourouma

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La célébration officielle de l’indépendance nationale qui a marqué les esprits des Algériens sur des générations et qui devait ouvrir la voie vers la fondation d’un Etat démocratique moderne, respectueux de toutes les libertés, est venu, le 5 juillet 2018, pour confirmer encore que le pays est entré dans une nouvelle ère : non pas celle du culte de la personnalité qu’il a pratiquement toujours connu mais tout simplement celle de la servilité et de l’iconolâtrie !

Aux antipodes des idéaux de cette indépendance, ce jour-là, de hautes personnalités politiques de ce pouvoir, se mirent en garde à vous devant un portrait de Bouteflika !

Cela me rappelle 1984 de George Orwell ou le portrait d’un certain Big Brother, omniscient et omniprésent qui surveille la cité ou nul ne peut échapper à sa vigilance.

Ensuite, une oraison dithyrambique des plus marquantes fut prononcée par un imam en l’honneur de Bouteflika ! Tels ces courtisans dont la spécialité était de chanter les éloges du calife ! Cet imam apologiste ne tarit pas d’éloge sur Bouteflika, et ne demanda pas moins au bon Dieu que de protéger notre très « cher président guide», de guider ses pas et de lui procurer santé et longue vie et d’être parmi ses gens justes, et j’en passe !

Et l’indépendance ? La liberté ? Le peuple dans tout ça ?

Algériens vous êtes ainsi comblés, Dieu vous envoyé un bienfaiteur ! Alors de grâce, soumettez-vous au risque d’encourir le courroux divin ! Vous ne pourrez jamais avoir mieux. Vous êtes indépendants mais pas libres !

Même ce pauvre imam ignore sûrement que pendant l’extermination de centaines de milliers de gens (Oran, Marrakech, etc ) par les Almohades, un Imam estimé, El Iyadh (Abdul fadhl Alquadhi ), très connu et auteur du célèbre al-Shifa bita’rif Houqouq al-Mustafa, préféra mourir, transpercé par des lances plutôt que de rédiger une lettre où il devait simplement dire qu’Ibn Tumert est infaillible ! Il répondit : je ne trahirais pas ma raison !

Malheureusement les nôtres n’ont plus cette raison !

Lors de la cérémonie de ce 5 juillet, le président Bouteflika était là, assis sur sa chaise roulante, hébété, totalement absent, les yeux hagards, ne saisissant pratiquement pas ce qui se passait autour de lui. Il marmonnait. Il arrivait difficilement à joindre ses mains et à les porter ensuite à sa bouche pour clore la Fatiha, et se délivrer enfin de cet exercice combien si éprouvant pour lui.

Puis péniblement, avec une force surhumaine, il saisit et embrassa enfin le drapeau national !

C’était ça l’image forte que transmettait l’Algérie au monde ! Un pays pétrifié, prisonnier d’une oligarchie gérontocrate malade, et au crépuscule de sa vie.

Qui fera donc confiance à un tel pays ?

Ce pouvoir s’est approprié tous les symboles, et a confisqué cette indépendance. Il s’agrippe, tel un vieillard à sa canne, au passé et aux mythes, pour justifier son existence et sa raison d’être à défaut de regarder vers l’avenir et relever les défis du siècle ! Il reste au stade des forfanteries dont il en a fait son programme politique.

Les Algériens s’attendaient avec cette indépendance à être enfin vraiment libres, en sécurité, dans une Algérie démocratique et plurielle, mais ils déchantèrent assez vite.

Depuis 1962, ce ne fut qu’une suite de luttes de clans pour le pouvoir ! En 2018, ils sont toujours emprisonnés de leurs opinions, leurs idées, leurs cultes et surtout considérés comme mineurs et à la merci d’un pouvoir arbitraire.

Ce dernier a tout balisé. L’Algérien n’est rien d’autre qu’un simple sujet au lieu d’être ce citoyen à part entière. Il vit dans la terreur et la hantise, avec l’épée de Damoclès suspendue sur sa tête ! Au moindre mot, critique, parole il est arrêté !

Le pouvoir, en détournant cette indépendance de son but final frustre terriblement les Algériens ! Et l’enthousiasme du début, a vite laissé place au désenchantement.

Qui a un instant pensé sous la colonisation qu’après l’indépendance, les enfants (même les compétences) de l’Algérie ne penseraient qu’à la fuir en risquant leur vie en mer, sur des barques de fortune ? C’est plus qu’un signal de détresse : un désaveux !

Les vingt ans de règne de Bouteflika ont gravement compromis les derniers espoirs de plusieurs générations. La jeunesse a décroché et se désintéresse de tout. Certains ne savent même pas ce que signifie le 5 juillet ! Et c’est la triste vérité. Il suffit de faire un petit sondage dans son entourage pour s’en rendre compte !

A trop tirer sur la corde, ce pouvoir a fini par la rompre !

Ainsi, toute commémoration a fini par être assimilée, dans le subconscient des Algériens, à une fête du pouvoir !

Comme on dit, chat échaudé craint au froide. L’Algérie a fini par devenir otage d’un certain passé mythique, sciemment entretenu et imposé, afin que la léthargie persiste assurant ainsi la pérennité du système et arrangeant ses affaires.

Ce pouvoir utilise les mêmes méthodes que celles des extrémistes religieux : mensonge, diversion, falsification, culpabilisation du citoyen pour qu’il ne prenne pas conscience des vrais enjeux politiques et ne puisse remettre en causes leur logique.

En culpabilisant l’Algérien, en utilisant le sacré, en le désinformant et en cultivant un nationalisme biaisé et chauvin, on l’isole des autres cultures et peuples. On lui ôte toute capacité de résistance et d’analyse objective des faits et évènements.

Ces «fabulateurs » se targuent de mener l’Algérie à bon port, vers un avenir radieux ! Bien sûr en se partageant ses richesses !

Bouteflika, en s’exposant (ou exposé) dans ce piteux état, a ainsi donné le coup de grâce à cette journée mémorable ! Il a éteint le flambeau sacré de tout idéal rêvé par la jeunesse.

Vous avez tout falsifié ! Et vos mensonges se transmettent à certains et s’incrustent doucement mais sûrement dans leurs mémoires par le biais de l’école, la mosquée, la redondance de vos « exploits » si « grands » !

Tout vous est permis ! Vous avez « l’immunité » du passé, vous pouvez donc faire ce que vous voulez, même vous installer en France ! C’est normale pour un simple Algérien pas pour vous. Car vous avez floué le peuple!

Pour vous, nous sommes les damnés ! Nous garderons le temple pour vous, quand vous serez loin ! Bien loin ! Ou dans un hôpital français ! Nous crèverons ici dans le dénuement total et que vive l’indépendance ! C’est ce que vous vouliez qu’on répète ici à votre place !

Messieurs, vous n’avez pas le monopole de l’indépendance ! Ni de la guerre de libération ! Car vous avez trahi les idéaux du 1er Novembre !

Que certains ne joue pas à la vierge effarouchée ou les patriotes invétérés !

C’est ça l’Algérie d’aujourd’hui, celle de ces jeunes qui se noient au large du pays. Mais vous, vous n’existez déjà plus, même en détenant le pouvoir et la baïonnette.

En considérant tous les Algériens comme des moutons de Panurge, et pas comme des citoyens «indépendants » et libres, en les traitant comme des mineurs, avec arrogance, mépris, injustice et en entretenant la corruption, le blanchiment d’argent et maintenant même la cocaïne, vous ne pouvez que les pousser soit vers le nihilisme, le terrorisme islamiste ou la fuite de ce pays !

Mais résumons. Si l’indépendance n’avait pas été confisquée et les vrais héros évincés, il n’y aurait jamais eu d’adorateurs de portrait, ni un président impotent et aphone, ni des jeunes qui fuient leur pays, ni des intellectuels qui s’installent sous des cieux plus cléments, ni des milliardaires grâce à la dilapidation des richesse et à la corruption, ni, ni etc. Car nos vrais héros sont jaloux et honnêtes pas des « affairistes » !

Dans tous les pays oligarchiques et particulièrement arabes et ceux qui se disent arabes, les dirigeants ne quittent le pouvoir que morts ou chassés par leurs peuples. Ce n’est donc qu’une question de temps.

Auteur
Rachid B.

 




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