19 avril 2024
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L’Europe, la fin d’un eldorado !

REGARD

L’Europe, la fin d’un eldorado !

«L’Europe ne peut accueillir toute la misère du monde […] au nom de ce principe, écrit Emmanuel Mbolela dans son ouvrage «Réfugié», les Européens laissent mourir des hommes, des femmes et des enfants devant leurs portes. La Méditerranée est devenue une fosse commune de milliers de migrants.»

Ayant fui la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), son pays natal, au début des années 2000, avec pour unique rêve l’horizon lointain de l’eldorado européen, ce réfugié congolais échappé de justesse des griffes de la police de Kabila qui reprenait alors les vieilles méthodes du sanguinaire Mobuto, aurait traversé les frontières de sept pays, à savoir le Cameroun, le Nigeria, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, l’Algérie, puis enfin le Maroc.

Resté bloqué plus de quatre ans dans ce dernier pays, il a ressenti dans sa chair le profond racisme dont sont victimes les migrants africains dans les rues des grandes villes, le même triste diagnostic est également dressé concernant l’Algérie. 

Digne du parcours d’Ulysse, le héros de l’Odyssée grecque, le long périple de Mbolela est jalonné de tant d’embûches : la cupidité des passeurs qui se font leur business sur le dos des malheureux migrants, la violence des policiers qui les pourchassent et les tabassent à chaque fois que l’occasion s’en présente, le mépris des douaniers qui, au détour de chaque contrôle frontalier, se servent sur le tas et les dépouillent.

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Le récit du Congolais fait aussi état de la souffrance de beaucoup de femmes-migrantes qui accompagnaient son groupe. Celles-ci se faisaient, en effet, violer pour avoir le droit de franchir la frontière, avec quelques compagnons d’infortune.

Ironie du sort, une fois le pied du Congolais posé sur le sol européen, plus précisément aux Pays-Bas, la réalité sur le terrain n’était malheureusement pas plus reluisante que dans les pays qu’il avait traversés auparavant !

L’eldorado qu’il a espéré atteindre dans «le pays des tulipes» s’est écroulé comme un château de cartes : solitude, froid, indifférence, misère, boulots à la chaîne sous-payés, discrimination, course effrénée derrière les guichets administratifs pour « les papiers » font son lot quotidien. 

Il va de soi qu’étant donné le contexte de la montée des populismes et des crispations identitaires qui fragilisent les sociétés occidentales, la question des migrants et des réfugiés devenue trop encombrante pour les pays européens, en particulier depuis la grande vague de migrants en 2015, profite trop aux extrêmes-droites et aux groupuscules néo-nazis de tout bord.

Le témoignage plein de lucidité de ce réfugié congolais cache sans aucun doute des milliers d’autres, parfois enfouis dans l’anonymat, qui interpellent notre humanité et nous rappellent la nécessité de la solidarité internationale pour développer la paix dans le monde, tout en encourageant les mécanismes de développement local des pays pour éviter l’exode des populations et… le pire dans l’avenir. S.O.S. aux concernés, les pays occidentaux en tête.

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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