« Eloge de la l’irrévérence » est franchement un livre à lire pour se sentir profondément humain.

Quelque que soit son origine, son pays, sa croyance, ou sa religion, l’être humain doit se sentir libre. Et la presse doit avoir ce mérite de la liberté, voire de l’irrévérence, si nécessaire. Cet essai écrit à quatre mains par deux avocats, Georges Kiejman et Richard Malka, retrace leurs plaidoiries lors de ce procès tenu les 7 et 8 mars 2007 et appelé « procès des caricatures » publiées par l’hebdomadaire satirique Charlie hebdo.

« Dans la vie d’avocat, il y a des plaidoiries qu’on n’oublie pas. Elles vous obsèdent des mois, vous réveillent la nuit, vous rendent malade, puis vous marquent pour toujours », lit-on en quatrième de couverture. C’est donc ce lourd legs que les deux auteurs nous livre dans ce livre dense, concis et superbement écrit.

Pendant tout ce procès, Philippe Val, directeur de la publication de l’époque, affirmera que « ces caricatures s’adressent à des idées, elles ne stigmatisent pas des hommes ». Le jugement du tribunal de grande instance de Paris est rendu le 22 mars 2007. Charlie hebdo a été relaxé. Le tribunal considère qu’en France, société laïque et pluraliste, le respect de toutes les origines va de paire avec la liberté de critique les religions, quelles qu’elles soient. Le jugement admet cependant que « des restrictions » peuvent être apportées. Quand à la liberté d’expression, elle doit être la manifestation d’une action naturelle, dénuée d’arrière-pensées. Ou calculs à même d’attenter à la dignité d’une personne.

Charlie hebdo a publié 38 Une sur les religions. 21 traitent du christianisme. Et 7 de l’islam. 

Défendre le droit de publier des caricatures ne signifie pas forcément qu’on approuve leur contenu. Mais cela relève de la liberté de la presse. Mais aussi de pensée de l’autre. De la différence d’opinion.

« Il y a des limites à la liberté d’expression. Personne ici ne plaide la liberté d’expression absolue. Cette limite, quelle est-elle ? Elle n’a rien avoir avec la religion et le sacré. La seule limite c’est de ne pas inciter à la haine ou injurier ou diffamer des personnes à raison de leur religion », assurent les auteurs-avocats.

Charlie hebdo, on sait ce que c’est, donc on n’est nullement obligé de l’acheter, si on en est pas convaincu. Cependant, on n’a pas non plus le droit, encore moins le devoir de l’empêcher de publier des caricatures.