25 avril 2024
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Monsieur Tebboune, si vous avez le temps…

REGARD

Monsieur Tebboune, si vous avez le temps…

A l’heure où vous lirez cette lettre (qui sait ?) Khaled Drareni et d’autres journalistes embastillés sont peut-être en train de ramasser leurs affaires jetées au sol par les gardiens à l’issue d’une fouille inopinée ou alors font-ils la queue pour un bol de soupe froide et insipide avant d’aller se coucher sur une paillasse à même le sol infestées de poux et de punaises.

Ceux qui devisent sur la prison à longueur de temps ignorent de quoi ils parlent et je veux vous dire Monsieur Tebboune (j’aurais souhaité vous appeler « Monsieur le président » si ma conception de la démocratie ne me l’interdisait pas, moi qui, comme mes compatriotes, aurais souhaité pour mon pays un président désigné par le peuple plutôt que par un chef d’état-major qui fait aujourd’hui l’objet de controverse pas très honorable).

Je veux vous dire qu’il n’y a aucun prestige pour un responsable à infliger pareil calvaire à des journalistes qui n’ont commis d’autres délits que de soutenir un mouvement populaire que vous avez vous même qualifié de « béni ». Il aurait été préférable que vous laissiez cette triste besogne à vos prédécesseurs, ceux-là même qui m’ont incarcéré pour délit d’écriture déguisé en délit de droit commun. Pirouette lamentable dont votre administration use pour enfoncer le journaliste Khaled Drareni et d’autres confrères.

J’ai appris que vous aviez, à l’époque, exprimé votre désaccord pour cet abus de droit dont se sont fièrement rendus coupables les frères Bouteflika, le sieur Zerhouni et les bandits des grands chemins que sont Abdelatif Benachenou, Tayeb Louh avec la participation intéressée d’Ahmed Ouyahia et de quelques magistrats du système tels que Laydouni, Fella Ghezloun et Belkherchi.

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Votre prise de position, à contre-courant de la version officielle et mensongère, aurait dû vous répugner à être un président-geôlier. Il faut croire que le pouvoir est une puissante source d’amnésie.

Tout comme je suis affligé de voir notre ami Ammar Belhimer qui n’est sans doute pas l’un des meilleurs journalistes comme vous l’avez déclaré mais néanmoins un des plus brillants universitaires parmi ceux qui enrichissent la presse algérienne de leur exigence intellectuelle, tels que feu Abdelmadjid Merdaci et Ahmed Cheniki et j’en oublie….

Je veux dire Monsieur Tebboune, qu’il est du plus grand dommage de s’adonner à des actes arbitraires et de tenter de les justifier par ce talent de Ammar Belhimer de faire dire au Droit ce que les dirigeants veulent entendre.

Le seul résultat auquel abouti pareille trituration de la constitution et du code pénal est de transformer un homme que j’ai connu admirateur de Mayakovsky en disciple de Beria.

Le ministre de la Communication est pourtant capable de produire bien mieux que ces piètres réquisitoires sur la carte professionnelle de Drareni qui n’a pas besoin qu’on lui cherche plus de poux dans la tête qu’il n’en a sur sa paillasse.

Mais ce sont-là les risques de la stratégie de « dissimulation de l’incompétence » qu’explique parfaitement l’intellectuel américain Stephen Holmes analysant la Russie d’Eltsine à Poutine.

La communication reste la seule arme pour ceux qui ne peuvent offrir autre chose que des mots et des promesses et il n’est pas toléré qu’on la contredise. D’où la répression de toute parole qui n’ait pas le blanc-seing du pouvoir, contrairement, quoique vous en disiez, aux accords internationaux signés par l’Algérie. Ce qui vous a valu une laborieuse justification devant l’ONU.

Ainsi vous qui déclariez en avril 2017 : « Nous ne sommes pas la Corée du Nord. Nous n’interdisons pas. Nous utilisons ce qui nous est permis dans le cadre des accords internationaux signés par l’Algérie ». Vous vous découvrez Président d’un pays où toute expression qui échappe au contrôle de l’Etat est interdite comme à Pyongyang.

Autant le savoir Monsieur Tebboune l’Algérie c’est la Corée du Nord moins l’industrialisation, l’autosuffisance alimentaire et les hôpitaux qui prodiguent de vrais soins.

Libérez les journalistes !

Cessez de vouloir transformer les médias nationaux en vulgaires meddahatte et de croiser le fer avec les médias internationaux. Occupez-vous enfin si tant est que cela soit possible sans soutien populaire, occupez-vous enfin de l’Algérie qui souffre, de l’Algérie qui a faim, de l’Algérie qui tente de s’exiler par tous les moyens, de l’Algérie qui ne voit pas l’avenir. De l’Algérie complètement démantelée par vingt ans de Bouteflika.

M. B.
 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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