26 avril 2024
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Mohand, le visage marseillais du chaâbi algérien

L’OEIL DE ZINA

Mohand, le visage marseillais du chaâbi algérien

Marseille, mai 2019. A deux pas de la gare Saint Charles, la petite façade de l’Institut berbère ne paie pas de mine. Difficile de s’imaginer les trésors culturels que ce lieu recèle.

Sur le perron, un Monsieur au visage riant et aux cheveux argentés m’attend.

Je traverse un long vestibule dans lequel l’amazigh est célébré sous toutes ses formes. Mosaïques, bijoux, robes de couleurs, je ne peux m’empêcher de poser mes yeux partout.

C’est fou comme une ambiance peut changer en un rien de temps. Trente secondes avant j’étais dans une rue bruyante du quartier de la Grande Armée. Et me voici atterrie dans un véritable temple. Mon pas suit celui de Mohand Boughalem qui m’ouvrira un rideau ainsi que son cœur dans la pièce de musique où tous ses instruments reposent. Assis devant la petite scène colorée et derrière le pupitre, ses yeux se perdent sur les partitions lorsqu’il livre son récit.

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Mohand est un enfant des années 60. Il est né en Kabylie dans une famille de mélomanes. Son père était coiffeur mais toujours en train de battre un rythme. Il se rappelle avoir débrouillé des instruments avec ses frères en utilisant des bidons d’huile et des ficelles.

«Le rythme n’est pas une affaire de solfège». Pour son entrée en 6e son père lui offrira une mandoline, un souvenir qui marquera sa vie. Sa famille, d’origine modeste, s’était cotisée exprès. Après un ennui total essuyé en cours de musique andalouse, c’est dans la musique chaâbi que le jeune homme s’épanouira.

Arrivé à Marseille en 2000, à 43 ans, Mohand n’a pas une trajectoire des plus classiques. Sans la décennie noire, il serait bien resté quelque part entre Tipaza et Alger. Mais le destin a choisi différemment. Ici dans la cité phocéenne tout le monde le connaît. D’ailleurs on ne dit pas son nom de famille, ni sa fonction (il est prof de musique). On dit «Mohand, l’ancien élève d’El Anka». Sa famille a eu la bonne idée de l’inscrire dans l’école du célèbre maître du chaâbi. Il y passera trois ans. Suffisant pour le marquer à vie.

D’autorité, le professeur, l’immortel M’hamed El Anka, décide ce dans quoi ces futurs virtuoses vont exceller. Pour Mohand, c’était le banjo. Le professeur a eu une fulgurance le concernant et elle s’avèrera confirmée. Il apprendra vite et auprès des plus grands. El Anka, Chaou… Des souvenirs à la fois sublimes et intenses.

Douloureux peut-être ?

A son arrivée à Marseille, il a 20 ans d’exercice en tant que prof de sport. La musique jusqu’alors reléguée au rang de passe-temps le foudroie de nouveau. Il donne quelques cours et parmi ses élèves, une jeune femme, Valérie, devenue accordéoniste, lui propose de monter une école de « musiques du monde ».

Le pari est un peu fou mais c’est le début d’une belle aventure. Ce qui lui a plu chez le Hadj El Anka, c’est la transmission orale et indépendante des conventions du solfège. C’est l’esprit que réincarnera son école associative, «Mains Libres» installé dans un lieu appelé « Qahwa wa Latay » en référence à la chanson d’El Hadj M’rizek. Depuis deux ans l’école est rebaptisée l’oreille presque Parfaite. Les cours ont partiellement lieu dans l’Institut berbère mais c’est une situation transitoire.

A la fin de notre entretien, Mohand me fera l’honneur de jouer quelques notes «à la manière d’El Anka» (insérer l’url de la vidéo :

Une transmission très précieuse et dont la dernière génération est friande. Il faut souligne Mohand Boughalem aussi un passé d’artiste au sein d’un groupe connu, Ichenwiyen qui a brillé dans les années 1980 en Algérie.  

A l’émotion que j’ai ressenti en écoutant ses quelques notes, je comprends pourquoi.

Notre âme se retrouve toute entière dans ces musiques. Sous une forme impalpable mais bien plus puissante qu’un drapeau. Ce qui n’est pas négliger en ces temps de révolution. Nous reviendrons avec plus de détail sur cet artiste. 

Z. M.

Facebook : Œil de Zina

Pour en savoir plus sur Mohand et l’association :

Association L’oreil presque Parfaite – Cité des associations

BAL 187 – 93 Cannebière – 13001 Marseille

L’oreillepresqueparfaite@gmail.com – 06.44.66.75.54

www.loreillepresqueparfaite.com

Auteur
Zina Mebkhout

 




1 COMMENTAIRE

  1. Mohand est ne a Tipaza a la commune oued merzoug a la cite de tipaza ont etait voisin c’etait un bon footbaleur aussi il etait prof d’education phisyque vive la cite avec hamid son frere et mami et kada benhosman c’etait bazard notre petit village la peche les vandanges la plage la croix le chamau tous ca ont etait heureux sans rien des bons souvenir tipaza ma ville natale le mont chenoua et le phare les ruines mataresse dimouchy le complexe tres belle j’ai garde dans ma tete l’ancienne ville

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