19 avril 2024
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Les Toulousains honorent les siens en célébrant leur immigration maghrébine

HOMMAGE

Les Toulousains honorent les siens en célébrant leur immigration maghrébine

A Toulouse et partout en France le groupe musical Zebda était connu et reconnu avec un pic atteint autour de la période de sa splendeur où ses créations musicales sont reprises continuellement sur beaucoup de radios et de chaines de télévisions.

Les concerts du groupe attiraient constamment du monde où certaines salles toulousaines paraissaient assez souvent exiguës et jamais à la hauteur du succès accumulé et mérité de ce groupe aux couleurs et aux accents toulousains. La renommée du groupe avait largement dépassé les frontières de la ville rose.

Le groupe formé par des jeunes issus de l’immigration maghrébine des quartiers nord de l’agglomération toulousaine (comme on aime à désigner encore aujourd’hui ce groupe humain) est l’aboutissement d’un combat militant de nombreux jeunes soucieux d’inscrire leur militantisme dans celui plus global d’une lutte universelle pour les droits humains. Leur démarche s’est focalisée sur les itinéraires des migrants d’origines maghrébines en général et plus particulièrement celle de leurs parents venus d’Algérie depuis le milieu du vingtième siècle.

Zebda et les Motivé-es, furent les fers de lance du combat pour la connaissance et la reconnaissance de ce groupe humain « issu de l’immigration » pour que justice lui soit faite en réveillant les consciences, d’abord des toulousains et ensuite de la nation française dont ils estiment avoir contribué à enrichir son patrimoine, humain, matériel, culturel, cultuel… leur émergence a suivi le formidable élan de « La Marche pour l’égalité et contre le racisme » (aussi appelée Marche des beurs) s’est déroulée de la mi-octobre au début de décembre 1983 et qui rassembla des milliers pour une longue marche entre Marseille et Paris.

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« Motivés, chants de lutte » fut l’un des nombreux projets discographiques des ces nombreux jeunes, construits au sein du collectif très actif et qui continue jusqu’à aujourd’hui à porter très haut le flambeau de la lutte pour une citoyenneté reconnue pour tous : le Tactikollectif.

Les différentes traditions de luttes à travers le monde ont vu émerger des chants révolutionnaires portés et scandés par des groupes humains souvent écrasés par le poids du capitalisme mondial est ses corollaires le colonialisme ou les différentes dictatures militaires ou civiles de tout genre. Ces chants révolutionnaires ont guidé l’inspiration du groupe pour la création de ce mémorable disque en partenariat avec la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR). De mémoire de beaucoup, les chants gravés dans ce disque furent constamment scandés lors de différentes manifestations populaires à travers la France entière. Le titre qui revenait souvent fut « Motivé-es » dont beaucoup de militants de la gauche française et particulièrement de l’extrême gauche se souviennent encore.

L’un des premiers projets de Tactikollectif sera le disque « Motivés » qui remet au goût du jour des « chants de lutte » qui avaient bercés les deux rives de le méditerranée, les françaises, les Kabyles, les Catalanes et bien d’autres…

Le Tactikollectif, malgré la renommée de « Zebda », des « Motivés » de « Ca bouge au Nord » et de « Origines Contrôlées », reste une association assez peu connue des Toulousains. Le nom Zebda, celui du groupe éponyme, leur reste collé presque à jamais, tant la confusion était grande depuis leur début. Les deux fratries visibles qui sont le noyau dur du collectif autant dans son expression artistique que dans celle dédiée à la politique, sont des enfants issus de deux familles d’immigrants kabyles qui se sont implantés dans les quartiers du Nord de Toulouse. Les familles Amokrane et Cherfi ont donné à Toulouse une génération de jeunes dont elle ne finira jamais de s’enorgueillir.

L’acharnement des animateurs de ce collectif associatif fait de Toulouse une ville où les questions sur l’immigration sont désormais traitées sous un aspect novateur où l’histoire des migrants devient une partie intrinsèque de celle de la ville rose.

L’expérience en politique des « Motivé-es » lors des élections municipales de Toulouse en mars 2001 et réalisant un score de 12,49 % fut une énorme brèche dans le microcosme politique toulousain construit depuis de longues décennies autour de la sacro-sainte « alliance » des Gaullistes, des socialistes et des centristes radicaux pour se partager le pouvoir sur les collectivités territoriales du département de la Haute Garonne.

Le concept de « démocratie participative » nouvellement scandé durant la campagne électorale et une médiatisation sans précédent pour une nouvelle structure politique furent deux atouts indiscutables qui avaient permis à ce collectif de jeunes inconnus sur la scène politique toulousaine de prendre une place non négligeable avec quatre conseillers municipaux dans le nouveau Conseil Municipal élu à la suite de ces élections de mars 2001.

Les élections de 2008 qui avait vu naître une alliance entre le groupe des Motivés et un parti de l’extrême gauche fut une véritable déroute pour ces derniers. Cette alliance fut considérée par beaucoup comme une faute politique, à l’instar d’un des piliers du groupe Zebda qui poussa son opposition à cette alliance jusqu’à publier une lettre ouverte dans laquelle il défendait ouvertement et sans aucune réserve la liste du Parti Socialiste.

L’ancrage de Tactikollectif dans la création et la gestion d’événements où l’Histoire et la Musique sont amalgamées pour donner naissance à des projets au rayonnement extraordinaire tels les grands concerts de « Ca bouge au Nord » implantés pour l’occasion sur les immenses pelouses du parc de Sesquières au Nord de Toulouse où se sont produits le groupe Noir Désir du temps de sa splendeur, Mano Negra, le groupe Zebda, l’immense artiste kabyle Lounis Aït Menguellat, la regrettée Cheikha Rimiti, Baaziz et bien d’autres…

Ma mémoire de fidèle spectateur me rappellera toujours les longues files de voitures stationnées des deux côtés de la rocade Ouest toulousaine et ce de la sortie de Sesquières à celle plus au sud de Purpan. C’est carrément du jamais vu.

L’année 2018 avait connu deux importantes manifestations toujours sur le thème des migrations. L’une les 07-08 juin 2018 intitulée « Cultures des migrations et des outre-mer » avec une exposition « Artistes et diversités » et l’autre les 07-08 décembre 2018 sur le thème des « Quartiers populaires, de la fiction à la réalité ». 

Ces thématiques reviennent toujours pour insister sur les apports de l’immigration pour enrichir la culture toulousaine.

S’en suivront « origines contrôlées » pour les plus connues dont la dernière mouture se déroula du 23 au 27 octobre 2019.

Et plus récemment la grandiose exposition à la Médiathèque José Cabanis qui avait démarré le 10 septembre 2019 et qui se déroulera jusqu’au 12 janvier 2020. Celle-ci est intitulée «  Présences maghrébines dans la ville rose ». Cette magnifique exposition est suivie d’une programmation culturelle aussi riche que variée et dont les différentes manifestations se dérouleront dans différents lieux culturels de la ville rose.

Les Toulousains ont montré un intérêt manifeste pour cette exposition où le nombre de visiteurs vient prouver leur sensibilisation aux questions des migrants. Pour tous ceux qui opportunément passent par Toulouse, le détour par la Médiathèque José Cabanis pendant cette période, vaut la peine.

Très prochainement le 28 novembre 2019, un spectacle sur le thème de la Casbah d’Alger, un spectacle musical au théâtre des Mazades où l’histoire de la casbah algéroise sera déclinée à travers la musique chaâbi.

Les quartiers d’Alger où cette musique a vu le jour seront aussi de la fête. Musiciens, comédiens et conteurs, rendront ainsi hommage à l’Algérie et à tous les artistes, connus et moins connus, qui ont contribué chacun à sa façon à faire naître et à perpétuer cette musique, qui, éternellement s’inspire et puise ses racines dans les Noubas berbéro-arabo-andalouses et dont le rayonnement déborde largement le territoire de son espace originel.

Enfin, et dans un autre contexte mais toujours dans le domaine de l’art et de celui de la mémoire, La Cave Poésie de la rue du Taur au centre-ville propose un hommage à l’écrivain Kateb Yacine. Trois soirées sont proposées dans le cadre du temps fort « Kateb Yacine, poète rebelle » et ce les 07, 08 et 09 novembre 2019 à partir de 19 heures.

À partir de textes choisis dans Soliloques, des artistes inventent un parcours libre inspiré des textes de l’écrivain pour un enchantement garanti. L’œuvre de l’écrivain-poète est revisitée à travers des improvisations et des interprétations où le choix des instruments de musique utilisés crée une ambiance à la hauteur de ce géant de la littérature française.

La ville rose mérite bien son immigration.

Auteur
Mathias-Muhend Lefgoum

 




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