18 avril 2024
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Ce Yennayer, commémorons notre part de berbérité commune et ancestrale

REGARD

Ce Yennayer, commémorons notre part de berbérité commune et ancestrale

Les abrutis ne se reposent jamais et commencent déjà à interdire une fête, à peine décrétée sur le plan de sa manifestation publique et nationale, comme ils interdisent toute expression de joie. Interdire, voilà le seul verbe que leur cerveau, dénué de toute raison, a pu apprendre.

Je n’ai pas attendu la loi pour me solidariser avec mes compatriotes berbérophones et partager avec eux tous les moments d’humanité qui nous font communier dans la fraternité.

Cela dure depuis si longtemps dans la presse que j’en suis harassé de répéter toujours les mêmes phrases en ayant ce sentiment qu’on n’avance pas beaucoup. Mais que nos frères berbérophones ne s’en offusquent pas, il arrivera un moment, pour la génération suivante déjà née, où tout cela sera si naturel qu’il ne sera plus nécessaire de rappeler une évidence.

Je suis dans le militantisme et cela peut agacer certains qui pensent qu’on ne devrait pas rabâcher ce qui va de soi, je peux le comprendre. Mais pour le moment, quelle que soit notre profonde intégration d’esprit, nous n’avons pas eu une éducation qui nous permette de maîtriser tout car cela ne nous a pas été transmis, nous en sommes innocents.

Nous avons donc encore besoin des berbérophones pour nous apprendre à construire notre liberté de commémoration à propos de Yennayer.

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Alors, nous avons encore besoin, pour un moment, qu’ils nous expliquent et nous transmettent, non pas le sens de Yennayer et sa date, un simple effort d’instruction nous l’a déjà appris, mais les gestes et actes traditionnels de la célébration. Ce dont nous avons besoin est qu’ils nous montrent et nous éduquent aux rituels, aux mets de circonstances et ainsi de suite.

Le reste est d’ordre festif, tout simplement. Et le festif, c’est naturel pour tous, pas besoin d’explication pour le bonheur de la célébration commune. La joie, souvent celle de la jeunesse, a son langage universel qui est déjà prêt.

Puis, lorsque tout cela sera profondément intégré, chaque communauté, chaque individu mettra le sens qu’il souhaitera à cette célébration et l’accompagnera de la coutume qui lui est la plus spontanée. Et ce qui est spontané traverse les siècles de sa solidité, car la spontanéité c’est la vérité de chacun.

Je comprends la colère légitime de nos compatriotes qui accusent quiconque de circonscrire la berbérité à du folklore et des coutumes (et donc accuseraient mon article de ce travers). Mais une fête, une célébration, c’est aussi des coutumes, les premiers marqueurs de l’expression d’une identité. Nous savons que celle-ci est beaucoup plus profonde. Je le sais parfaitement, pas la peine que certains, même gentiment, me le rappelle, ce serait heurter mon intelligence.

Ils ont assez souffert de ce qu’on a voulu qu’ils soient et non de ce qu’ils étaient. L’Algérie est également berbère, depuis la nuit des temps, il faudra qu’un jour cette évidence soit dans tous les esprits. Pas « également » mais « surtout » diront beaucoup, cela n’a en fait aucune importance car ce qui compte est l’existant, les êtres humains et leur présent. L’intelligence, ce n’est pas du passé mais une attitude et un esprit du vivant. Se revendiquer du passé sans apporter sa pierre n’a strictement aucune valeur et c’est se défausser de ses responsabilités et de ses lacunes du présent, quelles que soient l’origine et la beauté du passé.

Mais il est vrai que nos compatriotes n’ont pas bénéficié de cette ouverture d’esprit et ressentent douloureusement qu’on leur attribue une identité culturelle et sociologique qui n’est pas la leur (ou pas seulement la leur), tout au moins celle transmise par leurs racines familiales et territoriales.

Quant à moi, je suis un Algérien francophone indéracinable et je ne prête que très peu d’attention aux commémorations religieuses et identitaires tout en y participant avec le cœur. Aucune autre attitude ne peut m’être exigée pour l’attestation de mon algérianité, par les uns ou par les autres. Aucune !

Raison pour laquelle je suis présent, dans la joie, avec tout le monde. Bonne fête de Yennayer à tous !

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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