28 mars 2024
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Les derniers jours de Saïd !

TRIBUNE

Les derniers jours de Saïd !

Cette chronique, j’ai dû la réécrire vingt fois mais, aujourd’hui, elle semble plus que jamais d’actualité. César régna en maître absolu, il fut assassiné par son fils, Brutus.

La version du drame qui se joue sous nos yeux est que César est trahi par la fatalité, son frère le lâche car il est mortel. Dans sa griserie du pouvoir, il avait fini par oublier cette vérité de l’humanité.

Il redoutait tant ce moment qu’il a osé l’impensable, le dernier coup de poker des désespérés, celui qu’il n’avait aucune chance de gagner. C’était le jeu de trop, celui où la mise totale d’une vie est jetée sur le tapis pour un dernier coup de chance, lui qui porte son nom.

Mais cette fois-ci, la révolte est naissante, elle se gonflera de toute la hargne que les dictatures militaires et les despotes nourrissent durant des décennies. Saïd est comme tous les assoiffés du pouvoir et de l’argent, il en est aveuglé jusqu’au suicide.

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Car ces gens ont fait trembler tous ceux qui se présentaient à eux. Mais ils ont fasciné tout autant que créer de la frayeur. Un état qui paralyse et hypnotise jusqu’à les faire prosterner pour quémander la protection et la bénédiction du Pharaon. Tous savent que c’est le prix pour acquérir un pouvoir sur d’autres et d’une fortune assurée.

Oui mais Saïd en a fini par oublier que son frère était mortel. Il a désespérément voulu prolonger l’illusion en proposant comme Président, encore une fois, un vieillard grabataire qui bave et ne s’exprime plus que par des tremblements.

L’héritier au trône avait profité, comme tous les vizirs puissants qui gouvernent en coulisse, de l’impotence du souverain. C’est aujourd’hui terminé, il doit être dans un terrible désarroi. Je n’aurai pas l’ombre d’un chagrin pour ce monstre.

 

Il sait que toute sa cour l’assurera, dans un premier temps, de son soutien et de son respect. On lui rappellera qu’il est chez lui, partout où il ira, et que les portes lui seront ouvertes. C’est effectivement ce qui se passera dans les tous débuts.

 

Mais il sait également, car la peur remet parfois les esprits en place, que ces portes seront refermées assez rapidement, les rendez-vous annulés pour des excuses fabriquées et les regards fuyants.

Et c’est surtout dans les regards que le grand puissant d’hier verra la terrible marque de l’indifférence puis, petit à petit, il connaîtra ce qu’il n’a jamais connu depuis sa naissance, depuis qu’il porte ce patronyme qui fait trembler et prosterner les courtisans.

En effet, pour la première fois, il verra des regards hostiles, voire accusateurs car chacun voudra faire oublier qu’il s’était courbé devant le personnage et souhaitera retrouver sa dignité en allant se prosterner devant le nouveau maître du pays. Un maître qui sera prompt, lui aussi, à faire oublier qu’il s’était prosterné devant le petit homme.

Même chez les femmes, il ne retrouvera plus dans leur regard ce qu’il y a toujours trouvé car la puissance du pouvoir et de la fortune éblouissent jusqu’à l’aveuglement.

Saïd, je suis résolument un farouche adversaire de la peine de mort. Mais pour autant je suis pour les peines lourdes, à la hauteur des crimes. Et, franchement, ce qui va t’arriver est la plus forte des peines que peut te réserver l’humanité.

En attendant, bien sûr, celle que devra t’infliger la justice, le jour venu.  

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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