24 avril 2024
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Fuites des capitaux algériens vers le Canada

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Fuites des capitaux algériens vers le Canada

Dans un papier intéressant publié dans le quotidien Le Devoir, le journaliste Fabien Deglise, journaliste révèle des fuites d’importants capitaux algériens vers le Canada (1).

En se basant sur des données du centre d’analyse des opérations et déclaration financières du Canada, il a exposé dans un éditorial une situation préoccupante sur les risques de blanchiment d’argent de la part des dirigeants et hommes d’affaires algériens.  

Il a été constaté depuis le début de la révolution, le 22 février, des entrées d’argent en provenance d’Algérie sont en pleine croissance.

A titre d’information, selon le journaliste : 

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« Entre janvier et juillet 2019, plus de 78,6 millions $ ont été envoyés au Canada depuis l’Algérie.. »
« il s’agit de 10 millions de plus que pour l’année 2018 complète, mais également d’une croissance de 50 % des transferts par rapport à 2017. Cette année-là, 52 millions de dollars avaient été transférés au Canada depuis des institutions bancaires algériennes. »

C’est un indice suspicieux provenant du centre d’analyse qui surveille les télévirements de fonds de plus de 10 000 $ des pays étrangers, il nous révèle qu’effectivement il y a présence de transfert d’argent d’une manière anormale. Et le procédé habituel, c’est les transactions immobilières pour l’achat des propriétés. 

Le journaliste n’a pas hésité à faire un lien direct avec la crise politique algérienne. Et dans ce contexte assez particulier que certains dirigeants politiques et des hommes d’affaires s’affairent à préparer leur exil en mettant leur fortune dans des lieux surs. 

Pour appuyer cette thèse, Jean-Pierre Vidal, professeur de fiscalité internationale à HEC Montréal, explique : «En période de crise, les transferts d’argent d’un pays vers un autre s’accentuent », il poursuit : «Il s’agit d’argent de dirigeants, de compagnies ou de particuliers qui, craignant la chute de la devise nationale, cherchent à protéger la valeur de leurs avoirs dans une monnaie plus forte et plus stable.»

Même la classe politique canadienne se mêle et avise les autorités de leur pays d’avoir un œil vigilant et, voire même mener des enquêtes sur tous les cas suspects. A l’exemple du député de Sherbrooke, Jean-Luc Dusseault du NPD, qui a interpellé le ministre des Finances, Francis William Morneau, dans une lettre rendue publique, dont il fait mention des transactions financières inhabituelles de l’Algérie vers le Canada. 

Un des extraits de la lettre : «Il m’a été rapporté que depuis des grands changements politiques, sociétaux et institutionnels sont réclamés par les soulèvements populaires du peuple algériens au cours des derniers mois, ils y auraient d’importantes sommes d’argent qui seraient envoyés au Canada, et particulièrement au Québec.»

Et ce n’est pas la première fois que les médias canadiens s’intéressent aux cas de corruption des dirigeants algériens ainsi que leurs familles qui trouvent refuge au Canada. Il y a un an, le journaliste Hugo Jonca du journal de Montréal a révélé l’affaire de Farid Bedjaoui et ses frères (3) qui ont réalisé des achats des biens immobiliers au Québec.

Il s’agit des neveux de Mohammed Bejaoui, l’ancien ministre des Affaires étrangères  installé chichement à Paris dans un luxueux appartement qu’il a payé au prix de 3,45 euros à une princesse saoudienne.

Le journaliste rapporte que «la cour italienne a aussi condamné Farid Bedjaoui à rembourser les 198 M€ (300 M$) qu’il a reçus en paiements pour faciliter l’obtention de contrats par la compagnie italienne Saipem auprès de la pétrolière algérienne Sonatrach ».  

«Une partie de ces sommes a servi à corrompre des dirigeants de Saipem et l’ancien ministre algérien de l’Énergie Chakib Khelil». 

Dans un autre papier écrit par le même journaliste, on peut lire, les déclarations du célèbre avocat William Bourdon, fondateur de Sherpa(4), une organisation de lutte contre la corruption : «Les engagements internationaux du Canada, ceux de son premier ministre, imposent l’ouverture d’une enquête qui permettra la saisie des biens et leur restitution, et la poursuite de leurs bénéficiaires ». 

Surnommé « le chasseur des biens mal acquis », il martèle : « Il est incontestable que la valeur de ces patrimoines immobilier et mobilier, parfois de l’ordre de plusieurs millions de dollars, est sans commune mesure avec les salaires dont bénéficient leurs propriétaires, écrit William Bourdon dans sa plainte. Ce déséquilibre conduit nécessairement à s’interroger sur l’origine des fonds et constitue un motif raisonnable de croire que les avoirs sont le fruit d’actes illégaux. »

D’ailleurs, Sherpa a cité six pays africains notamment le Tchad, Congo-Brazzaville, Gabon, Burkina Faso, Sénégal et l’Algérie, en vertu des conventions anti-corruption qu’à signées Ottawa, pour que le gouvernement Canadien prenne des mesures pour enquêter sur des personnes installés au pays et qui sont impliquées dans les affaires de malversation. 

Concernant l’Algérie, cette autre information qui date de mars 2018 :

« Sherpa presse la GRC d’enquêter sur les neveux de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Mohammed Bedjaoui. L’un d’eux, Farid Bedjaoui, est recherché par Interpol pour corruption massive en Algérie et en Italie. Les trois frères ont transigé pour plus de 17 M$ en propriétés de luxe au Québec. »
 
Messaoudene Mahfoudh 

Renvois

(1) https://www.ledevoir.com/monde/561985/le-canada-terre-d-acceuil-de-capitaux-d-une-algerie-en-crise;
(2) : https://www.journaldemontreal.com/2018/09/29/un-ex-montrealais-coupable-de-corruption
(3) : https://www.journaldemontreal.com/2018/03/01/plainte-pour-blanchiment-international
(4) : https://www.asso-sherpa.org/mandat

 

Auteur
Messaoudene Mahfoudh 

 




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