16 avril 2024
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« La Couronne du diable » d’Alexandre Najjar : quand la  Covid-19 inspire la littérature 

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« La Couronne du diable » d’Alexandre Najjar : quand la  Covid-19 inspire la littérature 

La Covid-19  a inspiré beaucoup d’artistes  et écrivains. Si les outils et les genres sont différents, le but est souvent  commun : témoigner de cette triste tragédie sanitaire.  

Publié uniquement en  format numérique, La Couronne du diable est un manuscrit qu’envoie un écrivain à son éditeur en pleine ère de pandémie. Le livre est dédié à toutes les victimes du Covid-19.

Le livre est un ensemble  de petits  récits ayant lien avec diverses villes touchées par la pandémie. De ce médecin chinois qui était le premier à avoir signalé l’existence du coronavirus en Chine, à ce jeune journaliste américain licencié par l’administration parce qu’il creuse l’hypothèse du complot derrière le virus, en passant par  ce couple anglais dont la croisière a viré au cauchemar  au Japon, et  par cet acteur italien qui a perdu sa sœur et dont le témoignage-vidéo a fait le tour du monde…

Comment les différents narrateurs voient-ils ce virus : un destin, un complot, un diable… ? 

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L’objectif principal de ce livre est le témoignage, genre très cher à Alexandre Najjar. Témoigner contre l’oubli. « On se souviendra, jusqu’à notre dernier souffle, de 2020, cette ‘année terrible’ (…) »

Pour cela, il insère des éléments réels comme certains personnages-personnes, des faits et des lieux.  Le médecin chinois est Li Wenliang, qui travaillait dans un hôpital à Wuhan et a révélé sur un réseau social l’existence du virus en 2019 ; l’acteur italien est Luca Franzese qui  a publié une vidéo suite au décès de sa sœur pour dénoncer la négligence des hôpitaux. 

Cependant, le livre n’est pas uniquement du témoignage. La part d’imaginaire est omniprésente. L’auteur insère des dialogues, des faits fictionnels, des pensées et sentiments imaginaires.  Ainsi réel et fiction se mêlent. L’auteur avertit son lecteur dès le début : « Ce livre est une œuvre de fiction. Bien qu’il y soit fait référence à des personnages, des faits et des lieux réels, ceux-ci sont cités pour donner au récit un arrière-plan réaliste. ». 

Il s’agit donc, ni d’un essai ni d’un roman, mais d’un récit à la lisière du réel et de la fiction. Un témoignage  romancé. Ce choix réel-fiction procure un plaisir au lecteur ennuyé par les milliers d’articles-témoignages-enquêtes informatifs sur la Covid-19 ; car la fiction c’est le beau. « Nous sommes en lune de miel et le coronavirus nous condamne à l’abstinence », dit un personnage à bord de Diamond Princess (élément réel). 

Le livre est aussi un hommage international à l’humanité. L’auteur ne centre pas son livre sur un seul pays, mais il évoque  de nombreuses villes du monde : Beyrouth, Téhéran, Madrid, Washington, etc. 

L’auteur Najjar insère discrètement des éléments autobiographiques : son obstination pour le témoignage, ses articles dans L’Orient le Jour,  son militantisme pour la démocratie au Liban (à travers la voix d’un personnage-père jésuite)… «À ceux qui reprochent au père jésuite que je suis de prendre part aux manifestants(…) et de publier dans l’Orient le Jour des tribunes incendiaires contre le pouvoir, je réponds avec aplomb que Jésus lui-même était un révolutionnaire (…) ». Comme ses personnages, il témoigne de sa propre  vie aussi. 

Livre d’urgence, récit à la lisière de réalité et fiction,  un témoignage romancé contre l’oubli, un tour du monde sensible et humanitaire, La Couronne du diable est un hommage à l’humanité abîmée par la Covid-19. 

                                                                           ***

Note : Alexandre Najjar a écrit le scénario du court-métrage « Corona Days » diffusé sur la chaîne libanaise MTV. 

Point fort du livre : le genre réel-fiction. 

Belle citation :   «  Même si la  maladie ne nous emporte pas, nous garderons les séquelles de cette expérience douloureuse. On se souviendra, jusqu’à notre dernier souffle, de 2020, cette année terrible qui a confisqué notre bonheur, contrarié nos projets et obligé l’humanité à vivre dans la méfiance  et l’angoisse » 

L’auteur : né en 1967 au Liban, Alexandre Najjar est un écrivain,  avocat, et journaliste. Il s’intéresse beaucoup au témoignage.  Ses œuvres ont été récompensées par plusieurs prix et constituent un pont entre l’Orient et l’Occident. 

« La Couronne du diable », Alexandre Najjar, éd. PLON, vers numérique, 2020.

 

Auteur
Tawfiq Belfadel, écrivain-chroniqueur 

 




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