25 avril 2024
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L’indéboulonnable système !

OPINION

L’indéboulonnable système !

Si le clan de Gaïd Salah se meurt pour un autre du même sérail, c’est qu’il y a consensus sur les détenteurs du pouvoir absolu et divergence sur les hommes de main, en charge de mener la gouvernance du pays. 

Le déclin de Bouteflika n’a pas été précipité, uniquement, en raison de  son incapacité patente  de gouverner le pays, mais par l’expansion foudroyante et menaçante de ses hommes de main dans la gestion exclusive des affaires du pays. Sans cela, même mort, Gaïd Salah et son clan auraient pu continuer à gouverner au nom de Bouteflika. 

Aujourd’hui, pour le pouvoir absolu, il y a urgence à rééquilibrer la balance politique entre les gestionnaires de la rente et les détenteurs du pouvoir absolu, tout en réanimant les circuits politico-financiers dont disposait le clan Bouteflika pour gouverner le pays, notamment vis-à-vis de l’étranger, seul garant de la rente qui alimente les caisses noires du régime. 

Ce qui se déroule sous nos yeux, depuis l’avènement du Hirak/Tanekra, avec une théâtralisation judiciaire des affaires de corruption, de malversation et de détournement d’argent, tout en réprimant le peuple  qui, lui, demande le départ de tout le système, se traduit par deux mesures concrètes :  le retour de Lamamra et l’éviction de Zeghmati.

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En outre, les détenteurs du pouvoir absolu dans le pays nous font clairement comprendre qu’ils gouvernent par l’entremise d’une justice et d’une police parallèle, et que tout homme de main, aussi servile et docile qu’il soit, ne s’étonne pas de se voir, un jour, à son tour, évincer et traquer par le même procédé de gouvernance par lequel il a été désigné. C’est ainsi que se pratique l’alternance au pouvoir, dans le pays. Une alternance qui n’a de sens que si les clans changent et que le système reste . 

 Depuis l’indépendance, on a substitué à l’État un clan qui s’est autoproclamé l’héritier de la révolution et distribue, au gré des alliances et des allégeances, les rôles et les fonctions au sein de cette nomenklatura. Mohammed Harbi, outre qu’il est un historien de renom en ce qui concerne le mouvement de libération nationale,  a été un témoin oculaire de la mort dans l’œuf, de l’œuvre de création de l’État algérien. 

Les années sont passées et la gouvernance du pays est restée entre les mains de sulfureux clans, agissant en prédateurs, ne se souciant aucunement du sort du peuple, rendant quasiment irréaliste tout projet de les déboulonner. La corrosion du système est tellement profonde que le rêve ne peut émerger. Il n’est plus permis de rêver à cause, entre autres, de l’islam politique dont Tebboune, président désigné par les militaires, affirme, lors d’une interview à un journalise du Point, n’avoir aucun complexe et aucune difficulté à gouverner avec. 

Il ne nous apprend rien. Il fait  valoir la cohérence du pacte scellé entre les islamistes et le système: entre les chasseurs  de la liberté de penser et les tortionnaires des esprits libres. C’est ainsi qu’il perpétue la gouvernance de Bouteflika, grâce à laquelle l’islam politique s’est vu distiller au plus profond des institutions du pays. De Naïma Salhi à Bengrina, s’il y a une image édifiante de la coresponsabilité de l’islam politique dans la déliquescence du pays, c’est bien celle où l’on voit Aboudjerra Soltani, islamiste de son état et ministre d’État sous la présidence de Zeroual et de Bouteflika, se faire traquer comme un malfrat dans le métro de Paris.  

La longévité de ce système n’est pas fortuite. Il n’a jamais manqué d’outsider de tout bord, même lorsque ceux -ci doivent se contenter d’un seul siège, dans une assemblée tragi-comique, où l’élu n’a de devoirs que de servir docilement et loyalement son faiseur de rôles. Indignes vassaux qu’ils ont été et qu’ils le sont encore aujourd’hui, les élus de notre pays. Leur responsabilité, comme leur respectabilité, ne souffre ni de culpabilité ni de remords. 

Ils sont la continuité du système, son antigène, son oxygène. Ils sont de ceux qui ont contribué à boulonner le système au point d’asphyxier le pays. C’est grâce à leur longue co-gouvernance prédatrice que l’on assiste à  l’asphyxie du peuple d’en bas.  Que ce soit dans les geôles de l’arbitraire que le système a érigés aux quatre coins du pays , ou dans les couloirs vétustes des hôpitaux que la mafia politico-financière a vidés de son  oxygène, parce que des milliards de dollars ont été dilapidés, et que l’oraison funèbre ne peut être déclamée que de la grande mosquée d’Alger, le peuple meurt de n’avoir pas pu respirer l’air pur de la liberté.

 

Auteur
Mohand Ouabdelkader 

 




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