1/La contestation, l’indignation et finalement la révolte et la lutte

J’ai procédé à un rapide examen historique du comportement de certains peuples, nations, tribus face à la spoliation, la colonisation, l’apartheid, la discrimination, l’occupation, le mépris, l’humiliation, l’esclavage voire l’extermination mais aussi autres formes insidieuses de traitement toutes aussi insupportables d’un puissance ou d’un pouvoir contre des populations du même pays ou étrangères.

Certaines questions restent à mes yeux sans réponses et certaines situations inexpliquées.

Par exemple, je ne m’explique pas pourquoi les esclaves noirs des états du sud des USA n’ont-ils pas engagé une lutte armée contre les blancs racistes à l’instar des zoulous en Afrique du sud ou des indiens d’Amérique du nord, quitte à se faire massacrer.

D’autres populations, comme les peuples indous menés par Ghandi, ont protesté pacifiquement contre une répression violente et brutale de l’armée coloniale britannique. Ce même peuple qui a montré d’ailleurs des actes de violence innommables lors de la guerre de sécession du continent indien.

Je garde bien entendu à l’esprit les luttes révolutionnaire de liberté contre la tyrannie des monarques en Europe et dans d’autres partie du monde,  celles de l’indépendance des peuples contre la colonisation (Algérie, Vietnam,…) et l’occupation (Palestine, Libye,…) et plus récemment le printemps arabe et la lutte contre les dominations islamistes (Daech, GIA…).

Ces mouvements populaires, irrésistibles et héroïques des peuples pour la liberté et la dignité sont à mes yeux les signes les plus révélateurs et communicants de l’entropie d’une nation, l’aboutissement d’un rêve social.

J’observe au final, que se processus, Contestation, Indignation et finalement la Révolte et Lutte obéit à une combinaison (cinétique, temporelle et croissance) de lois qui échappent aux calculs statistiques, aux simulations, aux tactiques,  aux prévisions socio-économiques, aux complots, aux machinations, aux menaces et explosent parfois quand on s’y attend le moins.

Il est ainsi aisé de contredire Jean de la Fontaine : La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l’allons montrer tout à l’heure. Non ! L’histoire a dénoncé tant de fois ce dicton, n’est ce pas ? Au Vietnam, en Algérie…

Le pouvoir de la force supprime le droit, certes ! Mais il est utile d’ajouter, seulement pour un temps, court ou long selon les circonstances, la localisation, les peuples, mais le droit reprend toujours l’avantage sur la force imbécile.  

2. Après : Indignez-vous ! Stéphane Hessel écrivait Engagez-vous !

Dans un petit livre simple, l’auteur nous interpelle fortement pour que tout un chacun finit par ouvrir ses yeux et voir l’injustice, l’immoralité et l’abomination, écouter les souffrances et la grogne puis enfin dire et agir pour apporter une contribution au salut collectif et à la rédemption. Ne point s’indigner nous rend complice, ne point agir fait de nous des pleutres.

3. Je croyais que…

Devant les moqueries des présentateurs de certaines émissions de TV françaises, les reprises d’images affligeantes de notre président diminué et souffrant, les railleries des commentateurs sur des plateaux d’émissions politiques pointant une handi-Algérie, des chroniqueurs tout aussi sarcastiques, tous les Algériens patriotes éprouvaient souffrance et se sentaient profondément choqués, moqués et humiliés.

Seuls des bulletins laconiques lus par des journalistes contraints, donnaient la réplique en citant un rythme soutenu d’activités ou un ancien Président français en visite officielle en Algérie vantait son alacrité pour tromper personne.

Pourquoi soutenir l’insoutenable et s’entêter à tromper les Algériens ? Pour quelle cause et quels motifs ? Est-ce dans notre intérêt collectif ou pour des intérêts particuliers ?

Dans un précédent article j’écrivais : « La force de notre pays doit reposer sur la fierté de vaincre nos ennemis, l’ignorance, les obstacles au développement et toutes les forces du mal qui le minent de l’intérieur.

C’est autour de ce vaste débat que je souhaiterai aujourd’hui réunir les entrepreneurs, experts, politiques, universitaires et tous les acteurs de la société civile, afin qu’ensemble nous puissions poser la pierre angulaire de notre unité.

Pour ne pas rester dans le constat, l’indignation, la consternation voire le rêve, j’invite les forces vives du pays à s’exprimer et proposer des solutions, des actions, des moyens de sortie de cette perpétuelle dépendance pour bâtir nous-même notre maison commune : l’Algérie. Cela me fait penser à une citation du Duc de Sully « Tout homme dévoué à son pays doit payer à sa patrie son tribut de patriotisme en lui disant tout ce qu’il croit en sa conscience, être la vérité ».

Au fond de moi, je me disais : Ce que je fais, c’est tirer un coup de fusil dans les étoiles !  D’ici la fin de mon existence, jamais je ne verrai les fils de cette Algérie, sortir de cette somnolence, cette paralysie, cette indifférence et se soulever pour crier à l’unissons leur Contestation, leur indignation et finalement leur révolte…  

Ce que je vois aujourd’hui, dans les universités, dans les abords de la maison de la radio et de la télévision, dans les rues de la capitale et des grandes villes, me comble et me rassure.

Enfin, l’Algérie se réveille !

En définitive, oui, je me suis pleinement trompé !

L.G.

 (*) Lies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris. Il a occupé d’importants postes dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et enfin consultant pour divers organismes et sociétés étrangères asiatiques et européennes.