20 avril 2024
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Questions aux dirigeants du MAK

Débat

Questions aux dirigeants du MAK

De toutes les guerres, qu’elles soient armées ou sous forme de confrontations politiques, la première victime est la… vérité. Par conséquent, tout mouvement, s’il veut être crédible, doit déclarer la vérité. S’il ne s’y conforme pas, il n’est pas nécessaire d’être expert ni de connaître les choses cachées de ce mouvement pour savoir qu’il y a anguille sous roche, ou, si l’on veut, des cadavres dans le placard, autrement dit des buts inavoués et inavouables. Et quel est le motif sinon de tromper les citoyen-ne-s, et d’abord ceux et celles qu’on déclare représenter ?

À propos de vérité, rappelons cependant la fameuse phrase de Lénine : « Seule la vérité est révolutionnaire ». Il respecta ce principe tant qu’il lutta contre un pouvoir dictatorial tsariste ; mais une fois que lui et son parti politique avaient conquis ce pouvoir puis a installé leur dictature soit disant du « prolétariat », en réalité de la bureaucratie bolchevique, il calomnia les partisans des soviets autogérés de paysans et ouvriers, au point d’envoyer le chef de son armée « rouge » Trotski, les massacrer comme « contre-révolutionnaires », au « service de l’impérialisme » et de la « réaction intérieure ». Machiavélisme version bolchevique. Ou, pour paraphraser un peu Pascal : je vérité je suis, erreur tu es.

Ces prémisses sont nécessaires pour écarter tout malentendu à propos des questions adressées au MAK. Elles servent à enlever toute ambiguïté quant à ses positions réelles. En effet, certains l’accusent de collusion avec le sionisme israélien ; d’autres se contentent de déclarer que derrière le MAK s’activent des forces obscures dangereuses, sans préciser lesquelles.

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Tout mouvement qui se respecte est contraint de répondre à ces allégations. Il est inacceptable de se trancher derrière le silence, car, en de pareilles conditions, il équivaut à consentement. Il est, aussi, inadmissible de se cacher derrière la position : « Ce n’est là que de la propagande tendancieuse sans fondement ! » Un parti ou mouvement politique se doit d’y répondre par des faits qui prouvent la fausseté de cette propagande ; sinon, comment expliquer son refus d’éclaircissements, autrement que par son incapacité de démontrer la fausseté de cette propagande, donc qu’elle corresponde à vérité ?

Une précision : mes actes et écrits prouvent que je ne suis l’agent de rien d’autre que de ma conscience de servir le peuple algérien dans son ensemble, sans aucune discrimination en matière d’oppression.

Voici, alors, les demandes que j’adresse aux dirigeants du MAK. Ils savent que je ne suis pas le seul à me poser ces questions, aussi bien parmi les Kabyles que parmi le reste des Algériens. Ainsi, les dirigeants du MAK ont l’opportunité, pour ne pas dire l’obligation, de répondre de manière claire, précise, concrète, sans langue de bois, et en fournissant des preuves concrètes, si, réellement, ils veulent lever toute ambiguïté à leur sujet.

1) Votre soutien à l’indépendance de la Catalogne implique-t-il le même soutien au droit du peuple palestinien à disposer d’un territoire indépendant, conformément aux résolutions des Nations Unis ?

2) Pouvez-vous accuser l’État algérien d’être oppresseur contre les Amazighes, sans accuser l’État israélien de l’être davantage contre les Palestiniens, puisque dans le premier cas, il s’agit d’un déni culturel (langue, histoire, identité, sans oublier les victimes amazighes dont sont responsables les autorités algériennes), tandis que, dans le second cas, il s’agit du déni d’exister comme peuple sur le territoire de ses propres ancêtres ?

3) Pouvez-vous dénoncer, en Algérie, le manque de démocratie et l’emploi de la religion islamique par l’État, pour opprimer le peuple, sans dénoncer une autre carence de démocratie et l’emploi de la religion hébraïque par l’État israélien, pour cléricaliser la société israélienne, et justifier l’élimination physique du peuple palestinien ? Ce que reconnaissent les Israéliens réellement démocrates et les « refuzniks » (militaires israéliens refusant de cautionner la domination sur le peuple palestinien).

4) Concernant la Kabylie, dont vous réclamez l’indépendance, quelles garanties concrètes donnez-vous afin que son peuple ne devienne pas asservi à une caste oligarchique nouvelle dont vous serez les représentants et bénéficiaires, sous forme d’État ?

À ce sujet :

– Quelle est votre position sur la dimension autogestionnaire qui s’est manifestée lors du mouvement social de 2001 en Kabylie ? Cette conception fait-elle partie de votre programme politique ?

– Pour vous, l’insurrection du printemps 2001 fut-elle un mouvement d’abord social de revendication démocratique pour l’ensemble de l’Algérie (comme ses documents publics le prouvent), comprenant les problèmes identitaires (culturels, linguistiques, historiques), ou, au contraire, cette insurrection aurait été uniquement une revendication identitaire kabyle, contre l’État « arabo-islamique » et excluant le reste de la population algérienne ?

5) Comment justifiez-vous vos revendications concernant uniquement la Kabylie, au lieu de lutter pour l’union entre tous les opprimés :

– Amazighophones : Chaouias, Mozabites, Touaregs, etc.,

– De l’Algérie toute entière, dont les citoyen-ne-s sont opprimé-e-s de manière semblable dans les domaines économique, social et politique, indépendamment de leur langue vernaculaire ?

6) Plutôt qu’une République kabyle indépendante, pourquoi pas une fédération algérienne où les diverses régions se constituent d’une manière en même temps autonome et solidaire, à l’exemple d’autres nations, comme la Suisse ou le Brésil ?… Rappelons-nous que durant la guerre de libération nationale, les willayas agissaient de manière autonome et solidaire, comme le témoigne Si Lhafidh dans ses mémoires. Ne serait-ce pas, ainsi, une manière de mettre fin au régionalisme négatif, parce que manipulé par des castes, dont a souffert et continue de souffrir l’Algérie ?

7) Concernant les révoltes citoyennes amazighes au Maroc, pourquoi avoir attendu plus de temps pour exprimer votre soutien, alors que, pour la Catalogne, votre soutien fut immédiat ?

8) Dans les domaines de l’exploitation économique et de la domination politique, quelle différence faites-vous entre un Kabyle opprimé et un Kabyle oppresseur, de même qu’entre un Algérien, linguistiquement arabophone, opprimé et son oppresseur ?

9) Êtes-vous pour l’union entre les Amazighs, oppresseurs et opprimés confondus, à opposer à leurs compatriotes (linguistiquement) arabophones, oppresseurs et opprimés confondus ? Ou, au contraire, êtes-vous pour l’union entre opprimés quels qu’ils soient (sans discrimination d’ »ethnie », de région, de religion ou autre), face à leurs oppresseurs (là, aussi, sans discrimination d’ »ethnie », de région, de religion ou autre) ?

En attente de vos éclaircissements sur ce même journal, ainsi que partout où vous le jugerez utile.

K. N.

Email : kad-n@email.com

P.S. Auparavant, sur ce même journal, j’avais posé des questions clarificatrices à Messieurs Saïd Sadi, puis à Noureddine Boukrouh, sans obtenir de réponse publique.

Auteur
Kadour Naïmi

 




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