19 avril 2024
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« Mon rêve c’est que les enfants algériens comprennent tous le tamazight »

Entretien avec Mohamed Allaoua

« Mon rêve c’est que les enfants algériens comprennent tous le tamazight »

Mohamed Allaoua prépare son septième concert au Zénith de Paris. Avec ceux qui l’entourent rien n’est laissé au hasard pour offrir un concert d’exception. L’ENTV devait relayer ce concert, mais des décisions « venues d’en haut » ont opposé un black-out. Niet, pas de Allaoua sur l’Unique. Comme au temps du parti unique où les chanteurs engagés d’expression kabyle étaient quasiment interdit d’antenne, Mohamed Allaoua subit les foudres des «puissant» de l’heure.

Qu’importe ! Gonflé à bloc par les bons retours suscités par son album, le chanteur mi-amusé, mi-sérieux s’en explique et revient ici sur son parcours et ses aspirations.

Le Matin d’Algérie : cela fait pas mal d’années que vous chantez maintenant, peut-on finalement savoir pourquoi vous chantez ?

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Mohamed Allaoua : Aussi loin que remontent mes souvenirs, je crois que j’ai toujours fredonné des chansons. Et puis à la maison, j’ai été bercé par des chanteurs comme Ait Menguellet, Idir, Matoub Lounes et Slimane Azem. Dès que j’ai rejoint l’émission enfantine de la chaine II, puis j’ai fait l’école de musique d’Al-Andaloussia, puis j’ai étudié la musique classique. Même si elle est très exigeante, la chanson est un excellent véhicule pour faire passer des messages.

Le succès n’est pas venu tout de suite. ..

Il n’est pas toujours facile de faire sa place quand on sait que la chanson kabyle a de nombreux chanteurs de référence. C’est normal pour les débuts. Personnellement, j’ai commencé à me faire une place à partir du titre « A vava cheikh » qui a été un énorme succès. Autrement les portes étaient fermées devant moi-même si j’avais déjà produit des albums. Donc à partir de là, j’ai senti que l’aventure commençait dans le milieu de la chanson pour moi, notamment après un concert à Tizi-Ouzou, où j’ai apprécié cette précieuse communion avec le public. De là, les retrouvailles avec lui sont toujours des moments privilégiés, une fête.

De là vous avez donc décidé de vous consacrer à la chanson ?

Oui, il a fallu travailler beaucoup, enchaîner les albums et les scènes. Le succès ne vient pas comme ça, il faut suer, travailler énormément parce que le public est aussi exigeant.

Vous êtes un chanteur qu’on entend beaucoup dans les fêtes, qu’en est-il de votre engagement pour l’identité par exemple ?

J’ai fait des chansons que j’estime puissantes. Comme des centaines de milliers de jeunes, le 14 juin 2001, pendant le printemps noir, j’étais parmi les marcheurs à Alger. Je dénonce aussi dans mes textes la situation que vit le pays.

Justement, votre chanson en hommage à Slimane Azem n’a manifestement pas plu aux autorités ?

« Amek ara nili sosta » est un hommage à Slimane Azem, j’ai changé les paroles de ce célèbre titre pour le coller à l’actualité aux problèmes de la jeunesse et cette paralysie que vit le pays. Mais le dernier couplet du titre a suscité particulièrement la colère de dirigeants. D’ailleurs pour la petite histoire, après votre article, dans lequel vous évoquiez la censure à l’ENTV, des responsables de la Télé m’ont appelé pour me dire que tout est rentré dans l’ordre, ils étaient disposés à faire passer des clips pour annoncer le concert du Zénith notamment ; mais subitement tout a été annulé. Puis, on nous a fait comprendre que la décision vient d’en haut.

Ce samedi vous ferez votre 7e concert au Zénith.

Nous travaillons pour offrir une belle ambiance au public. Il y aura une énorme surprise. Une annonce importante. La première partie sera animée par Moh Amichi et Brahim Medani.

Vous réalisez votre rêve alors ?

Mon rêve en réalité, c’est de voir un jour les enfants des quatre coins de mon pays comprendre tamazight, se réapproprier leur identité, comprendre nos chansons. Voir les jeunes générations saisir les mots des monstres sacrés de la chanson comme Ait Menguellet, Idir, Matoub et bien d’autres encore. Ce rêve est le mien.

 

Auteur
Yacine K.

 




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