29 mars 2024
spot_img
AccueilMondeAccord Maroc-Israël : la fureur d'Alger

Accord Maroc-Israël : la fureur d’Alger

COMMENTAIRE

Accord Maroc-Israël : la fureur d’Alger

Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a conclu jeudi sa première visite au Maroc, concrétisée par un accord de coopération sécuritaire « sans précédent » avec le royaume chérifien. Un accord qui a déclenché la colère du régime à Alger. 

« Nous avons achevé une visite historique (…) qui va contribuer à la sécurité de l’Etat d’Israël et à ses relations étrangères », a indiqué un communiqué du bureau de M. Gantz.   

Avant son départ, l’ancien chef de l’armée israélienne a rencontré jeudi le patron du contre-espionnage marocain et visité, visiblement ému, la synagogue Talmud Torah, la dernière de Rabat. 

Ce déplacement de 48 heures au Maroc, le premier par un ministre israélien de la Défense, s’est matérialisé par la signature d’un accord sécuritaire bilatéral qui « permettra une coopération industrielle, militaire et dans le domaine du renseignement », s’est félicité M. Gantz. 

- Advertisement -

Il s’agit du premier accord du genre entre Israël et un pays arabe, qui devrait faciliter l’acquisition par le Maroc de technologies de l’industrie de défense israélienne. Même si aucun contrat d’achat d’armement n’a été confirmé pendant la visite. 

L’Etat hébreu est l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme le très controversé Pegasus de la société NSO. Un logiciel qui a permis, selon plusieurs médias, au Maroc d’espionner de nombreux hommes politiques français dont le président Macron, mais aussi des personnalités algériennes. Aussi grave qu’elle puisse être, cette affaire n’a manifestement pas entamé les relations entre Paris et Rabat. 

« Le Mossad à nos frontières » 

Le Maroc n’est pas le premier pays à avoir des accords avec Israël. Presque tous les pays du Golfe ont rétabli leurs relations avec Tel Aviv. Mais à Alger, l’accord passé par le voisin marocain ne passe pas.

Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a indiqué jeudi que « c’est l’Algérie qui est visée » par la visite du ministre de la Défense israélien. Le vieux Goudjil (90 ans) est l’un des premiers à s’en prendre à l’accord entre le Maroc et Israël.  

« Si cette visite avait été celle du ministre du Tourisme ou de l’Economie de l’entité sioniste, elle aurait pu être interprétée comme entrant dans le cadre des relations déjà en place, bien que dissimulées, entre ce pays (Maroc) et l’entité sioniste, mais dès lors qu’il s’agit de la visite du ministre de la Défense de cette entité au Maroc, c’est l’Algérie qui est visée », a affirmé le président du Conseil de la nation.

Un an à peine après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, cette entente militaire survient dans un contexte régional tendu. Au cours de son séjour, M. Gantz a mentionné à plusieurs reprises les « menaces et défis grandissants dans la région ».  

Alger a rompu, en août, ses relations avec Rabat en raison « d’actions hostiles » du royaume, sur fond de rivalité régionale et de querelle sur la question du Sahara occidental, qui oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l’Algérie. 

Le nouvelle alliance stratégique entre Marocains et Israéliens n’a pas manqué d’irriter les Algériens qui se sont sentis « visés » par la visite du chef de la Défense israélienne chez leur voisin. 

« Le Mossad à nos frontières », s’est inquiété L’Expression, quotidien francophone proche du pouvoir algérien. 

« Conflit du Sahara: faut-il s’inquiéter d’un axe Alger-Téhéran aux portes du Maroc ? », a répondu le site d’information économique marocain Medias24. 

L’Iran a d’ailleurs été évoqué au cours des discussions entre officiels israéliens et marocains.  

« Nous avons entendu parler des activités auxquelles l’Iran se livre dans cette zone et en Afrique. Preuve supplémentaire que l’Iran n’est pas un problème israélien mais réclame une action internationale », a estimé un responsable sécuritaire israélien sous couvert d’anonymat. 

Le Maroc a rompu ses relation diplomatiques avec l’Iran en 2018 en l’accusant d’avoir « facilité une livraison d’armes au Polisario » via son allié du Hezbollah libanais et son ambassade à Alger. 

Le Hezbollah avait rejeté ces accusations et a imputé la décision marocaine à des « pressions » étrangères. 

Au delà du Maghreb, le spectaculaire rapprochement entre le Maroc et l’Etat hébreu — qui se traduira dès le mois prochain par une importante mission du patronat marocain en Israël — a soulevé la colère du mouvement islamiste palestinien Hamas.     

Le Hamas a « exhorté tous les pays arabes à stopper la normalisation avec l’occupant israélien (des territoires palestiniens) », la qualifiant de « coup de poignard dans le dos du peuple palestinien ». 

Si la cause palestinienne a recueilli historiquement une large sympathie de la population marocaine, elle ne mobilise plus autant dans la rue. 

Une petite cinquantaine de militants propalestiniens ont tenté de se rassembler mercredi devant le siège du Parlement à Rabat avant d’en être empêchés par les forces de l’ordre. 

En effet, la normalisation entre le Maroc et Israël n’a pas provoqué de contestation massive du fait de la reconnaissance par les Etats-Unis, en échange, de « la marocanité » du Sahara Occidental, considérée comme la « première cause nationale » à Rabat. 

Auteur
L.M./AFP

 




LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici