25 avril 2024
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Un 5ème mandat de Bouteflika, illégitime ?

Présidentielle 2019

Un 5ème mandat de Bouteflika, illégitime ?

La perspective d’un cinquième mandat d’un président grabataire qui ne parle ni ne bouge est aujourd’hui quasiment confirmée. Voilà que ressortent les critiques effarouchées d’une population et d’une opposition qui rejouent le spectacle, tant de fois vu jusqu’à lassitude. Ont-ils seulement analysé leur lourde responsabilité dans une élection qu’ils légitiment pourtant ?

Nous y voilà encore une fois et toujours la même histoire qui se répète depuis cinquante-six ans. Beaucoup sont scandalisés, outrés et crient à l’insulte au peuple mais, tous ou presque, reproduisent la même posture qui légitime un pouvoir incrusté jusqu’à fossilisation.

Reprenons un à un les points argumentaires et comparons-les aux jérémiades des soi-disant démocrates et aux éternels opposants.

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Le premier est la participation aux institutions d’un régime militaire. Nous avions essayé de jouer le jeu une seule fois en pensant que les émeutes populaires avaient fait comprendre à ce régime despotique combien il avait intérêt à se transformer. Mais nous eurent immédiatement la réponse qu’il n’en avait ni l’intention ni un quelconque intérêt. A partir de là, participer aux institutions, c’est légitimer un pouvoir militaire. On peut tourner les choses dans n’importe quel sens, cela n’y changera rien à l’évidence.

Jusqu’à preuve du contraire les soi-disant démocrates participent aux élections et leurs représentants sont députés et sénateurs. Il y a en a même un que j’ai côtoyé, considéré comme un grand démocrate et intellectuel, à l’époque, qui avait accepté la honte absolue d’être « nommé » par le président. Lorsque les années passeront, devant un tel poste que constitue un « élu nommé », même Idi Amine Dada n’y aurait pas pensé, il n’aura que la folie pour se consoler d’une telle déchéance morale.

Et combien cela aurait été utile de participer aux institutions, je n’ai jamais entendu l’un ou l’une se lever et fustiger le régime avec une véhémence forte. Ou alors le font-ils avec une tapette à mouche qui ne ferait pas sourciller le moindre poil de la moustache d’un général.

Dans ces conditions, ils légitiment la constitution. Et la constitution permet à un homme, même grabataire, de se représenter, il n’y a par conséquent rien d’anormal dans cette logique qu’ils ont voulue et donc à la candidature au 5è mandat.

Même grabataire car la Constitution indique que seul le conseil constitutionnel et les représentants élus interviennent dans la décision de destitution du président. Ils n’ont ni bronché ni démissionné, ils sont donc responsables et coupables de légitimation.

Puis, si nous prenons l’autre versant de la légitimation, c’est au niveau du peuple qu’il faut le trouver. Moi, je suis assez limité dans mes capacités intellectuelles et en droit pour tergiverser avec les subtilités juridiques algériennes. Lorsque je constate que des millions d’algériens ont toujours voté pour ce régime, j’ai une tendance à me dire qu’il n’y a pas autant d’algériens auxquels on a lobotomisé le cerveau. Ils ont bien été voter, les résultats sont bien là et les youyous s’entendent de plus en plus fort.

A moins de rejeter la population, même la question de la fraude ne peut expliquer le résultat. Certes, ce soupçon est toujours présent mais comme les partis politiques « démocrates » ont des scrutateurs présents dans les bureaux de vote, faut-il comprendre qu’ils sont tous aveugles et stupides à ce point, ou alors consentants ?

Et s’ils n’ont pas la possibilité de vérifier correctement, nous revenons au premier point énoncé précédemment, pourquoi restent-ils dans les institutions pour légitimer des résultats électoraux qui leur sembleraient manifestement trafiqués ?

Puis il reste le troisième argumentaire dont je me suis aperçu depuis que je communique sur Facebook. Dès que je fustige les milliardaires offshore, je suis assailli de commentaires qui me disent que je suis contre le développement économique du pays et jaloux de ceux qui font fortune.

En fait, nous avons là une réaction assez typique de la puissance d’argent lorsqu’elle est née d’un régime militaire. Soit elle se révolte pour indiquer qu’elle est honnête, ce qui est probablement exact pour une partie des entrepreneurs, et elle risque de tout perdre car ce régime lui a apporté richesse et aisance offshore.

Soit elle se tait et beaucoup d’entrepreneurs savent, car ils en ont la capacité intellectuelle, qu’ils seront forcément la cible d’un renversement de situation comme il est toujours prévu dans l’histoire, ce qui les pousse constamment à se justifier. Par les nombreuses réactions que je reçois, il y a bien la marque d’une justification gênée.

Et alors, même les plus modestes, probablement honnêtes pour un certain nombre, sont tétanisés en se disant que si le château de cartes se renverse par le haut, ils s’écrouleraient tous dans une gigantesque remise à plat historique. Chacun prétendant, bien entendu, que ce sont les autres qui ont été corrompus, pas eux, et qu’il serait injuste de remettre en cause leurs capitaux et leurs revenus, honnêtement gagnés. Voilà la raison de leur silence, si on veut être poli, ou de leur compromission, si on veut être franc.

On ne peut pas légitimer un pouvoir, en tirer avantage et se plaindre en même temps du manque de liberté alors que c’est ce même pouvoir qui a organisé leur aisance.

Pour tous ces arguments, ce cinquième mandat est illégitime car ce sont des millions d’Algériens qui le légitiment par leur actes, gênés pour certains mais assumés.

Pour moi, il ne l’est pas, mais je ne suis ni député, ni sénateur, ni entrepreneur offshore.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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