18 avril 2024
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Les affaires partout, la justice nulle part !

DECRYPTAGE

Les affaires partout, la justice nulle part !

Quelle sulfureuse partie d’échecs sommes-nous en train d’assister entre le peuple et le pouvoir ? Ce dernier sacrifie ses pions en espérant mettre la main sur nos pièces, nos grosses pièces que l’on n’a pas encore brandies, mais qu’il espère neutraliser par un échec et mate, comme toutes les fois où on était sorti, à visage découvert, lutter contre lui.

Ni le coup du grand roc pour protéger le roi Bouteflika, en déplaçant celui-ci d’un salon à un autre, avec un sbire pour lui tenir compagnie ni le coup du berger Gaid, qui espérait, avec l’application de l’article 102, faire d’une pierre deux coups : anéantir la révolution et protéger les siens, n’auront eu gain de cause sur la seule stratégie qui vaille, à jour : le Dégagisme total de tout le système.      

De subterfuges en coups d’éclat, d’opération mains propres au ballet des limogeages centrifuges de quelques eunuques du régime, les vrais détenteurs du pouvoir se démènent comme ils peuvent, face à la stratégie du clouage totale que leur impose le peuple, chaque jour, un peu plus. Le peuple a dit : Tous, c’est tous ; cela veut dire que la partie ne sera pas gagnée, que si toutes les pièces sont, définitivement et de façon irréversible, anéanties. La partie que mène le pouvoir contre le peuple est biaisée, fagotée de mille alibis pour faire durer le suspens, affaiblir les ardeurs, faire croire que les pièces maîtresses, qui protègent le pouvoir, sont en voie de se liquéfier les unes après les autres. Alors, on sort le grand manitou : la justice pour faire le ménage dans ce qui est sale, tout en épargnant le salissant, celui qui, de ses mains, dessine les contours de ceux qu’il ne faudrait pas mettre dans le même panier des linges sales que les autres. Mais, quelle opération mains propres, quand la justice qui instruit les dossiers, convoque les antagonistes et décide des sentences est encore entre les mains des faiseurs d’opinions et éplucheurs de pognons.

La justice de Bensalah, n’est pas plus fiable que celle de Bouteflika et de tous leurs prédécesseurs. Ouyahia, le cavalier de tous les rois oppresseurs qui ont régenté le pays, sous différents gouvernements, n’a-t-il pas envoyé, de ses sales mains d’inique du régime, d’honnêtes cadres en prisons et scellait le sort des entreprises publiques en les balançant dans la gueule vorace du privé ? Faudra-t-il refaire le procès Khalifa, pour enfin mettre la main sur les vrais marionnettistes qui se cachaient derrière le sulfureux homme d’affaires ? Faudra-t-il titiller un peu plus Chakib Khalil, les poches allégrement posées sur un de ces juteux puits de pétrole dont regorge le pays, pour qu’il nous dise un peu plus sur les faits de corruption, trafic d’influence, abus de fonction, blanchiment d’argent et direction d’une association de malfaiteurs et d’une organisation criminelle transnationale pour lesquels il n’a jamais été inquiété. Non, Chakib Khalil, entre ses tournées de bars et de casinos à Chicago, on lui ouvre les portes de zaouïa pour venir se reposer dans son pays, là où la rapine s’opère à la grande louche, autour d’un bon couscous, entouré de riches copains et de la dernière lignée des caïds. Pour tout ce monde-là, les portes du pénitencier d’El-Harrach leur seront impénétrables tant que, derrière le luisant bureau où siège le juge, officie la main du pouvoir.     

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S’il faut refaire la comptabilité de tous les deniers dilapidés du pays, avec tous les belligérants qui se sont succédé au pouvoir, la main baladeuse dans les caisses de l’État et l’appétit dévorateur d’un ogre, il va nous falloir arrêter le temps et songer toutes les fois où ils nous ont appauvris parce que, eux, pendant ce temps-là, ils s’enrichissaient. Les beaux arrondissements de Paris, le 16e ou le 17e, sont en soi, l’image fulgurante d’où se trouve l’argent dilapidé au peuple algérien. Les intégristes du royaume Qatari et l’oligarchie mafieuse du régime algérien se côtoient, le ventre repu, sous le ciel clément de Paris.      

Si révolution il y a dans la rue, c’est à cause de l’iniquité et l’injustice sociale qui ont été érigées en mode de gouvernance dans le pays.   Boudiaf a été, prestement liquidé, six mois après son arrivée au pouvoir, parce qu’il s’était penché, sérieusement, sur la question de la corruption qui, déjà à cette époque-là, était la colonne vertébrale du régime et de ses instigateurs. De l’affaire Belloucif, d’aucuns ne s’attendaient à ce que le défunt Boudiaf demande la réouverture du dossier qui, sans le moindre doute, allait nous conduire vers les vrais commanditaires des fameux projets de couverture radar pour le compte du gouvernement français. Le pays, depuis la fin du monde bipolaire, a été géré par les fameuses sociétés import-import, créées de toutes pièces par les malfrats au pouvoir, et dont la manne financière reposait, notoirement, sur les surtaxassions des factures, en contrepartie de soutien explicite de la France, tant au niveau financier que politique.     

S’il subsiste, au sein de ce régime grabataire, une réelle volonté de rendre justice au peuple algérien, il faudrait alors remédier à l’origine de toutes les injustices qui perdurent depuis l’indépendance : l’illégitimité de tous les régimes qui se sont succédé et, à fortiori, celui qui est là, en train de négocier sa survie. Cela ouvrirait, certainement, la porte pour une justice forte et indépendante. Mais, ne faisons pas d’illusion sur la capacité de manœuvre de ce régime, son outrecuidance à faire jouer les mêmes pièces de jeu autant de fois que de combines à diligenter, quitte à enfreindre les règles, et restons lucide face à la fumisterie qui plane sur le toit du palais de justice. Il nous faut, d’abord, nous débarrasser des pyromanes si l’on veut éteindre le feu de la corruption.

Pour que l’échec et mate que nous brandissons, à toute épreuve, chaque vendredi, et après chaque manœuvre dilatoire du pouvoir ennemi, aboutisse à une mise à mort certaine de ce dernier, il faudrait que l’on reste solidaire, uni et indivisible, car, contrairement à leurs pions, qui seront toujours là pour protéger leurs grosses pièces de ce qui se joue dans la rue, nous, le peuple d’en bas, n’avons ni roi ni reine à protéger, seule la démocratie pour laquelle on s’était tant sacrifiés.  

 

Auteur
Mohand Ouabdelkader

 




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