25 avril 2024
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Ferhat Mehenni : le révolté aux rêves non réalisés

Impérieuse culture du terroir 

Ferhat Mehenni : le révolté aux rêves non réalisés

Avant de verser dans la politique, Ferhat Mehenni fut ce chanteur engagé, aux cordes vocales aussi harmonieuses que celles d’un instrument de musique, et aux allures de jeune premier.

Dire que Ferhat Mehenni est connu de chaque Algérien serait pure tautologie. Ce qui est moins connu, cependant, ou tout aux moins pas assez, c’est son œuvre. Nombreux sont ceux qui, en termes de talent, le comparent à notre regretté Idir. Et, ils ont bien raison !

Son œuvre mérite hommage et attention chaque jour que Dieu fait. Pour la simple raison que, comme nous l’avions déjà évoqué dans une précédente chronique, Ferhat est certainement le premier Hiraki d’Algérie (*). Kateb Yacine ne l’avait-il d’ailleurs pas surnommé « le maquisard de la chanson kabyle » ?

Tous les slogans hurlés contre le pouvoir depuis deux ans, Ferhat les proférait seul face à la moustache du patibulaire Boumediene, dans les années 1970. Il en a d’ailleurs payé le prix fort.

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Pour preuve d’un engagement actif, l’opus « Lezzayer 20 iseggwassen » sorti en 1982, à l’occasion de la célébration de nos 20 années de dépendance à l’armée des frontières. 

En ces temps-là, l’Algérie venait d’avoir 20 ans. Et, le moins que l’on puisse dire, en écoutant le titre qui vous est proposé, est que l’Algérie a toujours 20 ans, si l’on se conforme à la description qui en est donné dans le titre « Lezzayer 20 iseggawssen ». 

Car, en termes d’injustice et de dédain envers le citoyen (ce que l’on appelle communément el-hogra), l’Algérie de 2021 est la copie conforme de celle de 1982 et d’avant. D’ailleurs, il suffit de remplacer le nombre 20 par 60 et le chant est mis à jour de façon on ne peut plus opportune.

L’Algérie rêvée par Ferhat dans les années 1970 est identique à celle de ce flambeau porté par l’ensemble du pays depuis deux ans. Inutile d’en rajouter. Pour les berbérophones, écoutez plutôt ! Pour les autres, lisez la traduction ci-après, et posez-vous la question : « rêves et prémonitions d’un renégat ou d’un patriote de première heure, désabusé par la tournure des évènements ? ».

Véritable hymne à la liberté et la fraternité, « l’Algérie a 20 ans » fait partie de ces chants incontournables que l’on écoute sans modération jusqu’au bout de la nuit…coloniale. 

« Lezzayer 20 iseggwassen », l’Algérie a 20 ans

Que de milliards n’ont-ils pas gâché

Pour leur édifier des mausolées

Des morts ils évoquent la mémoire

Dépêchant à l’outre-tombe leur gloire

 

Par tout ce qui est, je peux vous jurer

Qu’ils n’éprouvent aucune pitié 

Envers ceux qui sont tombés

Ils s’acharnent à nous corriger

En nous menant au pas : une, deux !

Cela fait 20 ans déjà

 

Elle vient de fêter ses vingt ans

Nous aurions pu être contents

Nous ses braves ressortissants

Vingt ans sous le joug des méchants

Vingt ans dans ses prisons

Sans compter ce qui nous attend

 

L’Algérie pour laquelle nous avons combattu

Dès que nous l’avons libérée elle a disparue

Assassinée par ceux qui l’ont envahie

Par les soldats des frontières elle s’est garnie

 

Elle recrute le policier pour nous bastonner

Elle construit des prisons pour nous enterrer

Elle épousa ce militaire inconnu

Qui a juré de nous priver de tout éclat

Cela fait vingt ans déjà 

 

Elle vient de fêter ses vingt ans

Nous aurions pu être contents

Nous ses braves ressortissants

Vingt ans sous le joug des méchants

Vingt ans dans ses prisons

Sans compter ce qui nous attend

 

L’Algérie est toujours voilée

Son arabisme exhibé avec fierté

Ses minarets au-dessus des mosquées

Comme le feu sous le fumier 

L’islamisme est incubé

Elle est traitresse elle est ingrate

Elle est souillée elle est aveugle

Elle est abjecte elle est sans-cœur

 

Nous ses enfants réfractaires

L’arabe ne nous convient pas

Cela fait vingt ans déjà

 

Elle vient de fêter ses vingt ans

Nous aurions pu être contents

Nous ses braves ressortissants

Vingt ans sous le joug des méchants

Vingt ans dans ses prisons

Sans compter ce qui nous attend

 

L’Algérie aimée et désirée

Est celle des sacrifiés par milliers

Nous ne faisons que la rêver

Dans des songes pour opprimés

 

Là nous l’avons trouvée

Algérienne elle est

Amazighe elle est

Elle est révolutionnaire

Du pauvre elle est solidaire

 

Un jour nos rêves s’accompliront

L’Algérie nous l‘extirperont

De tant d’années d’oppression.

(*)https://lematindalgerie.comferhat-mehenni-ce-premier-hiraki-force-lexil-et-loubli

Auteur
Kacem Madani

 




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