26 avril 2024
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Les Palestiniens ne seront pas les Indiens du XXIe siècle

REGARD

Les Palestiniens ne seront pas les Indiens du XXIe siècle

Le 28 janvier 2020, Trump accompagné de son fidèle allié Netanyahou se présente dans la salle de presse de la Maison Blanche devant une assistance acquise à sa « vision » du « règlement » du problème palestinien. Comme d’habitude, les images qui défilent et les mots qui sonnent creux dans pareil show n’arrivent pas à masquer la vérité mais laisse plutôt suinter de gros mensonges.

C’est ainsi que le monde entier prit connaissance de l’essence ‘’philosophique’’ de la vision de Trump et de Netanyahou. Le ‘’plan de paix’’ mal nommé écrit par le premier ministre israélien nécessitera une pluie de dollars que la ‘’généreuse’’ Amérique déversera sur des bantoustans éparpillés ici et là dans la Palestine. Cette ‘’escroquerie du siècle’’ a ainsi été concoctée par deux samaritains des temps modernes qui ont choisi de dépecer le territoire d’un propriétaire qui ne pèse à leurs yeux pas même un kopek. Nos deux Américains (1) se sont réparti les rôles dans cette sinistre mise en scène. L’un avale un pays en se conduisant comme Attila, l’autre riche comme Crésus distribue des billets verts estampillés ‘’in god we trust’’ (en dieu nous croyons) pour appâter un peuple qui fonctionne plutôt aux carburants de la dignité et de l’indépendance du pays.

En revanche, l’addiction de ses prédateurs a pour nom une mentalité biberonnée aux boissons saumâtres de l’idéologie des conquêtes des terres d’autrui. Ce sont des descendants de ceux qui ont parqué les Amérindiens dans des réserves. Et leurs ancêtres, pour apaiser leur conscience leur ont laissé en héritage, un récit où ils vantaient leurs aventures en taisant les exactions de la pire sauvagerie.

Nous Algériens, on connait cette musique élaborée par un esprit colonialiste pourtant brillant, entré dans l’histoire sous le nom de Jules Ferry, qui affirma qu’il est du devoir de la ‘’civilisation’’ de sortir les’’ barbares’’ de leur état primitif.

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Voilà donc le cadre historique et idéologique des descendants de deux conquêtes coloniales séparées dans le temps par plusieurs siècles. C’est précisément le temps qui s’écoule qui me fait dire que les Palestiniens ne seront pas les Indiens du 21e siècle. Les esprits sont si formatés par une propagande des uns et de la lâcheté des autres qu’on a peine à croire à ce pronostic. Commençons par les dynamiques du mouvement de l’histoire qui finissent par ramener à la raison les excités qui se croient tout permis.

1) Au Moyen-Orient, il y a une myriade de régimes voisins de la Palestine qui, rongés par les mites cesseront un jour d’être un obstacle aux aspirations des Palestiniens. Cet obstacle est constitué de féodaux qui se maintiennent au pouvoir en vendant leurs âmes pour acheter leur sécurité à des puissances qui les méprisent. Lesquelles puissances auront de plus en plus de mal à faire la loi dans la région à cause ‘’d’intrus’’ et rivaux à même de les dégager eux et les régimes de leurs protégés. On sait que l’empire ottoman, jadis avait conquis cette région dont il sera dégagé par l’Angleterre victorienne qui céda la place aux USA, un enfant terrible grandissant qui l’aida plus tard à résister au fou furieux de Berlin. 

2) Le deuxième facteur, les Palestiniens en dépit de l’oppression de vivre et de circuler librement dans leur territoire, ne cesseront jamais d’être un caillou dans les chaussures de leurs oppresseurs. Pas la présence physique d’un peuple dans son pays et habité par le rêve de reconquérir son droit à une existence nationale, la Palestine est et restera un élément décisif dans la configuration politique de la région.

Oui, ce peuple se nourrit d’un rêve lové au plus profond de sa conscience historique, recouvrir sa dignité sur sa terre, une terre-mère matrice magnifiée par le grand poète Mahmoud Darwich. On a tout fait pour tuer ce rêve et les Palestiniens sont toujours debout. Leur expulsion en 1948, les guerres avec leurs cortèges de morts, l’invitation à financer leur installation ailleurs (facilités pour partir et s’installer notamment aux USA et Canada) et dernière trouvaille, l’objectif inscrit dans le ‘’deal du siècle’’ de déplacer les Palestiniens vers les territoires du futur ‘’Etat’’ palestinien.

Toutes ces agitations et les plans cyniques et cruels d’Israël sont la preuve que les Palestiniens par leur seule présence sur leur terre et en exil ont d’ores et déjà ébranlé le rêve d’un Israël ‘’du Nil à l’Euphrate’’. Et comble de l’insolence politique, on demande à la victime de reconnaitre à son bourreau le statut d’Etat juif, une des exigences du ‘’deal du siècle’’ en contrepartie d’un Etat palestinien ‘’Bantoustanisé’’.

3) Mais revenons au présent et à la situation actuelle qui, en dépit du Droit international et des résolutions de l’ONU, Israël ne respecte rien et se conduit comme un enfant gâté grâce à de puissants protecteurs. On sait pourquoi. Et c’est pourquoi, seules les contraintes sur les divers champs de bataille (politique, diplomatique et militaire) peuvent créer un rapport de force qui ramènerait à la raison cet enfant gâté et dans son sillage ceux qui sont restés sourds à l’incroyable injustice et au calvaire subi par tout un peuple.

Ces contraintes potentielles, expliquent l’empressement, l’agitation et la brutalité de la future mise en œuvre du casse du siècle. Israël a brûlé à la fois ses cartes guerrières et ‘’pacifiques’’ composées de ruses et des accords d’Oslo qu’il n’a jamais appliqué. Son obsession de décapiter le Hizbollah libanais et de neutraliser la Syrie le fait patauger sur un terrain qui ne se plie à ses désirs. Et si l’on ajoute le cauchemar de l’Iran présent en Syrie et en Irak, le prix de l’angoisse devient jour après jour insupportable d’autant que les signes de désengagement de l’Oncle Sam ne sont plus une lubie.

Les échecs de ce dernier en Syrie et en Irak et ses déboires avec l’Iran donnent une idée des futurs redéploiements de ses forces dont il a besoin ailleurs pour rester maître des routes terrestres et maritimes qui relient l’Europe à l’Afrique et à l’Asie (2) Tâche titanesque qu’il faut accomplir quand on a encore des ressources et des armées puissantes pendant que les rivaux (Chine et Russie) sont encore dans la phase de la consolidation de leur économie et tant qu’ils font preuve de prudence et de sagesse pour éviter une confrontation militaire. En dépit de leur puissance militaire, une sorte de peur commence à gagner l’Oncle Sam et Israël. Révolue l’époque de la ‘’témérité’’ où les USA et Israël traversaient allègrement les frontières, bombardaient ou s’installaient dans des pays de la région.

La liste de leur impunité est longue… Palestine, Liban, Syrie, Irak, Afghanistan. Cette époque ‘’bénie’’ entre peu à peu dans le royaume des souvenirs et les USA se voient obligés de mettre un bémol à leurs ardeurs face à l’Iran et cherchent d’ores et déjà de partir d’Afghanistan. Par deux fois, face à l’Iran, leurs actes agressifs ont reçu une réponse appropriée. Leur drone le plus sophistiqué au monde en violant le ciel iranien a volé en éclat et sa machinerie de la plus haute technologie est tombée dans les mains de l’ennemi. Idem en Afghanistan où ils viennent de perdre un monstre d’avion avec à son bord le chef de la CIA dans la région. L’assassinat du général Kacem Souleymane en Irak fut un acte de guerre caractérisé contre l’Iran et une humiliation de l’Irak. L’Iran se vengea avec force (2). Quant à l’Irak, elle demanda aux USA que ses armées quittent le pays.

S’agissant d’Israël qui se baladait au Liban comme bon lui semblait, depuis 2006 où ses fameux chars ‘’Merkava’’ furent réduits en cendre avec des simples RPG (lance-roquettes portés manuellement), ses troupes ne franchissent plus la frontière terrestre libanaise. Ses soldats se contentent d’élever des murs et de creuser des souterrains pour empêcher leurs ennemis de porter la guerre sur le territoire qu’il contrôle. Qui l’eut cru il y a peu de temps.

Le changement d’attitude des USA et d’Israël dans la région ne signifie pas un affaiblissement sur le plan de la puissance militaire et technologique. On sait que la puissance militaire est soumise au pouvoir politique et que la guerre oblige le politique à mettre dans la balance moult facteurs dont leur conjugaison et leur maîtrise est loin d’être une partie de plaisir. L’art de la guerre ne connait qu’une contrainte qui conditionne toutes les autres. Gagner une guerre implique de soumettre l’ennemi et occuper son territoire. Pas facile de nos jours ! C’est cette incapacité en termes politiques et militaires qui explique l’angoisse et la fuite en avant des USA et d’Israël. Tous les deux, ils ont fait l’expérience de l’occupation de territoires qui s’est soldée par de lourdes pertes humaines et de milliers de milliards de dollars.

Ce bilan noir a refroidi leurs envies de recommencer. Si l’on ajoute la cuisine électorale dans les deux pays, on comprend l’agitation de Trump et de Netanyahou faite d’esbroufe pour se faire réélire. Hélas pour eux, la guerre n’obéit pas à ladite cuisine électorale. Elle obéit au Politique lequel est un produit de l’Histoire et des forces sociales dans un pays et doit tenir compte du rapport de force au niveau international. Et l’Histoire a déjà enterré tant de prétendants à vouloir dominer le monde éternellement.

La ‘’Nostra Méditerranée’’ de Rome est un doux souvenir, la Sublime Porte des Ottomans est bistrée et fissurée, quant à l’empire où le soleil ne se couche jamais, il ne vient plus au secours de l’Angleterre où il pleut toujours….

Ali Akika

Renvois

(1)  Netanyahou est né aux USA.

(2)  C’est ce que tente de faire les USA en empêchant la Chine de construire la route de la soie ainsi que la Russie de vendre son gaz (accord conclu avec la Turquie) à toute l’Europe pour éviter de passer par d’autres pays quelque peu ‘’ennemi’’.

(3)  Voir l’article ‘’la guerre Iran/USA n’aura pas lieu’’. J’avais relevé le déni de Trump qui annonça son bilan zéro victime et pas de dégâts. Ensuite le Pentagone publia au compte-gouttes des chiffres qui prouvent que les Iraniens n’avaient pas tiré avec des arbalètes selon l’expression que j’ai utilisée dans mon article.

Auteur
Ali Akika. cinéaste

 




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