24 avril 2024
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« Les hommes de l’ombre » de Mohamed Lemkami

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« Les hommes de l’ombre » de Mohamed Lemkami

Riche en événements et en informations le récit de Mohamed Lemkami aura eu le mérite de nous présenter une vision du MALG de l’intérieur. Plus humaine, plus réelle que celle que nous percevons depuis plus de 50 ans à travers les historiens, les journalistes, les hommes politiques et autres.

Pragmatique, méthodique, rigoureux et faisant preuve d’empathie pour les plus faibles comme pouvaient l’être « les maîtres » indigènes du primaire de l’école coloniale Si Lemkami nous fait voyager à travers son institution, nous y fait découvrir ses hommes.

Il nous explique leurs motivations, leurs choix, les siens avec courage et impartialité. Il nous y présente ses chefs, les principaux acteurs, leurs divergences et leurs luttes. Il va même jusqu’à nous décrire une vive altercation qui se termine par une gifle que Boussouf administre à Boumediene dans l’appartement où il les héberge pendant près d’une semaine durant les premières années de la guerre.

C’est dire que le différend était déjà là. Il nous donne des indices : des années plus tard, après l’indépendance il dîne avec Boussouf et lui demande des explications sur ce qu’il a vu. Abdelhafidh Boussouf, inquiet lui demande s’il a entendu quelque chose; il est soulagé d’apprendre que Lemkami n’a pas capté grand-chose. Au fil du récit de Lemkami nous apprenons qu’à l’heure des choix, il y avait deux MALG : les pour et les contre, les fidèles et les opportunistes, les légalistes et les usurpateurs, les bons et les mauvais.

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Lui nous explique clairement le sien.

Quant à Boussouf il essaye de le décrire simplement, comme un humain, un militant de la première heure, un combattant qui avait à faire des choix, prendre des décisions et qui s ‘y adonnait sans état d’âme selon les exigences de la fonction qu’il occupait et pour le bien de la révolution.
Durant une guerre et à la tête des services secrets on ne peut pas montrer de signes de faiblesse aussi infimes soient ils.

Ce qui laisse quand comme un goût d’inachevé au lecteur, une sensation désagréable, une déception c’est au moment de la mise à mort du MALG par son propre géniteur par courrier, à l’aide de la fameuse lettre adressée aux cadres par Boussouf.

Lemkami est désabusé, le responsable du service S4 lui-même a l’air de ne pas comprendre. Que dire du lecteur?

Cette fois ci c’est le lecteur qui aura de l’empathie pour lui, pour le MALG, pour Boussouf. Là, à ce moment précis, décisif, Si Mabrouk le « bourreau » devient la victime : il assiste sans broncher à sa mise à mort politique et à celle de son enfant le MALG.

On éprouve de la peine et de la compassion pour lui. N’était-ce pas le but recherché par l’auteur?

Il n’en demeure pas moins que Si Lemkami aurait gagné à nous éclairer, il le pouvait le faire sur les raisons profondes cachées qui ont poussé Boussouf à s’effacer de la vie politique. Celles évoquées par l’auteur ne sont ni suffisantes ni convaincantes s’agissant d’un homme du gabarit qu’il a décrit.

Le début de la réponse serait-il dans les causes de l’altercation dont il a été témoin? A lui de nous le dire.

D. L.

« Les hommes de l’ombre », édition Anep

Auteur
Djalal Larabi

 




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