26 avril 2024
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Et la boîte de Pandore fut ouverte !

Lettre de Médéa

Et la boîte de Pandore fut ouverte !

Said Bouteflika demeure pour l’heure intouchable.

«Des malheurs qui sont sortis de la boîte à Pandore/Celui qu’à meilleur droit, tout l’univers abhorre/C’est la fourbe, à mon avis. » La Fontaine. Fab.III,6

De révélation en révélation, et de lamentations en lamentations, les puissants d’hier, entre serfs, affidés et courtisans zélés du roitelet déchu Bouteflika, tels des loups-garous s’entre dévorant et s’entretuant, se pointant un doigt délateur et accusateur du sempiternel «  ce n’est pas moi, c’est lui » aux fins de se couvrir d’un voile pudique et d’une auréole de sainteté, des dérives despotiques et autoritaires, de 20 années de présidence absolue de leurs ex-fakhamatouhoum. Une pitoyable fin de ces pharaons qui ont trouvé en le grand peuple d’Algérie leurs moise.

Rien de cela ne serait arrivé, n’eut été le Hirak, cette formidable mobilisation populaire, battant le pavé depuis le 22 février pour dire Basta, et par ricochet, libérant sur son passage, notre presse, nos journalistes, nos juges et notre justice, du pain béni pour nos magistrats, à s’auto-saisir, pour ouvrir cette boîte de Pandore, tant redoutée par les criminels en col blancs, des spoliateurs en puissance, qui étaient Ministres, généraux , magistrats, walis, syndicalistes, élus du peuple mêmes, fort de leurs rangs et de leurs statures, se sucrant, sur le dos de l’Etat et du peuple, se partageant ses gloires et ses butins.

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Horrifié par tant de forfaitures et d’incurie, le peuple découvre l’imposante vérité d’un régime présidentiel mafieux, un repaire de brigands aux ramifications tentaculaires écumant le pays, ses institutions et ses banques. Une Cosa Nostra politique ayant présidée, en toute impunité et illégalité, les destinées de toute une nation, de tout un peuple…

Libérés des injonctions téléphoniques, nos juges, nos gendarmes et nos policiers, se font violence en déclenchant ,des enquêtes tous azimuts, non sans faire du sensationnel médiatisé , défiant les secrets de l’instruction, en jetant en pâtures les interpellés dans des procès médiatiques avant l’heure, foulant aux pied le principe immuable de la justice qu’est la présomption d’innocence. Une initiative s’apparentant à une vendetta, et qui en passant ne sert pas l’image que l’on se fait de l’indépendance de la justice, censée faire triompher le droit, et le droit de ceux qui sont le droit, dans un pays de droit.

Voilà que des pontes du régime déchu, jusque-là intouchables, sont rattrapés par le cours de la justice d’ici-bas, en attendant celle de l’au delà, tour à tour, Ouyahia, l’homme honni de la plèbe , ex premier ministre de son état et Mohamed Loukal, ministre des finances actuel seront auditionnés le 29-30 avril prochain, pour semble-t-il, l’histoire de la planche à billets  et ses principaux bénéficiaires, quant aux oligarques Ali Haddad, les frères Kouninef, ont été écroués à la prison d’El Harrach  suite à leurs comparutions devant le procureur de la cour de justice de Sidi M’hamed. Aux dernières nouvelles, d’autres puissances d’argent mal acquis défileront bientôt devant les juridictions. Ils auront à répondre aux motifs de la corruption, du délit d’initiés, de trafic d’influence et de malversations financières.

Cependant, l’arrestation d’Issad Rebrab, patron de Cevital, cache-t-elle des desseins inavoués ? Pour bon nombre d’observateurs et de citoyens, en jetant son dévolu sur le septuagénaire Rebrab, le pouvoir semble répondre à un souci de jouer la carte de la provocation de la Kabylie et de la division du Hirak.

La justice militaire n’étant pas du reste, en s’attaquant de plein front aux officiers ripoux, le colonel Mourad Zaghdoud , le patron de la brigade de recherches de gendarmerie de Bab Jdid, ainsi que le général major Saïd Bey ont été mis aux arrêts par le tribunal militaire de Blida, qui a déjà émis et lancé un mandat d’arrêt contre le général major Habib Chentouf, actuellement en France. Le général major Belkesir, l’ex-homme fort de la gendarmerie est déjà dans l’œil du cyclone de la grande muette, lavant son linge sale en famille.

Neuf vendredis durant, le mot d’ordre de la plèbe « Yetnahaw Gaa », s’est fait strident, signant l’acte de décès politique de bon nombre de personnalités, les benyounes, Ghoul, Benhamou, Sahli, qui bizarrement, font un profil bas pour ne pas à subir la vindicte populaire. Bouguerra Soltani en a fait les frais à Paris, molesté et injurié, il a dû fuir par une bouche de métro pour sa sécurité. Tout comme, l’ont été des ministres du gouvernement actuel, pourchassés durant leurs sorties sur le terrain.

Et comble de l’hypocrisie, Seddik Chihab, l’ex-numéro 2 du RND, se fait gorge chaude pour descendre en flammes son secrétaire général et la gestion mafieuse de son parti, un Mea culpa bien tardif, il fallait le dénoncer bien avant…

L’impopulaire wali d’Alger Abdelkader Zoukh a failli être lynché par une foule en colère suite à l’effondrement d’une vieille bâtisse ayant fait 5 morts à la Casbah, sa sanction ne s’est pas faite attendre, il a été limogé, en attendant d’être, lui aussi, auditionné sur moult affaires touchant le foncier à Alger et ailleurs.

Et du coup, il est vraiment très surprenant que l’homme, par qui tant de scandales sont arrivés, l’homme honni du système, l’usurpateur de fonction présidentielle Saïd Bouteflika, chassé par la plèbe, continue de vaquer à ses occupations sans être nullement inquiété par les enquêtes criminelles en cours, ni par aucune institution sécuritaire. Existe-t-il un deal secret que la raison ne connaît pas ? Le temps ne s’y prête pas ? La fratrie Bouteflika bénéficie-t-elle d’une protection d’une quelconque puissance étrangère ?

Dur, dur de refermer cette boîte de Pandore par les temps qui courent, et par l’étendue de ses malheurs… Allez savoir.

Auteur
Brahim Ferhat

 




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