25 avril 2024
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Le général Gaïd Salah: l’élection présidentielle, une obsession !

TRIBUNE

Le général Gaïd Salah: l’élection présidentielle, une obsession !

À 80 ans, Ahmed Gaïd Salah se découvre une vocation de dictateur. Nommé chef d’état-major de l’armée en 2004 puis vice-ministre de la Défense en 2013 par le président déchu Abdelaziz Bouteflika, il se plaît à jouer au juge, au procureur et à s’ériger en porte-parole non seulement de l’état-major, ce qui serait à la rigueur concevable, mais en porte-parole du peuple. Lequel peuple ne cesse pourtant de lui signifier tous les vendredis que sa place est ailleurs : à la retraite, à la caserne ou devant le juge comme le scandent beaucoup de manifestants ! 

Depuis la révolution populaire du 22 février, Gaïd Salah prononce discours sur discours dans une langue de bois andropovienne et se retrouve à chaque fois à contre-courant de ce que veut le peuple algérien qui exprime massivement dans la rue sa volonté de changement radical de système. 

Gaïd Salah se veut avocat du système Boumediene-Bouteflika

Ce mercredi 10 juillet, il a de nouveau repris la parole et toujours à partir d’une structure militaire. Il confirme son soutien au président Abdelkader Bensalah dont le mandat intérimaire expirait pourtant, selon la constitution (objet fétiche du général), la veille au soir. Il a réitéré, au nom de l’armée, sa volonté d’organiser, dans les mêmes conditions frauduleuses que précédemment, une élection présidentielle qui devient chez lui une obsession malgré l’échec cuisant de celles qu’il voulait imposer le 18 avril et le 4 juillet 2019. 

Son discours s’est fait encore plus menaçant que les fois précédentes. Il a particulièrement mis en garde les manifestants qui ont repris le slogan habituel « dawla madaniya maççi âaskariya, Etat civil pas militaire » et ceux qui déploient le drapeau amazigh considérés comme traîtres du fait de son amazighophobie et sans doute aussi parce que cet emblème associe naturellement le Maroc dans l’ensemble géopolitique et géoculturel nord-africain qu’il représente.

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À ceux-là s’ajoutent, dans sa ligne de mire, toutes celles et ceux qui défendent les prisonniers d’opinion, à commencer par l’ancien commandant de la wilaya IV Lakhdar Bouregâa, moudjahed de grande valeur connu et reconnu dans tout le pays. La rigidité du général et le mépris qu’il affiche ouvertement envers le peuple en lutte font, du coup, de lui la principale cible des manifestants. 

Gaïd Salah se veut, visiblement, le meilleur avocat du système Boumediene-Bouteflika en place depuis l’été 1962. Il fait partie de la caste militaire de privilégiés et ne tolère pas un changement qui placerait l’armée là où elle doit être, c’est-à-dire dans les casernes et aux postes de surveillance des frontières notamment. Il n’admet pas le principe soummamien de la « primauté du civil sur le militaire ». Non pas pour des motifs stratégiques mais tout simplement pour des raisons bassement matérielles et obsessionnelles. 

Un nécessaire divorce avec le système militaro-judiciaire

La chute de son mentor Bouteflika à laquelle il a participé activement l’a grisé dans sa course politique délirante. En l’écoutant lire et relire les discours superficiels qu’on lui écrit semaine après semaine, on comprend son besoin inextinguible d’alimenter son hypernarcissisme. Il ne cherche pas à convaincre ou à avoir raison, il cherche à gagner, à sauvegarder sa place et celle des siens. Il a peur d’être aspiré par les portes ouvertes d’El-Harrach où il se plaît à envoyer qui il veut, comme il veut, quand il veut. 

En réalité il est à sa place un peu par hasard. C’est le résultat des luttes de clans au sein du sérail qui l’ont propulsé vice-ministre de la Défense et ont fait de lui, aujourd’hui, l’homme dont le système a besoin pour faire passer ses pseudo-solutions à la crise. C’est-à-dire des replâtrages ou des entourloupes susceptibles de reproduire le scénario de reconquête de pouvoir. De fausses solutions qui retardent le nécessaire divorce avec le système militaro-judiciaire en place.

Carnage et Histoire

Gaïd Salah, tout dans vos gestes, dans votre fébrilité, dans vos cibles, indique qu’au crépuscule de votre vie, vous êtes prêt à vous opposer à votre peuple par la force. Vos prédécesseurs ont tous abusé de la violence illégitime de l’État. Vous en avez donné un aperçu ce vendredi 5 juillet. Sur vos ordres, des jeunes aux mains nues tombés à terre ont été sauvagement bastonnés et blessés en ce jour anniversaire de l’indépendance. Une indépendance confisquée à peine proclamée par le mégalomane colonel Boukharouba (alias Boumédiène) dont vous héritez les méthodes. Celles-ci ont conduit à verser le sang des Algériens, ce scénario du sang se profile à l’horizon avec vous.

L’histoire en sera témoin et vous condamnera. Vous avez beau la retarder, l’issue démocratique est inéluctable et cette Histoire sera écrite par des mains libres, les mains des survivants du carnage que vous menacez de provoquer. Ceci dit, un sursaut pour une autre issue reste toujours possible. Êtes-vous capable de l’envisager ? Le peuple algérien le saura très vite. 

Auteur
Hacène Hirèche, consultant à Paris

 




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