25 avril 2024
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Il faut tout un village pour élever un enfant et toute une nation pour le protéger

Coup de gueule

Il faut tout un village pour élever un enfant et toute une nation pour le protéger

Salsabil ne savait pas qu’elle ne reviendrait plus chez elle et qu’elle ne mettrait pas ses nouveaux vêtements de l’Aid. Elle est kidnappée, violée puis assassinée et jetée sur la chaussée. Victime de la bêtise humaine.

Victime d’un jeune né à l’aune de la réconciliation nationale. Pur produit de l’école fondamentale et d’une société hermétiquement fermée par le dogme et les interdits religieux.

L’ouest du pays est sous le choc comme l’a été la Kabylie l’année passée avec la mort, dans les mêmes conditions, de la petite Nihal et avant elle les deux garçons de Constantine il y a quelques années.

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Sur les réseaux sociaux, des radicaux intégristes réclament la peine de mort et si l’Etat refuse d’appliquer le verdict populaire, ils demandent de faire la peau au coupable même dans sa cellule de prison. Le crime est grave mais les réactions sont démesurées. Œil pour œil et le monde sera aveugle, disait Gandhi. Nous savons qu’aucune sentence ne pourrait consoler une maman qui perd son enfant dans de telles conditions mais l’application de la peine de mort comme le veulent ces islamistes, souvent en embuscade, n’est pas la solution idoine pour ce  fléau qui continue d’endeuiller les familles.

Le mal est très profond et nécessite un bon diagnostic afin de prescrire un traitement efficace. C’est le rôle de l’Etat, de ces législateurs à l’APN payés à coup de millions mais pas que. L’élite doit intervenir; sociologues et politiques doivent être entendus pour endiguer ce phénomène. L’Etat en tant qu’institution suprême est absent. Il a démissionné et laissé la société aux abois, et en proie à tous les dangers. Sinon comment expliquer ce mutisme qui a entouré cette affaire comme celle de la mort des garçons d’Ahnif dans la wilaya de Bouira, fauchés par une mine anti-personnels ? Les médias ont préféré parler de l’ambiance de l’Aid et des prix du mouton.

Comment peut-on être frappé de cécité au point de ne pas voir des actes d’une telle sauvagerie ? S’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut toute une nation pour le protéger. Et cette nation n’existe pas encore. Quand on veut changer les mœurs d’une société, on le fait par des lois, disait Montesquieu.

Le drame des anciennes colonies occidentales est qu’elles ont certes arraché l’indépendance territoriale mais n’ont pas pu et su édifier un Etat, une nation. Ceux qui ont pris les commandes de notre destin n’ont pas pensé à l’élaboration d’un projet de société. Il est manifeste qu’ils n’avaient pas les attributs intellectuels. Ils étaient des militaires pour la plupart qui n’avaient qu’un seul objectif : prendre le pouvoir.

Cinquante-six ans après, on paye les conséquences et on continuera d’en payer tant qu’on n’a pas repenser notre idéal démocratique d’un l’Etat-national. Une république démocratique et sociale comme elle a été rêvée par les congressistes de la Soummam.

Un Etat de droit avec une justice indépendante, des institutions fortes et une école républicaine ouverte sur le monde qui ne produira certainement pas des sauvages comme le violeur de Salsabil ou des terroristes qui ont posé des mines pour arracher à la vie des enfants d’Ahnif.

 

Auteur
Salim Chait

 




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