26 avril 2024
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Amirouche Amwanes : la puissance pérenne du verbe kabyle !

Impérieuse culture du terroir

Amirouche Amwanes : la puissance pérenne du verbe kabyle !

Au vu des hommages rendus à nos artistes disparus, d’aucuns pourraient (trop vite) en conclure que l’enchantement et l’authenticité de notre culture ont été enterrés avec eux.

Non ! La culture impérieuse du terroir n’a pas disparu avec les ténors de l’émigration des années 1950-60. Pour preuve, le jeune Amirouche Amwanes. Avec lui, et de nombreux autres inconnus qui se débattent avec leur talent, souvent derrière le rideau, la relève est assurée, bien assurée, et… les obstacles qui vont avec aussi !

Étant donné que ces jeunes souffrent des mêmes difficultés que leurs aînés : la marginalisation par les canaux officiels grand-public, tels que l’ENTV. Du coup, ils se démènent comme ils peuvent sur YouTube.

Question à dix sous : qui de nos colons du Nord ou de ceux de l’Est, ceux d’hier ou ceux d’aujourd’hui, nous ont le plus asservis ? 

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-Ceux du Nord nous ont colonisés territorialement, mais ils ont éveillé les esprits de nos aînés qui leur ont demandé de dégager de nos tibḥirin.  Avec beaucoup de sang et de larmes, certes, ils l’ont fait !

-Ceux de l’Est se sont infiltrés dans nos gènes pour nous endormir et nous convertir en mutants, obligés de leur ressembler. Comme dirait Fellag : « eh-chawhana ! », on se ressemble tellement qu’on ne sait plus qui est eux, qui est nous.

Comment se fait-il qu’en 132 années d’occupation, les conquérants roumis ne nous ont pas convaincus que nos ancêtres étaient Gaulois, et qu’en 60 ans, à peine, de Boumediene à Tebboune, les nouveaux ont réussi le pari de transformer la moustache de l’étalon du Kabyle soumis, tel Ouyahia, en défenseur virulent d’une cause qui s’acharne encore à faire de nous, ce que nous ne sommes pas ?

La réponse est simple, elle est énoncée par Amirouche et son majestueux « Suff-ɣen-iyi di ţufiq ». Ce qui signifie : Ils m’ont éjecté des tractations. Tout est dit ! 

N’est-ce pas ainsi que sous moult dominations nous vivotons encore, sans que qui que ce soit ne songe sérieusement à nous associer aux traçages des chemins de notre propre destinée (un an de Hirak n’y a rien changé) ne donnant dès lors d’autre choix à celui ou celle qui veut s’émanciper que celui de suivre des voies qui mènent à l’exil ? Il en a été ainsi hier, il en est ainsi aujourd’hui, il en sera certainement ainsi demain !

Accompagnant des textes d’une poésie ciselée en or massif, les clips de Amirouche Amwanes sont des productions tout simplement admirables. Avec des mises en scène épiques qui n’ont rien à envier aux péplums des années d’or hollywoodiennes, Amirouche nous conte notre Histoire, avec une poésie frémissante d’authenticité. 

Entre autres productions, citons le duo avec Idir « aḍu d udrar », réalisé en 2016. Pour que notre regretté Idir donne son quitus à une production kabyle, il faut qu’elle soit vraiment excellente !

Il est à déplorer que de telles œuvres n’atteignent péniblement que quelques dizaines de milliers de vues sur Youtube, alors que celles des ch’tih r’dih dépassent souvent le million. Ce qui, encore une fois, donne raison à Lounis Aït Menguellet quand il exprime : « acaka id nerbeḥ ? nerb-hed a-n-ɣenni nerb-ḥed a-necḍaḥ ! » (Quelle est notre victoire ? On peut tous chanter, on peut tous danser !).

Laissons donc Amirouche Amwanes nous conter pourquoi « neţ-wa-ssuffɣe-d di-ţufiq ». 

Il est très difficile de tout traduire aux non-berbérophones, mais le ton est donné par le postulat : « Win uwmi efkan ɛacra duru yedda d-arbib ssu-camar ». Ce qui signifie, en première approximation : pour 10 centimes, il se laisse convertir en barbu-aliéné. « arbib » (prononcer arviv, selon l’alphabet de Mouloud Mammeri) en kabyle est cet enfant issu d’une première union, et que la femme prend avec elle, en secondes noces. C’est donc un enfant adoptif pour la nouvelle famille. Mais là où Amirouche tape fort c’est à travers la métaphore « yedda d-arbib ssu-camar » pour nous persuader des enfantillages des bou-llahia !

Auteur
Kacem Madani

 




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