26 avril 2024
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L’Algérie : Retour vers le futur 2029

DEBAT

L’Algérie : Retour vers le futur 2029

Le 25 juin 2018, j’écrivais dans ce même journal : Après plus d’un demi-siècle, l’Algérie indépendante n’a pas su réaliser sa prospérité économique d’ensemble, malgré toutes les richesses naturelles et les ressources humaines dont elle dispose.

lle est toujours en retard pour son industrialisation, son agriculture, son système éducatif  et son commerce… Ni industrie de base solide, ni agriculture florissante, ni services développés, ni place régionale financière, ni hub portuaire ou aéroportuaire, ni centre culturel régional rayonnant, ni destination touristique, ni centre d’excellence régional dans une discipline particulière, il est très difficile de caractériser notre pays, connu seulement comme un marché de 40 millions de consommateurs, avides de produits made in…    

Et si aujourd’hui le ciel sombre de l’Algérie s’éclaircissait soudain et si la glace qui nous a figé 57 ans venait à fondre et si l’Algérie s’éveillait: Que devrions nous faire alors ? Par quoi commencer, comment parer aux périls qui nous guettent ? Quelles sont les voies de sortie de notre dépendance économique ?  

Imaginons que nos chaînes soient brisées et que nous puissions agir en toute liberté, en pleine possession de nos moyens et sans entraves !  Comme pour l’indépendance nationale, relever le deuxième plus grand défi : bâtir une authentique république, sans populisme, sans conseil national de la révolution, sans la sécurité militaire, sans islamistes salafistes sanguinaires, sans le pouvoir des oligarchies actuelles ou autres formes mutantes ou clonées des démons du passé.       

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Est-ce enfin une idée folle de penser que nous puissions édifier une nation moderne et ouverte à la culture, à l’ordre du mérite et l’innovation, tournée vers le développement durable, économique, technique et social et enfin qui ouvre les conditions favorables à l’épanouissement du génie national ?  

  1. Quels périls nous menacent-ils?

Pour ne pas revenir sur ce que j’ai pu déjà écrire, je me contenterai d’énumérer d’abord les catégories d’acteurs ceux qui, à mon sens, nous guettent et attendent un moment de relâche ou faiblesse pour nuire.

Il y a ceux qui gravitent dans la sphère économique notamment :

  • Les « chakhsiyates » les personnalités boulitiques imbues et incompétentes qui avec dédain regardent de haut ce peuple du perchoir du parlement ou du sénat, dans les salons des chancelleries, ceux qui passent par les salons d’honneur, en lui disant c’est nous, encore nous, toujours nous, rien que nous.   

  • Des fonctionnaires, des managers et des élus véreux qui vivent du trafic d’influence et de leurs pouvoirs administratifs et/ou économiques qu’ils monnaient dans tous les secteurs (la justice, les douanes, l’administration fiscale, l’administration locale, police des frontières, les élus, etc.)

  • Les barons de l’import-import qui seront menacés, si une nouvelle politique industrielle intégrée venait à  réduire progressivement les importations. Dans leurs esprits, les taxes et les impôts c’est « La Yadjouz ». Le retrait de leurs licences d’importation s’impose.

  • Les  dirigeants de banques publiques nommés pour servir leurs protégés et leurs soutiens.

  • Les directeurs généraux des Agences Nationales nommés pour servir le pouvoir.

  • Les PDG des grandes entreprises publiques qui pour une majorité ne sont pas en poste pour leurs compétences intrinsèques mais pour servir des intérêts particuliers.

  • Des hommes de l’ombre, porteurs de casquettes ornées de dorures qui avec leurs descendances se sont accaparés de plusieurs sphères économiques stratégiques à la manière des Trabelsi.    

Il y a ceux qui gravitent dans la sphère idéologique notamment :

  • Les tenants de l’islam politique, aux aguets et qui tenteront  une nouvelle emprise sur une jeunesse désabusée, humiliée et fragile. Il faut imposer un contrôle rigoureux de leurs réseaux et de leurs prêches salafistes haineux.

  • Les dirigeants des partis politiques de l’alliance présidentielle et certains de la pseudo-opposition, auteurs complices du pillage de l’Algérie.. L’agrément de ces partis devrait être retiré à l’instar des agréments des banques privées algériennes en 2005 (BCIA, Khalifa Bank, MOUNA Bank, ARCO Bank, CA Bank, etc.).

Oui, je considère que les barons de l’import-import ont trempé peu ou prou dans les malversations.

Oui, j’incrimine l’alliance présidentielle comme coupable et complice de tous les drames et tragédies.

Oui, les dirigeants des banques publiques et de la banque centrale ont été les alliés et les facilitateurs des fuites de capitaux et des enrichissements illicites.

Oui, certains PDG des grandes entreprises stratégiques ont mouillé dans la corruption.

Oui, des fonctionnaires et des élus ont utilisé leurs pouvoirs et leurs réseaux pour s’enrichir.   

C’est certain, durant ces 20 dernières années, il y a eu des dirigeants honnêtes qui ont mené leurs missions en toute probité et qui méritent notre respect et je le clame hautement !

Mais en définitive, je milite pour une purge à titre conservatoire et pour mettre hors d’état de nuire des dirigeants, des élus, des bouliticiens et directeurs malfaisants.

Une nouvelle génération de cadres dirigeants, d’élus, et de hauts fonctionnaires viendront assainir l’environnement économique du pays et rétablir l’espoir. Dans ce sens, verrons-nous bientôt par avis d’appel à candidature, transparent et élargi (résident et non résident) émerger les meilleures compétences algériennes pour occuper les plus hautes fonctions des entreprises nationales stratégiques, sans cooptation ni clientélisme.  

  1. Pour une Algérie nouvelle, par où commencer ?

Une mobilisation citoyenne voilà le commencement ! C’est déjà fait et de manière spectaculaire et grandiose.

Et ensuite ? Eh bien,  expliquer aux algériens ce qui va nous arriver inéluctablement demain ! Chacun de nous devra alors s’y préparer, s’associer aux luttes pour sauver notre pays, contribuer avec ses moyens à la sortie de crise.

Ma vision converge vers une transition collégiale assurée par une équipe de citoyens et citoyennes (parité de 50%) résidents et représentatifs des 4 grandes régions du pays (Est, Centre, Ouest et Sud) et inclure une composantes de non-résidents également.    

Tous les algériens  et algériennes de l’intérieur et de l’étranger devront y contribuer. L’enjeu est de taille car il conditionne la sauvegarde de l’Algérie et l’avenir des futures générations et donc nous devons tous y souscrire.  

Cette transition doit accompagner les changements profonds de notre système de gouvernance mais surtout  offrir un programme économique pour la décennie à venir.

Sur ce dernier point,  je souhaite contribuer à ouvrir des pistes de réflexion aux experts. Pour cela ma proposition consiste à inscrire 21 axes directeurs fondamentaux, que des lecteurs avertis en décèleront tout leur contenu. Toutes ces mesures et actions ne sont pas forcément nouvelles, mais bien à notre portée et assurent, si elles sont réellement appliquées, une rupture avec le système rentier et une ouverture aux entrepreneurs algériens vers une économie réelle, une voie qui mène à l’espoir et à la confiance en l’avenir.

2.1  Une politique économique fondée sur le compter sur soi avec un apport technique étranger. Réexaminer notre modèle de consommation et corriger progressivement ses dérives. Comment accepter que les produits de consommation courante soient, en majeure partie, importés ?  

2.2 Une politique industrielle intégrée (1) : Il est éminemment salutaire pour l’Algérie de s’agripper à une véritable politique industrielle intégrée visant à croître ses capacités de production, densifier la matrice des activités, accompagner la sous-traitance locale et internationale, promouvoir des produits algériens de qualité, fabriqués par notre industrie et commercialisés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, réduisant progressivement le déséquilibre de notre balance économique. Accompagner les start-up et les PME/PMI. Encourager également la micro entreprise par des micro-crédits adaptés aux artisans.

Fusionner définitivement le Ministère du commerce et celui de l’industrie : Oui au commerce qui engendre un développement industriel (limitation de la revente en l’état et recherche systématique d’une valeur ajoutée locale). Adapter nos textes légaux et réglementaires à nos objectifs.

  1. Procéder à une réforme profonde du Ministère des finances : Indépendance de la Banque d’Algérie, Revue des missions de la cour des comptes, Modernisation du système bancaire, Digitalisation de la conservation du Cadastre/Domaines et des Douanes algériennes ainsi qu’une refonte totale de l’Administration Fiscale. L’indigence (matérielle et humaine)  et l’état de décrépitude de ces administrations est tout simplement scandaleuse.

  2. Mobilisation des compétences : mobiliser les compétences nationales et attirer le retour volontaire de non résidents. Les postes clefs des entreprises stratégiques et banques publiques devront désormais être ouverts à la concurrence des résidents et non-résidents.

  3. Partenariat national : Partenariat Public Privé (PPP), Délégations d’exploitation pour les utilités (eau, électricité, gaz) et parcs industriels.

  4. Partenariat international : Engager des Partenariats d’exception à long terme avec des pays comme les USA, l’UE, la RP de Chine, la Corée du sud, l’Inde, le Brésil… Adapter nos lois et nos codes pour attirer des partenaires investisseurs.

  5. Investissements extérieurs : Permettre aux entreprises algériennes d’acquérir partiellement (ou totalement) ou d’investir dans des sociétés étrangères (Take-over, leverage buy-out (2)) qui disposent d’une technologie nécessaire à l’Algérie (transfert de savoir-faire et de technologies) ou qui offrent des services et produits structurellement indispensables à l’Algérie.

  6. Zones d’activités industrielles : le long de l’autoroute Est-Ouest sur les différentes wilayas réaliser des zones industrielles aménagées par l’Etat mais en gestion déléguée privée et proposées avec grandes facilités d’installation aux investisseurs et promoteurs privés.

  7.   Plan « Marshall » pour l’agriculture (3) : Plan de relance de grandes exploitations agricoles privées dans les céréales, les oliveraies, les cultures industrielles. Mise à disposition au profit du secteur agricole +60% ressources hydriques disponibles (barrages, forages, puits albiens…) avec une modernisation de systèmes d’irrigation intensive. Encouragement des fermes d’élevage intégré (300-400 vaches de traite). Production d’aliments pour animaux d’élevage et poissons. Cultures sahariennes et intercalaires. Relever hautement le niveau technique des agriculteurs et des fermiers. Proposer des AGF (4) aux exploitants agricoles. Expansion de l’exploitation des ressources halieutiques notamment par une modernisation de la flotte, d’une formation pour les pécheurs et les éleveurs aquacoles.

  8.   Décentralisation par une délégation des pouvoirs économiques aux autorités élues régionales : Conférer aux autorités élues régionales  toutes les initiatives économiques et commerciales. Responsabiliser et impliquer les populations locales et leurs élus dans la vie de leur wilaya, sur les plans de l’aménagement du territoire, des services publics, de l’environnement, des investissements, du développement économique (industrie, agriculture et services), de la culture et des échanges avec d’autres régions en Algérie et à l’international. De plus, il serait judicieux de réunir plusieurs wilayas pour former une région avec un conseil régional élargie. De ce fait le Wali perdra alors les pleins pouvoirs actuels pour mieux gérer ses prérogatives usuelles de sécurité et souveraineté de l’Etat. Le pouvoir central devra alors composer.

  9. Ouverture d’établissements médicaux spécialisés (hôpitaux et cliniques) aux investisseurs privés locaux et étrangers. Réduire progressivement le recours aux soins spécialisés à l’étranger par une offre locale de soins de qualité.

  10. Construction et/ou aménagement de ports orientés vers l’exportation : à l’instar de notre voisin, doter notre pays d’une plateforme portuaire équipée et orientée vers le processing et l’exportation incluant tous les services d’accompagnement.

  11. Aménagement d’une plateforme d’ouverture africaine à Tamanrasset : Raccordement des ports de Annaba et Jijel par réseau autoroutier à la plateforme de Tamanrasset. Plaque tournante d’ouverture de la méditerranée vers les marchés africains (zones sous douanes, magasins centraux, logistiques, etc.)

  12. Numérisation de notre administration. Réduire drastiquement les documents papiers dans toutes les administrations. Revaloriser les postes clés des administrations  en relevant nettement le niveau technique et offrir des rémunérations attrayantes et enfin moins de fonctionnaires pour de meilleurs services.

  13. Ouverture de l’enseignement supérieur aux investisseurs privés locaux et étrangers (universités) : Autoriser l’ouverture d’universités techniques privées multi linguistes. Introduction du e-éducation avec l’étranger dans toutes les wilayas.  

  14. Politique énergétique refondée sur un usage rationnel et une réduction de la consommation ainsi qu’un développement à marche forcée des énergies renouvelables à forte intégration locale.

  15. Politique d’exploitation de l’eau qui soit compatible avec nos ressources dans les villes du nord, dans le grand sud et les hauts plateaux, notre climat, notre agriculture.

  16. Politique sociale, éducative, artistique et sportive. Développement du sport de masse dans les quartiers les communes, les universités, les écoles, collèges et lycées. Multiplication des maisons de la culture. Formation continue généralisée à tous les niveaux, programmes régionaux de qualification.

  17. Equilibre régional : mise à niveau les infrastructures des wilayas des hauts plateaux et du grand sud (santé, éducation, culture et sports)

  18. Relance de la construction progressive d’une union maghrébine (dans l’immédiat uniquement, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc) par une approche culturelle et économique. Notre avenir s’inscrit dans le Maghreb des peuples.

2.21  Construire un lobbying international  avec une diplomatie rajeunie, dynamique et compétente avec notre  

        « intelligencia » résidente aux USA, Europe et en Asie. Un pays comme l’Algérie, compte tenu de sa position géographique, de sa taille, de ses richesses énergétiques ne pourra pas survivre dans la paix et la prospérité sans bâtir un solide lobbying international.

Sommes-nous préparés pour échafauder un tel projet ?

3. En conclusion, mon message à mes compatriotes  

La condition nécessaire est d’engager d’abord une totale rupture avec le « système » actuel.

Puis autour d’un projet fédérateur que j’appelle « Algeria First » rassembler notre peuple pour sortir définitivement d’une fragilité économique systémique qui nous angoisse et nous paralyse.

Pour ce faire, j’appelle les intellectuels algériens d’ici et d’ailleurs de procéder sans complaisance à un examen très lucide, analytique et cognitif de la situation et d’exprimer leurs points de vue sur les différents segments de la vie économique et sociale tels: Education-formation, Santé, Stratégie industrielle, Modernisation de l’agriculture, Culture financière des acteurs économiques, Efficacité de l’administration, Relance & croissance des entreprises, Réduction des déséquilibres régionaux et inégalités sociales, Formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines…

Je crois fermement que les algériens disposent d’énormes talents et sont capables de réagir pour relever ce défi. Nous devons impérativement apporter notre contribution pour reconstruire notre maison commune : l’Algérie. Personne ne viendra le faire à notre place ! Pour vous tous où que vous soyez, observer dans un silence complice le cours de choses, est un quasi-délit : Non assistance à pays en danger.

Pour la prochaine décennie, tous ensemble, contribuons à l’édification d’une nouvelle nation ouverte à la culture, l’innovation et au développement économique, technique et social, conjuguant la modernité et l’émancipation par le travail et la connaissance, c’est cela le Retour vers le futur 2029  

L. G.

(*) Llies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris. Il a occupé d’importants postes dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et enfin consultant pour divers organismes et sociétés étrangères asiatiques et européennes.

  1. www.lematindalgerie.com/lalgerie-besoin-dune-strategie-industrielle-globale-et-coherente

  2. Technique de rachat d’entreprise cotée ou non

     (3) https://lematindalgerie.comquelle-place-et-quel-avenir-pour-notre-agriculture

     (4) Assurances, Garanties et Financements spécifiques au secteur agricole

Auteur
L. Goumiri (*)

 




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