20 avril 2024
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Massacres du 8 mai 1945 : un « axe central » de la question mémorielle

EXPRESS

Massacres du 8 mai 1945 : un « axe central » de la question mémorielle

 Les massacres du 8 mai 1945 constituent « l’axe central » de la question mémorielle liant l’Algérie à la France coloniale, a affirmé l’historien Mohammed Ould si Kaddour El-Korso, qualifiant ce sanglant, chapitre de « véritable génocide inachevé ».

« Les cheminements chaotiques de la question mémorielle, dont le 8 mai 1945, constituent l’axe central dans le devenir des relations entre les deux pays », a déclaré El- Korso à l’APS.

S’exprimant la veille de la commémoration du 75eme anniversaire de ce douloureux épisode de la Guerre de libération nationale, le chercheur en histoire est d’avis que les relations apaisées entre l’Algérie et la France doivent se libérer du carcan du passé de l’ancienne puissance coloniale d’une part, et les lobbys racistes et colonialistes dont les cibles restent inchangées depuis 1830, d’autre part », avant de qualifier les événements en question de « véritable génocide » et de relever que cette date demeure « un moment fondateur de l’histoire de l’Algérie indépendante ».

Des exactions qui, souligne-t-il, n’ont été que « la répétition » de ce que sera le 1er novembre 1954, considérant que la Glorieuse Révolution algérienne « puise son essence même, dans ce haut lieu de l’Histoire, que la Cinquième République Française et ses héritiers ont cherché à entacher en promulguant le 23 février 2005 » une loi « revancharde », à ses yeux, car « portant glorification de l’œuvre coloniale en Algérie, en Afrique du Nord et dans les colonies françaises ». Ce qui est une « peine perdue, dans la mesure où les faits sont têtus et aucun texte législatif ne changera les écrits et témoignages des généraux de la colonisation et des jeunes du contingent pendant leur service en Algérie, dont les témoignages sont une tâche indélébile sur le fronton du pays des Droits de l’Homme et du citoyen », explicite-t-il.

Revenant sur la genèse et le contexte historique des dits massacres, M.El-Korso a indiqué qu’en sortant manifester le 8 mai 1945, les Algériens avaient « acté leur revendication indépendantiste, en l’inscrivant dans la mondialisation du moment », rappelant que l’Allemagne et son Führer (Hitler) , constituaient « non pas une menace pour le monde occidental, mais pour le monde tout court. A cela s’est ajoutée l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique, d’une part et du Japon d’autre part, donnant ainsi « sa pleine mesure à une mondialisation par les armes », a-t-il ajouté, à propos de la Seconde Guerre mondiale.

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Pour le spécialiste en histoire, l’avant 8 mai 1945, le jour même et le mois d’après ont été marqués par des « massacres en masse », citant les nombreuses fosses communes, les bombardements aveugles des mechta, l’odeur âcre des victimes que la milice d’Achyari achevait par le feu à Kef el Boumba à Guelma…etc.

Et de rappeler également que ce fût « une mobilisation politique citoyenne sans précédent », dont le déclic a pris racine dans Le Manifeste du Peuple algérien, rédigé le 10 février 1943 par Abbes Ferhat, suivi une année après (le 14 mars 1944) par la création des Amis du Manifeste et de la Liberté (les AML). Le dit Manifeste ayant constitué « l’expression de toutes les forces politique en présence de l’époque et la clef de voûte de cette formidable mobilisation générale, même si celle-ci a manqué quelque part de clairvoyance et de perspective », note-t-il.

El-Korso a tenu à rappeler le caractère « pacifique » de la manifestation en ce jour de marché hebdomadaire « où la discipline était de rigueur » (pas un couteau sur les manifestants), relevant même « un air bon enfant, malgré la très forte tension créée par les autorités coloniales », avant que la levée de l’emblème indépendantiste au cours du défilé ne lui donne une tournure sanglante. Et d’évoquer le jeune scout Saal Bouzid, à l’origine de ce fait déclencheur pour lequel il fût la première victime de cette mémorable journée.

« Tous les grands moments de l’histoire de l’humanité ont été sans exception aucune des moments sanglants. C’est dans et par le sang, malheureusement, que les peuples ont écrit leur Histoire et arraché leur liberté. Il en fut ainsi, entre autres et bien évidemment, du peuple algérien le 1er  Novembre 1954 », conclut l’historien.

Auteur
APS

 




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