26 avril 2024
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Mohamed Arkab : une sortie médiatique de trop (1re partie)  

TRIBUNE

Mohamed Arkab : une sortie médiatique de trop (1re partie)  

Ces derniers temps, avec la volatilité des prix du baril, des rumeurs persistantes circulent au ministère de l’énergie que le premier responsable cavale seul et n’écoute pas ses conseillers notamment dans la communication de prix et de coûts de production. Ils s’interrogent même du but visé par ses sorties intempestives médiatiques qui suscitent plus des polémiques que l’intérêt général en ces moments difficiles que traverse l’Algérie.

Ainsi,  lors de son passage au journal télévisé (JT) de 20 h de la chaîne de télévision nationale A3 le 23 avril 2020, le ministre de l’Energie Mohamed Arkab s’est étonné devant la présentatrice du JT sur les sources  des chiffres qui circulent sur la production du brut algérien et notamment son coût de production face aux dernières chutes des prix qui ont confiné le Sahara Blend, brut de référence algérienne, léger et peu polluant par le peu de soufre qu’il contient entre 11 et 17 dollars le baril alors qu’il était il n’y a pas si longtemps proche de la référence européenne le Brent avec en plus des primes de qualités.

Pourtant, la réponse se trouve dans ses propres déclarations pour du moins rassurer l’opinion publique sur la santé de la mamelle du pays bien qu’avec les nouvelles dispositions contenues dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures, le ministre n’intervient que pour les décisions stratégiques relatives à la politique générale du secteur et non pas dans les questions techniques sur lesquelles il semble semer une confusion qui préoccupe le citoyen d’une réelle prise en charge du secteur.

Revenons une par une sur ses déclarations sur l’actualité de Sonatrach depuis son installation en tant que ministre de l’énergie.                                                                            

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1- Sur la toute récente polémique sur le coût de production d’un baril du brut algérien

 La réponse du ministre  est que le coût actuel de production du baril du Sahara Blend est tellement faible, il permet donc d’amortir le choc des prix en cours. (01) Pour ne pas contredire l’actuel PDG de Sonatrach qui lui dans un entretien accordé le 29 mars dernier au journal El Khabar l’estime à 14 dollars le baril (02).

Le ministre devait nuancer ce niveau sans le contester en arguant que le gros de notre production de brut vient du champ de Hassi Messaoud dont le coût de production du baril ne dépasse pas 5 dollars le baril. Or, il est établi que ces chiffres notamment celui du gisement de Hassi Messaoud, date de plus de trois décennies. Depuis la promulgation de la loi sur les hydrocarbures de 2005, le plan de développement (POD) de ce gisement éclaté en deux parties avait prévu de nombreuses dépenses qu’il conviendrait d’en tenir compte pour réévaluer son coût. 

Pour Hassi Messaoud dit central sur la période 2009-2030, il était projeté de dépenser 8563 millions de dollars dont 81% réservés au forage et le work over. Pour ce qui concerne la zone complexe et les upsides, un montant de 2345 millions de dollars dont 84% pour le forage et le work over. C’est un gisement tellement surveillé par Sonatrach sur instruction des pouvoirs publics eu égard à son importance pour le pays, qu’une partie importante de ces investissements a été déjà consentis.

Il fallait attendre 2017 pour que le PDG de l’époque, pressé pour exporter plus de gaz, il en a détourné une partie importante qui était destinée à la réinjection pour le maintien de pression de ce gisement. Il faut souligner aussi que le groupe Sonatrach importe tout et  les efforts d’améliorer le taux d’intégration n’ont pas abouti depuis la cession de la base logistique de Béni Merad (Blida) à l’Armée Nationale Populaire.

Depuis les services et pièces de rechange pour ses nombreuses installations et ces dernières années jusqu’au catering pour faire nourrir son personnel qui lui revient à plus de 600 millions de dollars par année sont importés. Les clusters dédiés au processus de sous-traitance n’ont pas réussi à surmonter les barrages que lui créent les lobbies qui ancrent leurs ventouses sur toutes les activités pour lui sucer la rente. Toutes ces considérations sont faites sans tenir compte du déplacement de toute la ville de Hassi Messaoud pour des raisons sécuritaires.                                                                                                                                                 

2- Sur le domaine minier algérien

Sur la base des propres déclarations du ministre lui-même,   lors de sa visite dans la wilaya de Tizi Ouzou le 28 novembre 2019 en compagnie de sa collègue de l’industrie Djamila Tamazirt, le ministre de l’énergie, Mohamed Arkab qui s’exprimait lors d’un point de presse(03) en revenant plus rassurant sur l’issue et l’objectif du projet de loi sur les hydrocarbures qui selon lui grâce au réaménagement de la fiscalité permettra à Sonatrach d’explorer les « 150 champs de ressources conventionnelles ».

Il a fait entendre qu’avec le poids de la fiscalité contenue dans la loi actuelle 05-07 bien qu’amendée à trois reprises 2013, 2014 et 2015, la Sonatrach n’a pu attirer de partenaires pour partager le risque dans une aventure capitalistique encore une fois dans les gisements conventionnels.

Pour lui le non conventionnel que le public connait sous le terme « gaz de schiste n’est pas une priorité immédiate ».

C’est l’une des déclarations la plus sage que le public attendait  depuis plusieurs années « l’Algérie compte suffisamment d’énergies conventionnelles qu’il faudra développer avant de penser à celles non conventionnelles ». Là où cela cloche quand il répète pour la deuxième fois consécutive et rapporté par l’Agence Presse Service (APS) que notre domaine minier s’étend sur 1,5 million de km2 « exploité est développé » à 40% la première fois et 38% cette fois- ci. Or, si l’on se réfère au dernier rapport d’activité diffusé par le ministère qu’il est lui même censé géré, la confusion est totale  et saute aux yeux.

Ainsi lit-on dans ce rapport (04) le domaine minier algérien s’étend et cela est vrai sur 153 442 km2 dont uniquement 4% donc ni 40% ni 38% sont réservés à « l’exploitation /développement », 20% pour la recherche, 20% pour la prospection et le reste 52% sont libres. Ce sont donc des chiffres publics diffusés par un site officiel dont il n’y a rien à dire sauf si l’on cherche à se justifier pour des erreurs, peut-être d’inattention mais elles sont commises quand même. A suivre   

Rabah Reghis 

Renvois     

 (01)-http://www.aps.dz/economie/104317-arkab-les-prix-de-petrole-augmenteront-progressivement-au-deuxieme-semestre-de-2020

(02)-https://sonatrach.com/presse/inteview-de-m-le-pdg-de-sonatrach-au-journal-al-khabar-29-03-2020                                          

https://www.ennaharonline.com/%d9%85%d8%af%d8%a7%d8%ae%d9%8a%d9%84-%d8%a7%d9%84%d8%ac%d8%b2%d8%a7%d8%a6%d8%b1-%d9%85%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d8%aa%d8%b1%d9%88%d9%84-%d8%a7%d9%86%d8%ae%d9%81%d8%b6%d8%aa-%d8%a5%d9%84%d9%89-%d8%a7/

(03)-http://www.aps.dz/economie/97315-projet-de-loi-sur-les-hydrocarbures-sonatrach-continuera-a-developper-le-conventionnel                                                                                                              

(04)-https://www.energy.gov.dz/Media/galerie/bilan-des-realisation_2018_5e11d13a6420a.pdf

Dans la deuxième partie on traitera 

  1. Sur la persistance du ministre de ne pas vendre le brut tant que les prix sont en baisse et les conséquences immédiates sur l’économie Algérienne en 2020 et plus tard

  2. La période de Mohamed Arkab analysée par l’ONS                                                                  

Auteur
Rabah Reghis

 




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