18 avril 2024
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Le Hirak doit rester uni et force de propositions pour le changement

OPINION

Le Hirak doit rester uni et force de propositions pour le changement

Le Hirak doit garder son unité et devenir une force de propositions pour le changement pacifique du système.

Le mouvement historique lancé le 22 février dernier en Algérie a montré une jeunesse unie, pacifique et résolue à changer de système politique. Onze mois après, ce mouvement ne faiblit pas, mais fait face à un pouvoir désormais inflexible. Mais quel bilan peut-on dresser après 11 mois ? 

Tout d’abord, nous pouvons partager le bilan du mouvement né le 22 février 2019 en quatre actes :

  1. Acte I du 22 février 2019 au 02 avril 2019
  2.  Acte II du 02 avril au 04 juillet 2019
  3.  Acte III du 04 avril 2019 au 12 décembre 2019
  4.  Acte IV après le 12 décembre 2019

Lors du premier acte, nous avons constaté que le principal succès du Hirak fut la libération définitive d’Alger, ville où les manifestations étaient interdites depuis 19 ans.

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Désormais, les Algériens peuvent aujourd’hui, venir manifester par millions pacifiquement dans la capitale, sans la moindre dégradation des lieux publics et privés. Le monde entier en est ébloui et émerveillé comparativement aux autres manifestations dans les pays les plus développés et civilisés dans le monde, comme l’est le mouvement des gilets jaunes en France. Cette nouvelle expérience pacifique du mouvement du 22 février 2019 a montré au monde le degré de maturité et de civisme du peuple algérien. 

Ceci démontre encore une fois que le peuple est plus évolué que les décideurs du pouvoir, qui ont toujours empêché le peuple de s’exprimer en le taxant d’immature ou manipulé par la main étrangère. Les décideurs, déconnectés de la réalité algérienne, n’ont pas étudié l’histoire des mouvements et des révolutions, ni en tirés des leçons. Ils ont oublié qu’on ne peut pas rabaisser indéfiniment un peuple, car s’il se rebiffe, rien ne l’arrête. Le principal, trophée de ce mouvement est la démission le 2 avril 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et briguant un 5e mandat. Ce trophée fut suivi d’autres succès tel que la mise sous les verrous de plusieurs figures honnies et jusque-là intouchables de sa présidence, hommes politiques et d’affaires soupçonnés depuis longtemps d’entretenir des liens de corruption. Mais depuis cette démission, le « Hirak » n’a obtenu aucune avancée vers le changement de régime qu’il réclame et le « système » est toujours en place. 

Le haut-commandement de l’armée, affaiblie sous Bouteflika, est de nouveau le détenteur du pouvoir réel. Mais ce pouvoir est désormais confronté à une société ayant pris conscience de sa force collective et qui a retrouvé une liberté d’expression dont elle a été longtemps privée. La libération de la parole, y compris au sein même des institutions de l’État, est un des acquis indéniables car le régime nous a habitué à mettre sous les verrous toutes personnes qui osera dénoncer les instances au pouvoir. La démission du président, le 02 avril 2019, prit le pouvoir au dépourvu, ce qui l’obligea à annuler l’élection du 18 avril 2019, faute d’avoir préparé le nouveau président du pouvoir. Le peuple victorieux a pris conscience de sa force, mais malheureusement n’a pas pris conscience de la faiblesse du pouvoir à ce moment. Le système perdu et battu à ce moment, cherchait à rassembler ses forces et il lui fallait du temps, pour cela, il chercha à éloigner l’élection présidentielle à juillet.

Aujourd’hui, tout le monde s’exprime librement malgré toutes les arrestations. Une véritable prise de conscience du peuple de ce qui est désormais politiquement inacceptable, l’élévation des aspirations à un niveau insoupçonné, la conscience du pouvoir de mobilisation du peuple sont les critères qui alimentent le succès et la continuité du mouvement. La réconciliation avec le politique et avec l’avenir est apparente à chaque marche. C’est aussi l’annonce de la fin des cloisonnements habituels entre générations ou hommes/femmes. Comme on dit que l’appétit vient en mangeant, le pouvoir incapable de prendre acte du ras-le-bol du peuple et du bâillonnement de toute une population pendant plus de 57 ans, mal conseillé, pensa à sacrifier certaines figures connus du système et détestés par le peuple pour reporter l’élection présidentielle au 18 avril 2019. 

C’est le début de l’acte II. Mais c’était sans compter, sur la continuité, la détermination et sur la force du mouvement qui réclama le départ du gouvernement désigné avant la démission président de république, trois (3 B) B et préparation d’une élection libre avec une commission élu. L’excès de zèle d’un peuple enthousiasmé par tant de succès, refusa l’élection du 18 avril 2019. Mais le slogan du départ de tout le système est une décision populaire et non politique. La fin de l’acte II se termina par l’annulation de l’élection du 18 avril 2019. Tout politique vous dira, qu’il faut savoir capitaliser les acquis inimaginables du mouvement du 22 février 2019.

Dans l’acte III, nous assistâmes à un affrontement entre pouvoir et contre-pouvoir. Le système profita, de l’enthousiasme des succès du peuple pour s’organiser et employer la méthode de l’usure, d’arrestations de certains activistes très engagés et du soutien de la plupart des médias qui tournèrent le dos au Hirak. Le mouvement du 22 février 2019, très diversifié, commença à chercher plusieurs regroupements politiques, pour diverses raisons :

  • La future élection présidentielle
  • La recherche de représentativité en vue de dialogue.
  • Représentativité du Hirak.
  • Première force politique d’opposition
  • Représentativité syndicale
  • Recherche de représentativité politique perdue
  • Recherche de leadership

Mais toutes ces actions ne donnèrent pas l’unanimité au niveau du mouvement, ce qui avantagea le système à se régénérer et choisir son option comme solution alternative. Toutes les sorties de crise, annoncées par les intellectuels ou certains politiciens furent rejetées. 

La seule, que le système fera passer par la force fut celle de l’élection présidentielle en application de la constitution. Mais le système, désormais régénéré, présenta des candidats lesquelles, eux-mêmes étaient d’anciennes figures de celui-ci. Le mouvement continua à dénoncer pacifiquement cette élection présidentielle organisée par le système, la libération des détenus d’opinions et d’autres options de sorties de crise différente de celle du pouvoir. Mais le système plus fort qu’avant, maintient sa position, et loin de l’effet de surprise du 22 février 2019, choisi d’abord sa commission chargée de l’élection présidentielle, son futur président, ses représentants grâce à l’apport des plateaux de télévisions et fixa le 12 décembre 2019 comme date du scrutin, ce qui marqua la fin de l’acte III et l’élection du nouveau président de la République.

Vis-à-vis de l’étranger, l’Algérie vient d’élire son président, ce qui soulagea l’opinion étrangère, vu la position stratégique du pays dans la région. Pour légitimer ce scrutin, sur la scène internationale, nous assistons depuis à un bal de visite de présidents, ministres et d’invitations surtout avec la crise libyenne. Cela ne s’est pas vu depuis 2013 et cela il reconnaître que ceci est point positif pour le pays vu les circonstances de la situation régionale, car sans cela nous aurions pu assister à une intervention étrangère pour remédier à la crise libyenne. Donc, cette élection pourrait être un bien pour un mal. Et, la crise politique actuelle pourra être résolue intérieurement entre algériens. 

Aujourd’hui, on est à l’acte IV, avec un nouveau président de la République. Peut-on dire que le Hirak a échoué, je dirai non au contraire. Pourquoi ? Maintenant, c’est au Hirak de faire le changement à l’intérieur du système, car le slogan « tout le système dégage » n’a pas de sens, pour la simple raison que cela est impossible. 

Le système, aujourd’hui, a compris qu’il est obligé de composer avec le Hirak, lequel est condamné de continuer pour réussir le changement à l’intérieur du système. Beaucoup de personnes décideurs, à l’intérieur du système lui-même veulent se racheter, donnant leur cette chance, car tout le monde doit comprendre  qu’aucun changement ne peut se faire en dehors du peuple ou une partie système, présent depuis 57 ans. Une chose est sure, les choses ne seront jamais comme avant. Le Hirak doit continuer pour d’abord libérer les détenus d’opinions, puis construire la nouvelle Algérie avec tout le monde à l’exception des corrompus.

Le système, aujourd’hui n’est pas composé uniquement de corrompus, mais aussi par une partie qui a compris et doit accepter le changement. Cette partie du système et le Hirak, doivent s’accepter et préparer la naissance de la nouvelle république dont rêvent plus de quarante millions d’habitants. 
Comment construire la nouvelle Algérie ? Le Hirak doit aujourd’hui avoir sa feuille de route et non pas continuer à l’aveuglette.

Il est temps aux « hirakistes » de réflexions de multiplier les rencontres au niveau des associations, des partis, des syndicats et pousser les autorités à libérer les lieux pour des rencontres citoyennes. Il est clair que le système doit libérer les lieux de rencontres citoyennes en facilitant les autorisations pour la tenue de ces assemblées. Le système est toujours présent, son rôle est de se faire accepter par le Hirak. Il faut que les deux faces un pas l’un vers l’autre pour l’Algérie de demain. Si le Hirak, ainsi, doit continuer, la justice aussi doit jouer son rôle, en poursuivant, les corrompus du système encore en liberté. Le Hirak, doit être réaliste et non pas aller dans la surenchère, car le système détient le pouvoir et il faut le reconnaître que jusqu’à ce jour il a été nationaliste comme si on sent qu’il a envie de changer mais dans la fierté car n’oubliant pas que c’est des Algériens. 

Demain, comme fut l’élection présidentielle, un référendum sur la constitution sera organisé. Si les spécialistes, sur les constitutions ne sont pas invités au niveau du Hirak, pour discuter et proposer une constitution, nous allons être à côté, car c’est là que doivent apparaître nos droits, notre justice et nos libertés. En parallèle de la commission sur la constitution, le Hirak doit avoir sa constitution à proposer. C’est l’un des points de la feuille de route du Hirak.

Demain des élections législatives et municipales seront organisées, alors comment le Hirak pourra faire front. C’est un autre point de la feuille de route du Hirak. Et c’est son auto-structuration qui garantira des libres et démocratiques.
Donc, aujourd’hui, une feuille de route doit faire le jour au niveau du Hirak qui portera certains points connus tel que :

  • Libération des détenus d’opinions
  • Réclamer la continuité des poursuites judiciaires des corrompus politiques.
  • Proposition d’une constitution
  • Libérer les autorisations de réunions dans les espaces d’état ou autres sur une simple déclaration.
  • Réclamation de l’abrogation de l’immunité diplomatique et parlementaire.
  •  Préparer les futures échéances parlementaires
  • Aller vers l’auto-structuration du Hirak (ne pas confondre auto-structuration et représentation)
  •  Décentraliser le Hirak entre régions Sud-Nord-Est-Ouest ainsi qu’à l’intérieur de la wilaya quartier-commune, daïra, wilaya.
  • La structuration du Hirak nettoiera les communes, pour dénoncer les représentants actuels et futurs et les poussera à faire leur devoir ou démissionner.
  • Civiliser le peuple, la commune, la daïra et la wilaya.
  • Les slogans doivent aussi porter des propositions de revendications.

Le Hirak du 22 février 2019 doit devenir une force de proposition et non pas seulement une force de manifestation.

Auteur
Bachir Hakem

 




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