27 avril 2024
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Algérie-France : « Le coq est roi sur son fumier » !

REGARD

Algérie-France : « Le coq est roi sur son fumier » !

Les élections n’ont jamais été ni le printemps des démocraties, ni l’hiver des dictatures. L’autorité des dirigeants des ex-pays socialistes reposait sur le mensonge idéologique, l’endoctrinement politique et l’embrigadement militaire.

Ces dirigeants constituaient une minorité dominatrice laquelle ne s’intéresse qu’à sa propre survie et à ses gains personnels aux dépens de larges couches de la population. Quant aux dirigeants du monde occidental, ils n’inspirent aujourd’hui aucune confiance, aucun respect. Tout ce qu’ils peuvent susciter, c’est la jalousie de leur vie d’opulence, jalousie de l’aisance avec laquelle ils dupent les dirigeants des  pays africains.

En matière de politique économique, le conseil des français aux africains, celui du curé à ses paroissiens : « faîtes ce que je vous dis mais ne faîtes pas ce que je fais ». Les dirigeants français manient avec brio la politique de la carotte et du bâton importée des Etats-Unis pour assurer la croissance de leur économie en partant du principe que la  population est une ressource à mobiliser, à motiver et à valoriser. Quels en sont les mécanismes ?

Pour les saisir, empruntons cette parabole bien française : posez un âne devant vous et tentez de le faire avancer, bien entendu il refuse. Munissez-vous dans la main gauche d’une carotte, et dans la main droite d’un bâton. Pour le faire avancer, vous avez le choix entre lui mettre la carotte sous le nez et la faire reculer au fur et à mesure que l’âne avance pour essayer de la croquer ou lui donner des coups de bâton pour qu’il avance. Déplacez-vous en Algérie, remplacez les mains par des clans. L’un dispose de la carotte (le pétrole) et l’autre du bâton (l’armée). Partez du postulat que la population est une charge  à supporter pour l’un et un manque à gagner pour l’autre. La décision ne peut résulter que d’un rapport de forces. Soit un rapport dominant/dominé, c’est la loi du plus fort ; soit un rapport équilibré, c’est la recherche d’un consensus.

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Or les clans se sont entendus pour ne jamais s’entendre. Résultat des courses, c’est l’immobilisme. En France, c’est la nation à travers ses représentants qui décide (rapports de production).

En Algérie ce sont les clans à travers des luttes que se partage la rente (rapports de distribution). Là, vous avez une nation qui produit dans le cadre d’une économie de marché. Ici vous avez des clans qui dépensent à la faveur d’une économie rentière. Ici et là,  l’Etat n’est qu’un instrument,  c’est l’usage qui fait la différence. « Il n’y a pas de mauvais outils, il n’y a que de mauvais ouvriers ».

Une fois le territoire libéré de l’occupation coloniale française, les Algériens devenus libres oublièrent très vite le burnous trempé de la colonisation pour enfiler la  djellaba blanche de l’indépendance. C’est le repos du guerrier. Il s’installa dans un patriarcat primaire. Il prend son bâton de pèlerin et nationalisa les gisements pétroliers et gaziers pour asseoir son autorité et sa légitimité. Ce n’est pas un hasard si la nationalisation des hydrocarbures coïncida avec la commémoration de l’anniversaire de l’UGTA. Les algériens ont cessé d’être des travailleurs pour devenir des rentiers. Ils émargent à une grille des salaires. Des salaires sans contrepartie productive.

 Chacun attend son virement postal en fonction de son grade dans la hiérarchie et de sa position dans le réseau clientéliste dominant. Les gains qui en ont résulté sont considérables que ce soit en matière de développement de l’éducation et des installations sanitaires qu’en amélioration de logements des services publics de transports ainsi qu’en accroissement de la consommation.

De tels effets n’auraient jamais eu l’occasion de se réaliser si l’exploitation des réserves algériennes étaient abandonnées à des intérêts étrangers. C’est là qu’apparaissent les nécessités d’appropriation nationale de ces ressources et l’utilité d’un plan d’utilisation volontaire et efficace de ces ressources. 

Si la nationalisation des hydrocarbures est une décision salutaire de l’armée aux commandes, la responsabilité de l’utilisation de ces ressources à des fins stratégiques incombait à l’élite intellectuelle qui en avait la charge. Malheureusement, elle n’a pas été à la hauteur de la confiance placée en elles. Elle s’est fourvoyée, aujourd’hui, nous payons le prix fort de son manque de clairvoyance, de lucidité et de sagesse.

Elle est tombée dans le piège du néo-colonialisme. Elle a tourné le dos à la population pour se rapprocher de la métropole en poursuivant la politique de pacification du général de Gaulle, l’achat de la paix des braves à présent de la paix sociale. L’idéologie du ventre (ventre plein et la tête vide) faisant office de stratégie de développement (exporter les richesses et importer la pauvreté). Compte tenu de la progression démographique et de la chute vertigineuse de la production locale, l’avenir ne peut être envisagé avec optimisme. C’est pourquoi l’Etat connaîtra une instabilité d’autant plus grande que les problèmes économiques et sociaux deviennent plus aigus.

Devant la crainte d’une instabilité chronique et contagieuse, les pays européens suggèrent à leurs interlocuteurs sollicitant un appui, l’accès au pouvoir d’une équipe jeune acquise à la « modernité » ; modernité dans le sens de l’imitation servile des idées et des habitudes de consommation occidentale sans rapport avec les capacités de production propres du pays ou la couverture des besoins de la majorité de la population.

Pourtant c’est bien cette imitation aveugle à sens unique qui a affaibli les capacités de résistance de l’économie du pays et la cohésion des larges couches de la population. Ce sont ces deux phénomènes qui sont à l’origine des tensions sociales et de la fragilité de l’Etat post colonial. Il s’agit de savoir si cette élite ciblée est capable d’imaginer, de définir et de mettre en œuvre un modèle institutionnel et de développement qui ne soit pas de pure imitation, capable de voir et de comprendre sa propre société, capable d’évaluer ce qui est possible et ce qui l’est moins.

Rares sont les élites qui, s’appuyant sur leurs propres héritages socio culturels y compris colonial, sont déterminées à surmonter les difficultés auxquelles est confrontée leur société  car la solution à la crise, c’est d’abord l’effort interne du pays, plus on parvient à se mouvoir par ses propres moyens moins on est demandeur, moins on est vulnérable. Si encore l’influence française avait suscité a science, la technologie, la démocratie, cela aurait été demi mal.

Le but de l’occident est d’ordonner et de soumettre la dynamique sociale à un centre d’impulsion unique : L’Etat pensé comme moteur de la transformation de la société et pratiqué comme un lieu d’hégémonie occidentale. Il nous semble que la solution définitive à nos problèmes réside dans un changement qualitatif dans nos rapports avec l’occident, dans notre complémentarité avec les économies des pays du sud et dans les bouleversements fondamentaux que nous pouvons apporter à nos institutions, pâles copies de nos illustres maîtres à penser. Mais cela suppose la participation de la population à la prise de décision ; une vision claire de l’avenir et une réelle maturité des pays du sud.

Les jeunes d’aujourd’hui qui n’ont pas connu la France coloniale, le socialisme de la mamelle, la guerre fratricide des années 90 et la corruption des années 2000, sont conscients que  le monde qui les entoure est une jungle, il y a des lions et des renards.  En Europe et au Canada, « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », tu es un lion parmi les lions.  Chez toi en Algérie, « tu mangeras du pain à la souplesse de ton échine », tu es un renard parmi les renards.

Le Français produit son pain à partir de son propre blé, et l’algérien de l’importer de France en pièces détachées. L’américain mange debout, le français mange assis, l’algérien mange couché « Regda out mangé ». On pourra discourir sur la démocratie et les droits de l’homme le jour où le citoyen « lambda » pourra payer de son propre argent « gagné à la sueur de son front » le policier, le soldat, le juge, l’enseignant, l’hôpital, l’école, les soins médicaux etc. Il n’y a pas de démocratie sans développement et non plus pas de développement durable sans une démocratie réelle. Les deux vont de pair.

On marche avec ses deux pieds, un pied droit et un pied gauche sous l’impulsion d’un cerveau unique. Le jour ne se lève qu’après une longue de nuit de sommeil. Le soleil de la démocratie ne brille pas d’un seul coup, il monte  progressivement. L’Etat de droit n’est pas du prêt à importer ou un météorite tombé du ciel. « En temps de crise, le sage construit des ponts, le fou construit des murs ».

Dr A. B

Note : 

  1. « Esprit français » quand tu nous tiens, nous sommes prêts à vendre notre âme au diable, pour peu que les tiens nous comptent parmi les leurs. Nous n’apprenons pas nos leçons d’histoire. Nous ne savons toujours pas « la date de la bataille de Marignan » (Lenny Escudero) et nous ne cessons pas de chercher après « nos ancêtres les gaulois » qui sont pourtant des « amazighs », des hommes libres.  

  2. Les français se servent de cette parabole de l’âne pour signifier que même un âne peut avancer si on sait manipuler la carotte et le bâton.. Avec un beau pays et ses immenses richesses et une population jeune assoiffée de savoir qui ne rêve que de fuir le pays à bord d’embarcations de fortune  que la mer soit calme ou agitée afin de rejoindre les rives inhospitaliers de l’Europe du Sud. Cela n’interpelle personne !

  3. La France coloniale s’est rendu compte vers la fin des années 50 qu’elle ne pouvait pas venir à bout de la rébellion algérienne avec les méthodes classiques héritées des deux guerres mondiales. Elle s’est servie de la ruse des algériens pour les retourner les uns contre les autres. Pourquoi ne pas faire appel à  l’intelligence de chacun et de tous pour débattre en toute objectivité de nos problèmes et chercher des voies et des moyens d’en sortir en faisant appel à notre raison et non à nos émotions ou nos ressentiments. 

         (*) Le titre est un proverbe français

 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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