26 avril 2024
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Pourquoi les islamistes haïssent les femmes ?

Phallocratie et misogynie

Pourquoi les islamistes haïssent les femmes ?

Depuis la nuit des temps, des groupes de mâles tentent vaille que vaille de contrôler le corps des femmes. Une domination masculine qui retrouve ces heures de gloire dans les pays musulmans, notamment arabes. Pendant des siècles, les femmes seront vouées aux destins secondaires d’épouses, de mères, voire de signes extérieurs de richesse.

Ces dernières années, l’emblème de la femme voilée est brandi pour dire non à la civilisation, oui à la phallocratie. Les femmes deviennent ainsi indésirables dans l’espace public. Se promener en jupe ou en jean est un outrage visuel pour des misogynes qui n’hésitent plus à prendre les devants de la scène. Des plateaux-télé leur sont ouverts pour déblatérer, toute honte-bue, contre les femmes qui osent sortir sans porter le voile. Encore des femmes visées.

Depuis quelques jours, un nouveau hashtag circule sur les réseaux sociaux marocains : #soitunhomme. Un appel lancé à l’égard de la gent masculine qui l’incite à « couvrir leurs femmes, épouses, sœurs et filles. Du pain béni pour la frange des conservateurs ayant pris un malin plaisir à dénigrer les femmes non-voilées en usant d’un langage d’une véhémence inénarrable. Le Maroc ne semble pas être le seul pays à être touché par la phobie des femmes, car dans la majorité des pays arabes, la femme subit au quotidien les affres d’un retranchement sociétal.

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La dernière sortie des internautes algériens sous le slogan «Ta place est en cuisine » est un réel signal d’alerte quant à la montée au créneau du sexisme qui ne dit pas son nom. Qu’elles soient instruites, cadres ou dirigeantes, la femme demeure et demeurera l’éternel mineur. Telle est la devise de ces malotrus ayant horreur de voir la femme prendre le dessus, si ce n’est le dessous. Des théologiens conspuent l’amour physique et avec lui l’objet et la source de toutes les concupiscences : si l’homme désire la femme, c’est de sa faute à elle, tentatrice et démoniaque. Et les préjugés ont la peau dure : «Cachez-moi ce corps pour que je ne puisse être aimanté par ces phéromones », dixit ces islamistes qui rivalisent de zèle fielleux pour éreinter la femme. Une acrimonie qui grandit de jour en jour. Les femmes s’effacent dans les espaces publics.

Pour les islamistes, comme pour les musulmans intégristes, lorsqu’un homme, un garçon, est ému par le contact d’une femme, par l’odeur d’une femme, ou tout simplement, par la vue d’une femme, il devient impur ! Ces dogmes « éducatifs » refont surface en inculquant aux adolescents et aux adolescentes ces préceptes d’un autre âge. D’où le zèle et ce désir de fayotage exprimés à cor et à dia par des jeunes pour que leurs sœurs, leurs cousines, les filles de leur quartier portent le voile. Les islamistes haïssent l’objet de leur désir : la femme. Ils ne supportent pas ce désir qui les rend dépendants du corps féminin, de ce corps tabou. De ce corps inférieur. Ce désir leur révèle la part féminine de leur masculinité.

Ces sociétés patriarcales, voire patriarcalisées, les mâles sont éduqués, conditionnés, formatés à haïr les femmes. Ils haïssent les femmes quand elles sont belles, ils haïssent les femmes lorsqu’elles sont laides, ils haïssent les femmes quand elles sont intelligentes, ils haïssent les femmes quand elles travaillent…Ils haïssent les femmes comme ci ou comme cela. Ils n’aiment rien de ce qui est considéré comme féminin.

Mais pourquoi tant de rancunes dans les cœurs de beaucoup d’hommes ? Qu’est-ce qui les dérange autant dans le fait de voir la femme s’épanouir et s’affirmer. Quel est vraiment le fond de leur problème ? Est-ce une menace à leur virilité que de sentir que la femme aussi est capable de mener les rennes, d’agir, de penser, de travailler, de s’exprimer et de s’habiller librement comme bon lui semble et pourquoi sont-ils si obstinés à l’idée de vouloir l’enfouir derrière un voile, que représente réellement ce voile pour eux, serait-il l’outil de l’asservissement, de la soumission et de l’obéissance qu’ils veulent lui imposer, ou bien l’affirmation qu’elle n’est rien d’autre qu’un objet de fornication qu’il faut immédiatement enfouir afin de soi-disant éviter de provoquer leurs bas instincts, comme si en portant le voile cette dernière ne va plus être sujette à leurs perversions. Le corps des femmes hante les esprits de ces hommes retranchés dans leur idéologie obscurantiste. Le hic est que des femmes consentent à la logique du patriarcat.

En somme, ces hommes n’arrêtent pas de parler au nom de l’Islam et se sentent privés de leurs droits, parce que oui…La liberté de la femme pour ces hommes-là est considérée comme une atteinte à leurs droits ou plutôt à leur égo de mâle dominant. Pourquoi se sentent-ils si diminués par le fait que la femme puisse être un être à part entière ayant des droits dans la société et qu’elle puisse sortir de la demeure coloniale dans laquelle ils cherchent à l’emprisonner? Pourquoi vouloir spolier les acquis de la femme ? Ces acquis qui font d’elle un élément important et constructeur tant au niveau économique que social, et non pas une menace ou un danger au développement de la société. Elles n’ont pas le droit d’être dans les cafés, dans les stades, des bistrots…

Rares sont les espaces qui permettent de poser des questions critiques à ce dénigrement qui va crescendo. Des questions qui fâchent…Oui, le mutisme ahurissant d’une certaine élite quant au diktat exercé par les potentats dédouane ces campagnes de dénigrement envers les femmes sans voile. S’opposer à cet accoutrement est synonyme d’apostasie que d’aucuns ne veulent endosser le rôle. C’est un grand théâtre de vindicte qui se dessine chaque jour dans nos sociétés qui n’admettent pas la modernité. Porter le foulard, le niqab est devenu un marqueur pour les femmes pour se forger une identité autre que la sienne. Ces agissements s’apparentent à un problème de mentalité rétrograde, machiste, misogyne et phallocrate qui est accentué par des fatwas qui nourrissent la haine contre les femmes.  

Les régimes autoritaires post-coloniaux du monde arabo-musulman se sont fort bien accommodés de l’immuabilité de l’ordre social sexué qui n’est autre que la manifestation ici-bas de l’historicité de la loi divine. L’autorité patriarcale dans la sphère privée et l’autoritarisme dans la sphère publique puisent à la même source, celle d’une organisation hiérarchique de la société : inégalité entre les classes sociales, les classes d’âge, les hommes et les femmes, les détenteurs du pouvoir et les autres, etc.

Cette digression permet de comprendre pourquoi la liberté des femmes et l’avenir du processus de démocratisation sont aujourd’hui un seul et même sujet dans les pays susvisés. Il semble que les dieux mâles aux idées phalliques veuillent claustrer la femme dans un son rôle de domestique et d’assouvir les désirs de procréation des hommes. L’irruption du religieux, tous azimuts, n’est pas sans signifiance. L’islamisme qui est devenu le fer de lance dans la stratégie politique de bon nombre de pays arabes laisse entrevoir un avenir sombre pour l’ensemble de ces sociétés, notamment les femmes qui sont les premières victimes.

Auteur
Bachir Djaider (journaliste, écrivain)

 




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