18 avril 2024
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Abdelkader Bensalah engage un «dialogue Taïwan»

Il revient à la feuille de route de Bouteflika

Abdelkader Bensalah engage un «dialogue Taïwan»

Alors qu’en ce 9e vendredi de la sédition citoyenne, des millions d’Algériens ont réitéré d’une seule voix la chute totale et sans pitié du système qui tente de trouver des parades pour sa survie, le chef de l’Etat par intérim, du 102, Abdelkader Bensalah, l’un des deux B (avec Bédoui) encore désespérément suspendus au pouvoir, se sert de l’alibi constitutionnel pour tenter, comme l’a fait, il y a près de vingt ans,  en 2001, lors du Printemps noir, Ali Benflis, alors premier ministre de Bouteflika, avec ses «aarouch taïwan», d’engager un « dialogue Taïwan » ?

Avec qui ? Et pour qui et quoi ? Décrié par la rue algérienne, limité dans ses prérogatives d’un Chef de l’Etat intérimaire d’un pays en crise institutionnelle, non habilité à conduire, seul, auto désigné, des pourparlers même internes et malgré la contestation de la rue algérienne, Abdelkader Bensalah ne fait donc qu’exacerber la crise et, dans le même temps, précipiter sa chute par ses séries de « consultations » insignifiantes avec de vieux serviteurs du FLN, retraités dormant du système, des arrière-grand-père des jeunes du Hirak, qui ignorent ce qui se passe, certainement séniles, ou se trompant d’époques, invoquent la belle époque de Houari Boumedienne avec ses trois R.

Que peuvent donc apporter de sérieux et de révolutionnaire d’anciens présidents de l’APN, d’une APN du parti unique et puis de plusieurs partis uniques ceux-là qui sont présentés par les médias officiels sous les termes ronflants de « personnalités politiques » ? Quelles propositions de « dialogues » peuvent-ils donc émettre quand, en leur Assemblée enregistreuse d’antan , la culture du dialogue n’était que discours du Prince monologué ?

Qu’à cela ne tienne, Bensalah, à l’image de son chef du gouvernement par intérim, lui aussi, qui a dû gratter dans les tiroirs des archives pour dénicher quelques « supplétifs » de ministres pour « des affaires courantes », reçoit, c’était sans doute inespéré pour lui, l’avocat et le militant des droits de l’Homme, Me Miloud Brahimi. Après sa rencontre avec un Bensalah exultant,  l’homme du barreau s’est fourvoyé en réduisant la crise matricielle et multidimensionnelle algérienne à l’échéance de l ‘élection présidentielle rejetée par les Algériens dont la revendication principale et principielle est le départ du Système.

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Me Miloud Brahimi est-il à ce point aveugle sur la crise politique du pays, frappé de cécité sur les millions d’Algériens qui déferlent dans les rues de toutes les régions du pays pour ne plaider que pour une « commission souveraine », que pour appeler à ne « gérer »qu’«une transition», que pour ne discourir que pour «  organiser l’élection présidentielle » en vue de … « préparer le départ du système ». Comme si le départ du système se préparait en commission par les membres de ce même système, sur ses lieux de pouvoir, par ses élections présidentielles !

S’insinuant habilement dans la logique constitutionnelle du système en place et acceptant le deal d’un « dialogue Taïwan » de Bensalah, Me Brahimi ne fait que déplacer quelques pions dans le jeu du système en énonçant ce que le système d’avant le départ de Bouteflika a déjà fait, le report des élections présidentielles. Or, lui aussi, pourtant, semble être frappé de cécité en ignorant les millions d’Algériens qui ont dit et disent non aux au scrutin présidentiel téléguidé par le système en place.

Ce que dit Me Brahimi est la voix même du système qui cherche des replâtrages, des issues de secours de dernières minutes, de vaines échappatoires car il sait pertinemment que ses jours sont comptés et que toutes les « solutions » proposées par lui ou par ses relais sont corrompus à la base avant même d’être émises. Ce ne sont même pas seulement ses déclarations qui mettent Me Brahimi comme porte-voix du système, mais aussi et surtout l’espace d’émission de « ses déclarations à la Nation » de vendredi dernier. Comment prétendre s’adresser à la « Nation » d’un lieu d’émission anti-Nation, celui d’un Système honni par le peuple algérien qui, par son arme pacifique, sa détermination massive et revendicative aiguisée, obtiendra son écrasement.

Bensalah de cet espace fermé, corrompu, malsain, encore qualifié des médias officiels « Présidence de la République », Bensalah a l’outrecuidance d’organiser une pseudo conférence nationale lundi 22 avril qui est également un échec avant même sa tenue dans la mesure où elle n’est qu’une pâle émanation d’un « monologue », mort-né, un non événement des Algériens qui, eux, exigent son départ, rien que son départ.

Mais Abdelkader Bensalah s’érige en Président de la République,  se croit être à l’écoute du peuple, d’un peuple absent, toujours absent dans sa tête et ses représentations formatées par l’autoritarisme dictatorial du FLN et l’ascendant castrateur  et diabolique du bouteflikisme. Mais tous les communiqués, les annonces faisant état de ses rencontres, réceptions, ne rapportent pas un traitre mot de ce qu’il a dit. Contrairement à la logorrhée de « son vice-ministre de la Défense nationale qui semble s’éteindre, Bensalah ne parle pas beaucoup, non qu’il est avare de mots. C’est qu’il  n’a rien à dire, ou s’il a un quelque chose à dire, il le murmure, en aparté, en silence, comme à la sauvette, de peur d’être entendu des Algériens. Il a appris plus à obéir qu’à agir. Bédoui, aussi, non qu’il ne parle pas, il ne sait pas parler.

Ce ne sont pas des hommes de parole. S’ils l’étaient, ils seraient partis et les Algériens les auraient, certainement, applaudis et oubliés. Mais Bensalah, joue-t-il le pompier du système au profit du clan de Bouteflika qui n’a pas encore dit son dernier mot tant Gaïd Salah, le général debout qui apparaissait le messie d’une Algérie révoltée est apparu sous les coups  montés d’un ancien barbouze du règne du bouteflikisme, courbé, genoux à terre ! Et qui mieux que Abdelkader Bensalah, l’homme des tâches serviles, pour nourrir toutes les nostalgies des servilités d’un compagnonnage pavlovien avec Bouteflika dont il entend appliquer à la lettre la feuille de route, quitte, ainsi que le propose, du reste, Me Brahimi, à reporter les élections, c’était dans le projet de l’ex-Président de la République, à tenir une « assemblée constitutive en dehors de la Constitution », c’était encore dans le message du 8 mars dernier de l’ex-Président de la République.

Tandis que sur le plan politique, le système s’entête à appliquer à la lettre la feuille de route du Démissionnaire Bouteflika avec l’aide de ses intérimaires, ses porte-voix, se légitime par l’alibi constitutionnel, il tente, dans le même temps, d’engager, en son sein, des opérations de grand nettoyage afin de faire croire qu’il est lavable et réformable de l’intérieur.

Ainsi, le parquet de Sidi M’hamed (Alger) a, selon les informations livrées par le média officiel de l’ENTV, a convoqué, pour ce mardi, l’ex-premier ministre Ahmed Ouyahia et le ministre des Finances Mohamed Loukal dans le cadre d’une « enquête sur  la dilapidation de deniers publics ». Mais qui a les prérogatives parmi les ministres chargés d’«affaires courantes » pour actionner de telles démarches ? Ahmed Gaïd Salah a avoué dans son discours de mercredi dernier de Ouargla être empêché de faire poursuivre les corrompus et corrupteurs ? Est-il compétent pour ce faire ?

Le régime en place se veut donc, présentement, bicéphale et cette bicéphalie est en vase communicant : alors qu’il peine à se donner une crédibilité « politique » pour résoudre une crise politique dont il est l’origine ( non pas à l’origine), il veut faire croire au mouvement de la contestation du 22 février qu’il a entendu ses appels au « changement radical » en jetant en pâture ses brebis galeuses, comme si la corruption, engrenage et moteur du  noyau dur du pouvoir, était lavable ou réformable de l’intérieur de ses rouages.

En sacrifiant les siens dont il n’a plus besoin sur le moment car trop compromis, quitte à les recycler plus tard sous des cieux plus cléments, le système veut se donner une bonhomie avenante,  « bon enfant » sur un visage qui se vampirise de jour en jour. Mais, que de plans diaboliques a déjoués jusque-là la rébellion algérienne ! Les millions d’Algériens qui occupent pacifiquement l’Algérie du dehors, celle de la révolte et des revendications exigeant le départ illico presto du système en place et sur place, savent que ce système, même avec le départ des Bédoui, Bensalah, Gaïd Salah, il y en a encore d’autres, et d’autres à débusquer dans la survie des clans et de leur porte-voix.

La force du mouvement insurrectionnel est de ne jamais crier victoire devant ceux ou celles qui lui font croire être ses impénitents plaideurs…

 

Auteur
Rachid Mokhtari, écrivain journaliste

 




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