18 avril 2024
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Affaire Djabelkhir : juges de l’opinion et auxiliaires de l’arbitraire !

TRIBUNE

Affaire Djabelkhir : juges de l’opinion et auxiliaires de l’arbitraire !

Saïd Djabelkheir, sociologue de l’Islam, comparait devant la justice pour des propos qui ont été jugés non conformes à la morale de l’État théocratique. Les années passent et les juges algériens ne changent pas de statut, des auxiliaires du régime en place.

D’une manière générale je ne suis pas prompt à m’intéresser aux débats houleux des personnes ayant voués leur vie à étudier, décortiquer et analyser les textes religieux de l’Islam, y compris ceux qui sont qualifiés de « modérés ». 

En cette matière j’ai appris, en plus d’un demi-siècle, que cette modération n’est absolument pas celle qui me rassure et qui me console de la terreur des dogmes de cette religion et des personnes qui ont fait leur métier d’un domaine qui me semble dangereux pour l’humanité.

Mais, comme toujours, les démocrates et les humanistes, dont je revendique modestement l’affiliation, doivent s’insurger contre tout empêchement de la liberté d’expression, fût-elle lointaine à sa propre préoccupation ou position naturelle.

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Pour quel crime, quelle abomination, quel appel au génocide, Saïd Djabelkhir est-il menacé par la justice ?

Il aurait affirmé, entre autres monstruosités intolérables pour les magistrats algériens, que la circoncision est une coutume païenne reprise par le monothéisme.

Et c’est cela son crime ? Le dernier des abrutis dans ma classe de collège à Oran le savait. C’est d’une évidence attestée et tellement banale dans la connaissance de l’histoire de l’humanité et de leurs pratiques religieuses.

Pourquoi n’aurait-il pas le droit de rappeler cette évidence ? Et même si cela aurait été une erreur au regard de l’histoire, que viennent faire là des magistrats ?

Hélas, le site de cette personne, que je ne connais pas, est rédigé en arabe pour la plupart des posts. Je n’ai pu lire les propos mais je m’en reporte aux informations concernant les déboires devant des magistrats qui, décidément, n’ont pas compris que la chute du régime militaire, tôt ou tard, sera un coup de massue pour eux car ils passeront de l’autre côté de la barre du tribunal.

C’est intolérable que ce régime militaro-civil, à cause d’une théocratie qu’il a enfanté pour le protéger en en faisant de son chantage un rempart, puisse avoir des magistrats aussi nombreux et depuis toujours qui soient à sa botte.

Ils sont coupables d’un régime autoritaire et corrompu, ils ne pourront à mes yeux s’en défaire sans une très large mise en accusation pénale lorsque le moment viendra. Les régimes théocratiques et militaires ne peuvent tenir longtemps par la terreur sans auxiliaires qui les légitiment et les protègent.

Depuis 1962 ils sont coupables de tant d’incarcérations pour délit d’opinion que l’éternité ne suffirait pas pour les incarcérer en rapport avec les souffrances endurées.

Ces dernières années, alors qu’on pensait qu’ils avaient encore un fond d’intelligence pour retourner leur veste, nous dirions plutôt un instinct de survie, jamais le nombre d’incarcérations pour opinion n’a été si accélérée dans un temps si court.

Porter un drapeau, tenir un blog, développer une réflexion et ainsi de suite ont mené tant d’innocents en prison. 

Je n’ai jamais oublié que le 11 mars 1995 j’avais publié sur El Watan, comme souvent à cette époque, un article menaçant les généraux pour leur comportement suicidaire.

Une gentille invitation à venir prendre le thé avec un sympathique juge d’instruction m’avait été envoyée au siège du parti. Le juge avait pris acte d’une plainte du Ministère de la défense. En fait, ce fut un ordre donné au juge qui l’avait appliqué avec un zèle étonnant dans sa rapidité.

J’étais à l’étranger et commença alors mon second exil. Mais alors, pourrait-on me rétorquer, si c’est sur ordre des généraux, pourquoi les juges algériens en seraient-ils responsables ?

Des magistrats qui continuent à salir la robe de la magistrature en poursuivant ce métier tout en sachant qu’ils sont des auxiliaires du régime militaire, je les considère comme lourdement responsables.

En plus d’un demi-siècle, a-t-on jamais entendu un seul d’entre eux se révolter, refuser la compromission honteuse ou s’exprimer par une tribune accusatoire ?

Je suis donc solidaire avec cette personne et je réitère mon mépris le plus profond contre la lâcheté et compromission d’une magistrature qui insulte le métier honorable qu’ils osent représenter.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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