26 avril 2024
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En Algérie, du pétrole, toujours du pétrole, rien que du pétrole !

REGARD

En Algérie, du pétrole, toujours du pétrole, rien que du pétrole !

«L’adduction a trois destinations : la prison, l’hôpital, le suicide », Nacer Bekhous

L’actualité  donne l’image d’un pouvoir qui veut briser le miroir afin d’exorciser les démons qui l’habitent devenus encombrants car l’empêchant de prendre de la hauteur et de la distance par rapport aux évènements et aux hommes. On nous apprend que le coût de production du pétrole ne dépasse pas à Hassi Messaoud les cinq dollars le baril, que son prix de vente qui est de 14 dollars atteindra les cinquante dollars d’ici fin juillet 2020 et que nos réserves pétrolières couvrent 26 ans de production. « Tout va bien, Madame la Marquise ». 

L’Algérie peut dormir sur ses lauriers. Le pétrole veille sur son sommeil, sa sécurité et sa stabilité. L’Algérie ne vit pas sur terre, elle est sur un nuage. Elle est à l’abri de la tourmente  planétaire qui se profile. Le pétrole nous enivre, le gaz nous pollue, l’argent facile nous aveugle. Les années fric du règne de Bouteflika sont devant nous. 

Il suffit de fermer les yeux. Le prix du brut grimpe, les coffres se remplissent, tout coffre a une serrure, toute serrure a une clé, l’argent devient roi, les années fric blanchissent les années noires. La femme investit l’espace public et l’homme s’enferme dans l’espace privé. Il se cache derrière les écrans. La femme envahit la fonction publique, l’homme quitte le travail, fuit la politique,  commente le match. « Nous sommes les meilleurs, nous marquons des buts avec notre langue, nous applaudissons avec nos pieds, nous réfléchissons avec notre ventre ». La politique, un spectacle gratuit de mauvais goût destiné à des enfants attardés n’intéresse plus personne. Qui dit mieux ou plutôt qui fait mieux ?

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L’Algérie est dans une salle d’attente. La femme est montée en grade, son mari bat en retraite. L’argent remplace le phallus au lit, castre l’homme et avilit la femme.  L’autorité et la responsabilité forment un couple séparé. Elles font chambre à part. Celui qui, décide n’est pas responsable et celui qui est responsable ne décide pas. Les jeunes couples se forment et se déforment à la vitesse de la lumière.

L’argent facile va et vient et fait des enfants. Nous nous couchons à deux et nous nous retrouvons à trois, quatre puis à cinq. Des milliers de logements seront importés de Chine. Gouverner, c’est prévoir. Avec le confinement, ils seront accompagnés de maternités équipées de tous les équipements sanitaires.

Après le Covid-19 ce sera le baby-boom, Qui assumera la responsabilité ? Evidemment personne. Les enfants n’ont pas demandé à venir au monde. Ils sont à leurs corps défendant livrés à eux-mêmes. Les algériens sont confinés chez eux de 17 heures à 07 heures du matin, douze longues heures.. 

L’oisiveté est mère de tous les vices « Dormez, dormez braves gens, le pétrole veille sur votre sommeil. Mais surtout, restez chez vous, dehors l’ange de la mort circule, il n’épargne personne ». Le coronavirus est dans la rue, dans les magasins, dans les mosquées, dans les administrations, dans les casernes. Il est partout et personne ne le voit. Il ferme les frontières, ouvre les morgues, les statistiques l’attendent.

Le palmarès revient comme toujours aux Etats Unis talonnée de près par l’Europe. Il ralentit l’activité économique, fait chuter le cours du pétrole, enflamme les prix des denrées alimentaires, bouscule les habitudes, crée une psychose,  ébranlé les Etats les plus puissants. Il défie l’ordre et crée le désordre.

 « Quand l’ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice » nous signale Romain Roland. Lorsqu’un certain type de stratégie de pouvoir s’identifie à une équipe dirigeante, il est peut être nécessaire de changer d’équipes pour parvenir à adapter le discours ; car le verbe peut servir de refuge à l’impuissance d’agir. Il y a une grande différence entre les hommes politiques et les hommes d’Etat, les uns pensent à la prochaine élection, les autres aux futures générations.

S’il est possible que des dirigeants intelligents reconnaissent leurs erreurs et soient disposés à les corriger, il est également possible qu’un peuple qui s’est libéré du joug colonial accepte de se dire des vérités et décide dans sa grande majorité d’amorcer des changements indispensables à sa survie dans un monde sans état d’âme qui ne laisse aucune place aux nations faibles.

La famine sera le critère déterminant de sélection des peuples à la survie. Si l’on veut réaliser la possibilité de l’Algérie de rompre avec le syndrome autoritaire et de mettre fin à la maladie de Stockholm, une analyse en profondeur des rapports entre les élites et le peuple est indispensable. Rare sont les dirigeants qui disent la vérité parce que faire de la politique c’est mentir. Et le grand mensonge est la rente pétrolière et gazière. Qui va abandonner la douceur de vie de la vallée pour emprunter les chemins tortueux de la montagne ? 
 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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