23 avril 2024
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L’anglais, langue scientifique en Algérie, utopie, mythe ou plausible réalité ? 

POINT DE VUE

L’anglais, langue scientifique en Algérie, utopie, mythe ou plausible réalité ? 

Bien que cela ne soit pas d’actualité, au vu de notre situation politique, mais l’interrogation soulevée, de faire de l’anglais notre langue scientifique, mérite réflexion. 

Introduction

La question est de savoir si changer de langue scientifique peut améliorer et faire évoluer notre système éducatif, notre société et répondre aux défis économique qui nous attendent. Car la transition vers une autre langue scientifique est une période, de «transformation sociale», qui doit donner lieu à un enrichissement de tous les fondements sur lesquels repose une société, «nos progrès en tant que nation, dépendront de nos progrès en matière d’éducation… L’esprit humain est notre ressource fondamentale» [1]. 

Nous avons déjà vécu la «révolution arabisante du système éducatif», ne répétons pas nos erreurs. Si nous voulons une nouvelle transition scientifique, c’est «une transition-évolution» qu’il faut préparer et réaliser et non une «révolution linguistique politique», qui sera vouée à l’échec avec ses effets néfastes sur notre société et notre système éducatif.

Une transition linguistique  ne se s’improvise pas, elle se prépare par l’élaboration d’un  processus et la mise en route d’une procédure. Le processus implique, en premier, une analyse de notre système éducatif. Tenant compte de ce bilan, la procédure élaborera un projet, fondé sur sa faisabilité, ses buts, les moyens à mettre en œuvre, son organigramme, son coût, ses besoins, les risques de blocage etc., avant sa mise en route et son suivi. D’autre part étant d’ordre national, elle nécessite d’abord un référendum.

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I- Le consensus national. Pourquoi ?  

Le consensus populaire. Si on veut  implanter l’anglais, comme langue scientifique en Algérie, il faut lui donner un socle populaire, car la société sera aussi touchée par cette permutation  linguistique, donc elle doit être en mesure de l’adopter et l’assimiler. Cela induirait une meilleur cohésion et cohérence nationale et serait une preuve de démocratie. Cette dynamique, transitionnelle, devra être déployée sur une «stratégie nationale de transition» qui fixera le nouveau cap en matière d’éducation, et doit innover par son ambition de définir un nouveau système éducatif inclusif, plus moderne et ouvert sur le monde à l’horizon 2038-40, de son utilité sociale, non seulement dans le cadre national en répondant aux besoins de notre jeunesse et de notre peuple, mais aussi du rôle qu’il peut faire jouer, à la nation,  dans les grands espaces régionaux et internationaux.  

Le consensus politico-intellectuel. Cette transition doit aussi avoir une adhésion intellectuelle et politique. Il nous faudra sortir de la langue de bois sous prétexte de défense de la langue nationale ou du français, «butin de guerre», et sources exclusives ou dominantes du  développement intellectuel de la nation. Car si elle concerne la totalité de la classe intellectuelle, cette transition mettra fin à la dichotomie arabophone/francophone par l’émergence d’une seule classe intellectuelle algérienne «arabo-anglophone». 

Il ne saurait y avoir de changement apaisé, et utile pour la nation, sans que toutes les parties prenantes, ne se donnent les moyens d’une approche scientifique et honnête du problème, loin de toute idéologie, calcul politique, démagogie ou influence externe, permettant ainsi de poser  sereinement les bases de cette transition vers l’anglais, langue scientifique, d’une Algérie tournée vers la modernité et le progrès socioéconomique. 

II-Notre système éducatif

Il n’est un secret pour personne que notre système éducatif est défaillant et n’a pas joué son rôle moteur dans le développement du pays ou de la société. Les causes sont multiples et multifactorielles.  Je ne peux aborder tous les aspects de l’échec de notre système éducatif, qui au bout de deux générations, a finalisé l’enseignement d’un français chaotique couplé à un enseignement traditionnel de l’arabe. Ce binôme linguistique, mal conçu et préparé, survit à travers des tentatives d’hybridation variables  et des pratiques périmées et a démontré son échec, avec comme corollaire une dégradation globale du niveau intellectuel et de la valeur de l’université algérienne, engendrant chez nos enfants, un esprit analytique improductif, pour que la réflexion structurée et le discernement rationnel y prennent racine et s’y développent. 

III-Anglais ou français comme langue scientifique ? 

Le choix de la langue ne doit pas se baser sur notre vécu, histoire, ou être un choix sentimental; il doit être raisonné, réfléchi, ne tenant compte que de l’avenir de nos enfants et  de notre nation. Aussi une analyse comparative doit être réalisée. Je m’appuierais sur quelques auteurs pour étayer ma réflexion. 

Comparaison des pédagogies. Le système éducatif algérien est copié sur le système français, lequel est basé «principalement sur le versant académique plutôt qu’affectif de l’éducation et insiste sur le républicanisme et l’universalisme. Les enseignants français attendent un écrit correct et conforme à un modèle prédéfini» [2,2]. Le système algérien a juste changé le thème idéologique en transformant le «républicanisme/universalisme» en «arabité-islamité». En opposition, le système éducatif anglais «tente de promouvoir les deux objectifs du développement personnel que sont les aspects cognitif/académique et affectif/social… les enseignants anglais valorisent la créativité, la divergence et mettent l’accent sur le «processus» plutôt que sur le «produit»..» [3]. En adoptant ce principe pédagogique basé sur le maître enseigne, les élèves écoutent et mémorisent, l’école algérienne s’est éloignée d’un fondement islamique, qui a fait l’apogée de la civilisation musulmane, à savoir l’«Ijtihad » [4]. 

Image retirée.

Copié de [1]: Caractéristiques des pratiques de classes 

Avantages d’une transition vers l’anglais par rapport au français. 132 ans de colonisation ont laissé un peuple analphabète [5], dont le mode de pensée a été marqué par l’empreinte francophone, car seule référence culturelle et sociale à notre disposition. Cette empreinte va être renforcée par un système éducatif francophone  «arabisé». La combinaison de ces deux substrats, va nous enfermer, inconsciemment, dans un mode de pensée «pavlovien» et «rigide». Cependant ce passé colonial n’est qu’un élément d’explication parmi d’autres, nous devons assumer notre grande part de responsabilité, dans ce marasme éducatif que nous avons fait épanouir au détriment du futur de nos enfants.

Bien que non spécifique à l’anglais, mais commun à toutes les langues étrangères, il est prouvé scientifiquement que parler une langue étrangère augmente les capacités du cerveau, «l’apprentissage d’une nouvelle langue implique non seulement l’acquisition d’éléments linguistiques, mais aussi l’intégration de nouvelles façons de penser et de nouveaux comportements » [6] donc une autre vision et perception de nous-même et des autres. 

Etre bilingue présente, scientifiquement, de multiples avantages [7] alors autant choisir l’anglais, qui présente plusieurs autres attributs spécifiques, dont sa suprématie sur tous les aspects de la vie. Aujourd’hui, la primauté, politique, économique et culturelle des pays anglophones (surtout les États-Unis) a fait de l’anglais  la langue la plus utilisée dans le monde du travail, des relations internationales et des échanges commerciaux etc. 

L’anglais est la première langue véhiculaire de la planète. Ce sont près de 2 milliards de personnes (75 pays) qui ont l’anglais pour langue maternelle ou seconde langue à travers le monde [8].

L’anglais est une langue très enrichissante de par la diversité et l’étendue de son territoire et des populations qui la pratiquent permettant ainsi de supprimer les frontières. Tous les domaines sont  accessibles dès lors qu’on la maitrise: culture, loisirs, travail, santé, relations sociales, économie, droit, géopolitique, relations internationales, communication, secteurs littéraires, études, recherche  etc. Ceci en a  fait une «clef universelle» indispensable pour s’ouvrir au monde, dominé par la mondialisation; les nations sont devenues interdépendants, on aura tout à gagner sur le plan du développement personnel, en découvrant une nouvelle façon de  penser, vivre et réagir.

L’anglais règne en souverain absolu sur le monde académique, la grande majorité des publications et communications sont rédigées en anglais, il permet d’accéder aux hautes sphères de la recherche mondiale et ouvre l’accès aux universités les plus prestigieuses  du monde.

L’anglais permet la maitrise et aide à exploiter tout le pouvoir d’internet (qui  aujourd’hui, est le moyen de communication le plus répandu dans le monde), car 54% des sites utilisent l’anglais contre 3,8% pour le français [9].

La science a énormément évoluée en importance, touchant tous les domaines de la vie, et l’évidence est que l’anglais en est la langue motrice. Si on considère uniquement les sciences médicales, une analyse de «Pub Med», une des premières bases, américaines, de recherches bibliographiques en sciences médicales, on constate que sa «couverture géographique» est internationale avec 5258 revues à comité de lecture, que la part des revues francophones n’est que 3,3%, et le nombre d’articles ajoutés annuellement est d’environ 1 million (1,3 million en 2018).[10].

Pour les étudiants, savoir parler anglais, est un grand atout pour leur carrière, cela leur permet de planifier et gérer leur carrière au lieu de la subir. Parler anglais augmente les opportunités professionnelles, c’est l’une des compétences professionnelle, associée, qui est   la plus recherchée par les employeurs et elle permet d’accéder à des postes à plus haute responsabilité et de développer sa carrière. En maîtrisant l’anglais, nos enfants auront plus de perspectives scientifiques et professionnelles. Tous ces arguments plaident pour cette transition linguistique, pour le futur de nos enfants et de notre nation. 

Francophonie et positions politiques. Pour ses intérêts politico-économiques, l’état français, ce qui est de bonne guerre,  défend la francophonie, car elle contribue à maintenir sa position et son influence dans sa zone géostratégique [11], mais cela ne l’empêche nullement de s’ouvrir vers les langues étrangères en l’imposant dans ses écoles: «Chaque élève doit être capable de communiquer dans au moins deux langues vivantes à la fin de l’enseignement secondaire…. Les élèves sont sensibilisés à une langue étrangère dès le CP et la pratique de l’oral est prioritaire à tous les niveaux de l’école au lycée. … L’apprentissage des langues tient une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté, dans l’enrichissement de la personnalité et dans l’ouverture au monde.) [12]. 

Pour notre part nous devons, avant tout, voir les intérêts de l’Algérie et non être les défenseurs de la francophonie ou servir ses intérêts, au  détriment et préjudice de l’avenir de nos enfants et de notre nation, ce qui est aussi de bonne guerre. De tous temps, les scientifiques de tous les pays se sont mis à la langue dominante pour acquérir la science que ce soit le Grec, le Latin, l’Arabe etc.,  et ces langues dominantes, ont enrichie l’intellect des populations avec qui elles ont été en contacts.  

IV- La problématique des langues maternelles dans notre système éducatif.

On ne peut occulter, dans  cette approche analytique de l’éducation, la place des langues maternelles que sont le Derdja et le Tamazight (dans toutes ses variétés). Bien que les progrès des sciences linguistiques sont substantiels et indiscutables il subsiste, jusqu’à maintenant, en Algérie une attitude négativiste et scandaleuse à l’égard de l’usage des langues maternelles (L.M) dans le milieu éducatif. La bataille idéologique autour du statut des L.M, dites «non modernes» ou «incapables de concevoir de la modernité»,  par rapport à un «monolinguisme» de langues dites «scientifiques» (L.S) est un faux problème, que  nous avons transvasé de l’idéologie de l’école coloniale, et appliqué aveuglement pour défendre un  «monolinguisme arabe».

Scientifiquement, il est prouvé une complémentarité des rôles, de ces deux types de langues (L.M/L.S), chacune se caractérisant par une spécificité et différentiation fonctionnelle, affectant des domaines différents mais intriqués dans le processus du développement intellectuel des enfants. La première (L.M) édifiant le socle sur lequel se développera la seconde (L.S). Ainsi, l’utilisation, durant les premières années de la scolarité, de la L.M, permet la structuration cérébrale et facilite l’acquisition ultérieure des connaissances générales dans la L.S officielle, en facilitant  le processus de son apprentissage et des matières qu’elle enseigne.

De ce fait les langues véhiculaire et vernaculaire que sont le «derdja» et le «tamazight», doivent être indissociables du système éducatif préscolaire, Cet enseignement pré-primaire aura pour but de développer les rudiments d’analyse, de raisonnement, d’argumentation etc., de l’enfant, par des méthodes et des programmes pédagogiques adaptés. En effet, de sa naissance à sa première année de scolarisation, l’élève algérien n’entend, puis ne parle que sa langue maternelle, c’est-à-dire soit le  Derdja ou le Tamazight, ce qui fait de l’arabe classique, du français ou de l’anglais  des langues «étrangères» à acquérir. Cette approche donne de meilleurs résultats scolaires que l’enseignement monolingue «scientifique» excluant l’apport des langues maternelles [13].

V- Les  aspects pratiques

La problématique n’est pas dans l’idée ou le souhait, mais dans son application pratique. Nous ne pouvons du jour au lendemain basculer vers l’Anglais sans une évaluation précise, si nous ne voulons pas revivre l’échec de l’arabisation, non pas par elle-même, mais  à cause de sa politique d’application précipitée et non préparée. 

Aussi, à mon avis, l’analyse conceptuelle, doit comporter une estimation pratique et réelle de la faisabilité  de cette transition avec plusieurs facteurs à évaluer dont certains sont primordiaux. Je n’en citerais que trois:

Le premier est relatif  au recrutement d’enseignants anglophones qualifiés (UK, USA et Canada anglophone etc.), car la spécificité de cette langue est avant tout «English is pronunciation», et non recourir à l’enseignement d’un anglais inaudible et incompréhensible en faisant appel à des enseignant du Moyen-Orient, Inde, Pakistan, etc. 

Le second consistera à moderniser les méthodes d’enseignements, et établir une méthodologie d’enseignement, homogène, pour les deux langues, par un perfectionnement pédagogique de nos enseignants arabophones. 

Le troisième est, vu que la durée de cette transition est approximativement de 18 ans (5+7+6 correspondant à la durée/ans de chaque cycle de notre système éducatif), se pose alors la question de savoir quelle structure  est la mieux qualifiée pour mener à terme avec succès cette transition. Faut-il qu’elle soit conduite par une structure organisationnelle gouvernementale, ou par une structure indépendante, sous contrôle institutionnel?

 D’autres difficultés existent, mais tout obstacle à une solution.

Conclusion

Bien entendu, cette approche n’est qu’un sommaire, d’une réflexion personnelle, elle  est certainement imparfaite sur plusieurs aspects, et elle ne vise ni à convaincre, ni à défendre une vision, mais à inciter chacun à élaborer sa  propre réflexion sur cette question.  

Sans renier les apports de nos langues traditionnelles (Tamazight, Derdja, Arabe) ou acquise (Français) dans notre développement intellectuel et culturel, mais pour l’avenir de notre jeunesse, le système éducatif anglais, répond mieux à notre mentalité et aux principes de l’«ijtihad» qui a été une des raisons de l’épanouissement des civilisations musulmanes et dont a besoin notre société, car ce système modèlera «le citoyen algérien» de demain.   

Cette transition  nécessitera des sacrifices, mais ne peut réussir que si un consensus national existe et  que chacune et chacun de nous fasse des efforts pour intégrer son parcours, il est vrai que cette transition aura un coût, mais  «si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance» [14] et acceptez ses conséquences. Mais n’oublions jamais que les intérêts de la nation passent avant toute autre considération. 

Mon éternel regret, et que je ne puisse partager ma réflexion avec mes compatriotes arabophones, du fait de mes lacunes en arabe pour la leur traduire. Je leurs exprime ici mes excuses, vifs regrets et mon chagrin.

«Le pouvoir invisible de l’éducation inclut  la mémoire du passé et la vision du futur, nous permettons de rêver notre vie aujourd’hui et de vivre nos rêves demain». [Proverbe Africain]

Dr Abderrahmane Hamlat

Praticien Hospitalier en Neurochirurgie

Notes

1) Kennedy J. F (1962). “Public Papers of the Presidents of the United States: Jon F Kennedy, 1961, page 107

 https://www.azquotes.com/author/7900-John_F_Kennedy/tag/education

2)   Marilyn Osborn, « Pupil experience in England and France», Revue internationale d’éducation de Sèvres Traduction de Valérie Téhio p. 87-98 ;   Avril 2009. https://journals.openedition.org/ries/521 

3)  Maroussia Raveaud, De l’enfant au citoyen : la construction de la citoyenneté à l’école en France et en Angleterre », Revue internationale d’éducation de Sèvres ; Décembre 2006.  http://journals.openedition.org/ries/248

4)  https://lematindalgerie.comcontribution-un-enracinement-identitaire-apaise

 5)  M Kouidir Colonisation, indépendance et développement humain en Algérie: quel bilan? In : revue algérienne d’anthropologie et des ressources sociales  https://journals.openedition.org/insaniyat/14852

6) H. T Nguyen, G. Kellog: “I Had a Stereotype That American Were Fat”: Becoming a Speaker of Culture in a Second

Language.  The Modern Language Journal: 94(1); 56-73, 2010. https://doi.org/10.1111/j.1540-4781.2009.00983.x

7)  https://www.nytimes.com/2012/03/18/opinion/sunday/the-benefits-of-bilingualism.html

8) https://www.anglaisfacile.com/free/civi/place.php

9) https://w3techs.com/technologies/overview/content_language/all

10) https://www.biusante.parisdescartes.fr/ressources/pdf/pubmed1-tutoriel-biusante.pdf   

11)    http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/francophonie.htm

12)   https://www.education.gouv.fr/cid206/les-langues-vivantes-etrangeres-et-regionales.html

13) Heugh, K. (2006). Theory and practice – language education models in Africa: research, design, decision-making, and outcomes. In « Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) (Ed.), Optimiser l’apprentissage et l’éducation en Afrique – le facteur langue : étude/bilan sur l’enseignement en langue maternelle (LM) et l’éducation bilingue (EBL) en Afrique subsaharienne ». Hambourg, Allemagne: Institut pour l’Éducation.

Thomas, W., & Collier, V. (2002). A national study of school effectiveness for language minority students’ long-term academic achievement. Santa Cruz CA: Center for Research on Education, Diversity and Excellence

14)  http://www.pensees-citations.com/citation/education-ignorance-abraham-lincoln-3129/ 

Auteur
Dr Abderrahmane Hamlat

 




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