26 avril 2024
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La laïcité ne sera pas seulement, elle s’imposera

OPINION

La laïcité ne sera pas seulement, elle s’imposera

Je rassure immédiatement le lecteur, il ne s’agit nullement d’une déclaration de guerre envers quoi que ce soit ni de quiconque. Mais trop c’est trop et la laïcité finira par triompher comme ce fut le cas pour de très nombreux pays dans le monde. 

L’histoire finit toujours par imposer ses règles de modernisation et de liberté face à la terreur des théocraties car toute emprise hégémonique est mise à genoux par un contre-courant qui s’appelle la résistance de l’être humain.

La laïcité s’imposera car elle est inéluctable. Essayons, pas à pas, à parvenir à argumenter.

1 . La laïcité n’est pas l’athéisme 

J’avais écrit dans les réseaux sociaux un post qui a eu un certain écho « La laïcité n’est pas l’athéisme. Trop de milliards en Algérie, pas assez de dictionnaires ». C’est insupportable d’en venir à cet état d’incompréhension d’une notion simple que l’école algérienne a manifestement occultée.

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Soyons simple et évitons de nous noyer face à des tonnes d’articles dissertés de nombreux sociologues algériens qui veulent éviter un sujet délicat en le contournant d’une masse de notions alambiquées.

L’athéisme, c’est ne pas croire en Dieu, la laïcité est de placer les croyances hors du champ public pour les replacer dans les consciences et organisations privées.

La laïcité n’est donc absolument pas l’athéisme qui serait inscrit dans la constitution. Les religions sont préservées, protégées mais ne peuvent s’inscrire, elles aussi, dans aucune manifestation de l’État.

Il y a un autre malentendu sémantique grave, y compris de la plupart des étudiants en droit qui me répondent, ce qui est plus incompréhensible. Mettre la religion hors de l’espace « public » ne veut absolument pas dire la mettre hors de la « vue du public », de la rue, des manifestations privées etc.

La religion peut apparaître au grand jour à trois conditions essentielles, être financée par les groupes d’individus qui s’en rendiquent, respecter les règles républicaines de manifestations et rester hors des espaces de la représentation du pouvoir public.

Et si les adeptes de la religion majoritaire ne supportent pas cette idée, y compris dans sa simple formulation, ils devront s’y faire comme toutes les théocratie et les terreurs spirituelles qui se sont pliées aux démocraties républicaines modernes, un jour ou l’autre.

2. Dans une république, la souveraineté appartient au peuple

Dès lors que les institutions de la république sont soumises à une autorité spirituelle reconnue comme supérieure y compris par une majorité, c’est tout sauf une république. 

La seule autorité supérieure, la toute puissante, c’est la volonté des citoyens qui se sont exprimés librement par un vote dans des conditions recevables. Rien, absolument rien, n’empêche les adeptes d’une religion d’estimer qu’il existe une autorité transcendante supérieure qui soit au-dessus de toute volonté de la démocratie qui s’exprime. Mais ils doivent le faire dans le domaine privé et pas dans la sphère collective.

Pour moi, à titre personnel, j’estime que la transcendance qui fait miraculeusement qu’une multitude devienne unité, c’est la civilisation et les cultures. Dieu est en l’être humain. D’ailleurs, nous sommes tout à fait d’accord avec les croyants sur un point « L’homme a été crée à l’image de Dieu » si c’est comme cela qu’il faut nommer l’intelligence et la transcendance des humains. Cela  ne me gêne pas.

Commençons par respecter les libertés humaines, les handicapés, les malheureux, les femmes isolées et battues, etc., nous serions donc dans une vision identique de croyance. 

3. La laïcité protège les religions

C’est un point qui est dérivé du premier. En plaçant la religion hors de la constitution, donc des pouvoirs publics institués, toutes les croyances ainsi que leur culte sont protégés par la loi des dérives de la religion majoritaire.

Il ne saurait y avoir de discrimination envers d’autres religions ni même envers les athées dont je fais partie. Il existe un artifice dans la constitution algérienne actuelle, le plus inacceptable car il n’est pas renforcé par le principe de laïcité. Cette hypocrisie est la « liberté de conscience ».

Qu’un citoyen essaie d’avoir un autre culte ou être athée dans un pays entièrement soumis à la religion majoritaire inscrite dans la constitution. On viendra m’en faire l’argumentaire pour tenter de me convaincre. Ils leur faudrait me prendre pour un imbécile pour essayer.

La liberté de conscience est, certainement, la base de la laïcité mais ne saurait la remplacer si elle se contente d’être la seule à être affirmée dans un monde complètement hégémonique, celui de la religion majoritaire.

Enfin, et ce n’est pas l’argument le moins fort, la laïcité est la seule chance pour que l’Islam subsiste et ne soit pas englouti comme toutes les autres religions qui n’ont pas voulu revenir sur   leur terreur et leurs dérives malgré l’apparition de l’humanisme au XVI ème siècle.

Il appartient à l’Islam de se réformer et d’accepter la laïcité, pour sa propre survie, ou de sombrer comme le destin des autres qui furent tout aussi puissants et hégémoniques dans tous les aspects de la vie sociale et politique, jusqu’aux codes de bonne pratique des couples.

Certains vont être complètement aveuglés lorsqu’ils renaîtront à la raison et verront la lumière les éblouir d’un jet lumineux que les yeux fréquentant les ténèbres ne peuvent supporter sans une longue adaptation. Nous leur procurerons des lunettes. 

Dans aucune des démocraties modernes n’existe un code civil aussi irrecevable que le code de la famille en Algérie qui fait glacer le sang. Ce sont des propos largement exprimés par des dizaines de milliers de démocrates algériens et d’associations de défense des libertés, particulièrement celles des femmes. C’est pour cela que l’exemple des Etats-Unis qu’on m’oppose systématiquement n’est pas recevable, il serait trop long de l’exposer dans cet article.

La laïcité ne sera donc pas seulement, elle s’imposera. La terreur n’est jamais éternelle pour gouverner les peuples qui finissent par arracher leurs chaînes et briser la fatalité de la peur.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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