26 avril 2024
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La contre-révolution au temps du coronavirus

DECRYPTAGE

La contre-révolution au temps du coronavirus

Le journaliste Khaled Drareni placé arbitrairement en détention provisoire va passer ce soir sa première nuit à la prison d’El Harrach.

Comme il fallait s’y attendre,avec le coronavirus le régime se trouve conforté dans sa stratégie d’endiguement de la révolution. Qu’il nous plaise ou pas, les moyens coercitifs de l’Etat ont été totalement mobilisés pour dans un premier temps, contenir la révolution et dans un deuxième, la faire échouer.

Si la première période s’est soldée par l’éviction de Bouteflika par l’armée sur pression populaire, la seconde qui court depuis la mise à l’écart du président déchu et une partie de la Issaba (le gang) semble être plus complexe à dénouer que la précédente. Le statut quo généré et entretenu par la nouvelle équipe dirigeante sème le doute et le désarroi chez beaucoup de militants qui sont sacrifiés sous l’autel de la Raison de l’Etat.

En effet, les pseudo-procès à l’encontre des  principaux animateurs du mouvement populaire illustrent la double fonction de l’appareil de l’Etat.

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A tout voir ce n’est pas un hasard que c’est au moment où les organes de l’Etat « encadrent » la société mise en péril par la pandémie que la répression devient de plus en plus féroce envers les militants les plus déterminés. L’enjeu de la judiciarisation en outrance et au mépris des règles élémentaires du droit est le propre du déploiement des instruments répressifs du moment que la contestation est devenue faible.

Il va de soi que l’Etat pris sous la double tutelle qui de surcroît est sollicité par la population pour sauver des vies humaines se donne tous les moyens pour accomplir la tâche irréparable du contrôle de la société. Ainsi par la biais de l’ordonnancement sociétal que le régime algérien s’est de nouveau accaparé la totalité de l’Espace public. Et par nature qui paradoxalement semble être contradictoire que la société « menacée » en sollicitant l’Etat réduit en peau de chagrin les acquis de la révolution du 22 février 2019.

A de rares exceptions, la société n’a pas su agir pour gérer par elle-même la crise sanitaire. Quand bien même, les bonnes volontés se sont exprimées pour apporter aide et assistance à personnes en danger, le système algérien centralisé bloque les initiatives qu’il ne contrôle pas. Du coup, les quelques rares initiatives de ci et de là, ne peuvent remplacer l’Etat providentiel. Et c’est là le vrai problème. De ce fait, il n’est pas utile de revenir sur les carences de l’Etat pour prendre en charge les besoins élémentaires de la société mais toujours est-il ce sont les fonctions régaliennes exercées par le régime algérien qui posent problème.

De facto, l’impréparation du corps médical pour affronter la contagion du coronavirus rend difficile l’action des travailleurs de la santé. De qualité médiocre le système sanitaire algérien ne peut prétendre soigner toutes les personnes atteintes par le virus. On a constaté que même dans des pays où le système de santé est « performant », l’épidémie est difficilement maîtrisée. A cette première difficulté s’ajoute la pénurie des produits de première nécessité.

On a vu un peu partout sur le territoire national des attroupements à peine incroyable en vertu du confinement des gens pour acquérir des denrées alimentaires. On ne sait pas bien si ce sont les grossistes véreux que sont à l’origine de la pénurie de la pomme de terre ou de la semoule mais force est de constater qu’à la moindre crise, les prix augmentent et les produits disparaissent des étals du marché.

Si l’économie est de fil en aiguille liée à la politique, il va de soi que les bras séculiers de l’Etat se déploient à l’instant où le citoyen algérien cherche à « sauver sa peau » de la maladie et de la faim.

L’un des instruments les plus redoutables de l’appareil de l’Etat est sans doute la justice. On observe que les procès envers les anciens potentats du régime algérien ne sont que le résultat des luttes fratricides  entre les clans. Du fait que le chef suprême de la Issaba n’a jamais été convoqué par la justice, on découvre petit à petit qu’un marché a été conclu au moment de la destitution de l’ancien président qui laisse le champ libre aux nouveaux dirigeants pour se venger de leurs anciens maîtres. Toujours sous la bienveillance des généraux, il est fort improbable que la lutte des clans a cessé en Algérie.

C’est toujours le même scénario qui se produit au point qu’un groupe qui sort vainqueur de la guerre clanique s’accapare de tous les leviers de commande de l’Etat et ne laisse  aucun espace aux rivaux ou aux opposants. Il demeure que les verdicts de la « justice  » sont la preuve la plus claire de l’état scabreux de la gouvernance en Algérie. Et, coup sur coup, les nouveaux dirigeants frappent fort les militants pour liquider la révolution. Pourtant, ils se trompent.                                                       

Auteur
Fatah Hamitouche

 




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