25 avril 2024
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Béjaïa : Le festival de la chanson Amazigh sous la tempête des opposants

POLEMIQUE

Béjaïa : Le festival de la chanson Amazigh sous la tempête des opposants

La 17e édition du festival de la chanson amazighe qui a eu lieu à Béjaïa du 16 au 20 août, en hommage au regretté Karim Tizouiar – auteur-compositeur et interprète kabyle qui a fait partie du groupe Agraw-, a résisté aux entraves.

En effet, on pointe du doigt la page Facebook «Béjaïa soit l’observateur» qui a affiché son total désaccord à l’idée d’organiser ce 17e événement qui a vu le jour en 1999.

Ces opposants, un groupe de jeunes qu’on peut compter sur les doigts d’une main sont aussi des citoyens de la même ville. Ils ont appelé au boycott du festival sur les réseaux sociaux avant de protester dans la rue. Le coup d’envoi de l’événement a connu une perturbation.

Rassemblés devant le stade scolaire où a été programmé le festival, des jeunes ont brandi des pancartes et ont scandé : «Béjaia n’a pas besoin de danser mais de se faire propre, de revêtir ses routes et d’aménager ses hôpitaux….Nous voulons la collecte des ordures ménagères qui jonchent les rues et Dam Nature…»

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Selon eux, la priorité devrait être donnée aux secteurs de l’économie, de l’industrie et de celui de la santé…

Certes, la wilaya de Béjaïa enregistre un très grand retard en terme de développement local. Le réseau routier est en piteux état, l’environnement est gravement dégradé et le secteur de la santé est en proie à la dégradation. D’ailleurs, ladite page n’a pas arrêté d’alerter les responsables avec lesquels ils sont en conflit. Ces derniers sont traités de «bras cassés» par les administrateurs. 

Certains pensent qu’il ne faut pas remettre en cause une association à caractère culturel qui ne s’occupe que de son programme. Pourquoi donc être en désaccord avec le seul secteur d’activité qui anime un tant soit peu la ville des Hammadites, en l’absence de loisirs ? se sont demandé les acteurs de la société béjaouie.

«Réactions : faut-il remettre en cause les opposants ?

Sadek Rebai, président de l’APC d’Aït Smaïl à l’est de Béjaïa) et ex-président de l’association Adrar n Fad, qui a beaucoup travaillé pour la promotion de culture amazighe a qualifié ce mouvement d’opposition de «stupide». Il estime qu’au lieu de partager les programmes concoctés, faire circuler les œuvres des artistes et les encourager, on freine l’unique événement culturel qui distrait les familles en avançant des prétextes et des raisons superflues. 

« Boycotter Oulahlou, Allaoua, Ali Amrane et d’autres chanteurs et artistes qui ont porté haut et fort -à l’international- nos valeurs, notre identité et notre culture est absurde», a-t-il tonné. 

«Il faut être clair et net : s’opposer au festival, c’est nourrir l’obscurantisme, l’islamisme dans l’un des bastions de la tolérance, de l’ouverture et de démocratie», a déclaré fermement le maire.

Plusieurs personnes de la société civile ont exprimé leur soutien au festival. Les citoyens auraient aimé voir leur ville se développer et organiser plusieurs festivals similaires. «Si j’avais les moyens j’organiserais chaque jour un festival pour animer nos villes mortes» a déclaré un facebookeur. «La chanson ne signifie pas seulement danser (chtih w rdih). Elle a tout le temps accompagné les luttes révolutionnaires. Mieux encore, elle a éveillé et réveillé les consciences. […] Ceux qui s’opposent audit festival sont contre la culture», ajoute-t-il.

Karim Mersel, enseignant à l’Université de Béjaïa et militant des causes justes, est sorti de son silence pour dénoncer ce «sabotage». Ce jeune poète qui interprète parfaitement les chansons de Matoub Lounès dans sa voix et sa mélodie, était en direct des lieux du déroulement des festivités : « Ce festival est un acquis de luttes acharnées de plusieures générations de militants de la cause amazighe. C’est un espace pour la promotion de tamazight, un lieu de reproduction des artistes et le seul espace pour les chanteurs engagés à l’image d’Oulahlou. De quel droit veut-on lui interdire cette occasion de monter sur scène ?». Voilà qui est dit.

Auteur
Mounir Outemzabt

 




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