26 avril 2024
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Mourad Goumiri, la mafia politico-financière sera poursuivie et remboursera

POLEMIQUE

Mourad Goumiri, la mafia politico-financière sera poursuivie et remboursera

La tribune du professeur Mourad Goumiri dans le Matin d’Algérie est un plaidoyer pour la chasse aux biens mal acquis qui ont spolié ce pays jusqu’à la dernière guenille. Je réponds par le soutien à ses propos mais en précisant quelques points pour un début de débat plus approfondi.

Il y a plusieurs années, j’avais indiqué dans la presse l’existence d’une nouvelle disposition internationale pour resserrer la traque contre les évasions de capitaux qui, en Algérie, sont le fruit d’un vaste crime puisqu’ils sont illégaux et accumulés par le sang et la sueur d’un peuple mis à genoux par un régime militaire et politico-mafieux.

Dans sa contribution récente, le raisonnement de Mourad Goumiri est connu et très juste. Les très nombreux montages financiers ne facilitent pas la tâche mais, surtout, il existait une très grande difficulté à opérer des enquêtes et émettre des requêtes auprès des instances judiciaires des pays concernés. Cela était presque impossible si on considère la bienveillance des gouvernements qui ne pouvaient jouer le jeu entièrement au risque de se voir eux-mêmes épinglés.

Mais il y a aujourd’hui la mise en application d’un outil international qui, si ce n’est pas la panacée, donne une possibilité majeure de prendre connaissance (à défaut de les bloquer à l’origine) des détournements mal acquis. Il s’agit de l’échange automatique d’information (AEOI), une norme définie par l’OCDE et transformée en convention internationale par la signature de 42 pays, pour le moment.

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La grande différence par rapport aux traités d’échanges antérieurs est l’automaticité, pas de procédures longues et improbables dans leur résultat. C’est le pays où réside la personne titulaire d’un compte à l’étranger qui peut demander cette consultation. Nous sommes donc au cœur de la population mafieuse de l’Algérie, militaire et civile.

Le dispositif concerne les résidents en Algérie mais les poursuites en matière fiscales et, éventuellement pénales, peuvent s’effectuer à partir des pays où nos mafieux ont généralement des attaches financières juteuses si l’infraction est avérée sur le territoire en question.

Ce dispositif, nous l’avons dit, n’est pas la panacée car nos nationalistes offshore ont depuis longtemps appris les méthodes de dissimulation et de nombreux autres pays sont encore dans une situation offshore imprenable. Les affaires des années précédentes et la montée en rage des populations des pays démocratiques envers des fonds qui les pillent ont fait cependant basculer l’opinion et ces derniers bastions du blanchiment international ne sauraient durer encore des décennies.

La seconde république algérienne, si elle naît un jour, devra impérativement s’atteler à deux initiatives, un Nuremberg algérien pour les généraux et la signature de la convention internationale AEOI.

Il est vrai que la lecture du nom de certains signataires peut faire sourire et douter de l’efficacité d’un tel dispositif. Mais il faut distinguer ce que peut faire un État de ces informations pour de mauvaises raisons, par exemple des règlements de comptes internes, et la réelle possibilité d’obtenir les informations au nom d’une justice indépendante.

Si la seconde république se veut véritablement démocratique, l’information sera exploitée dans un but légitime, conforme aux principes républicains et de la démocratie.

L’autre point soulevé par cet article me pose un petit peu plus de soucis. Mourad Goumiri fait état d’une nécessaire cellule de magistrats spécialisés pour une prise en charge des cas relevant de la qualification de détournement de fonds financiers. C’est une considération très juste mais j’ai une série de questions à lui poser avant d’en être définitivement rassuré.

Monsieur Goumiri, vos Eliot Ness, magistrats de l’équipe anti-corruption, qui seront-ils ? Est-ce la bande de magistrats qui n’a jamais eu le moindre soupçon de détournement d’un général ou d’un oligarque, à l’exception de ceux que le régime leur a offert pour règlement de comptes ?

Est-ce qu’il s’agit des nombreux magistrats qui ont poursuivi et permis l’incarcération des malheureux journalistes et blogueurs ? Est-ce la magistrature qui n’a pas pourchassé pendant un demi-siècle les mafieux qu’elle n’a jamais pu incarcérer alors que le moindre des citoyens  possédait la preuve de leur crime à grande échelle ?

Ou, est-ce ce charmant procureur de la république qui m’a envoyé une lettre de convocation pour boire un thé, il y a trente ans, parce que j’avais dit de vilaines méchancetés sur El Watan à propos des intouchables généraux ?

Ou est-ce un candidat à la Présidence de la république, général de la grande armée démocratique algérienne, éprise de justice et d’humanisme, qui devra s’engager à faire justice à propos de l’énorme hold-up sur l’Algérie, par le régime militaire ? Là, je l’avoue, je dévoile ma très grande perversité car monsieur Goumiri a compris ma très pudique allusion.

Sinon, qu’il se rassure, toute son analyse est rigoureusement exacte et nous souhaiterions tous que cet objectif soit réalisé. Les généraux et leurs amis nationalistes offshore se sont gavés jusqu’au vomi, cette colossale fortune financière devra et sera rapatriée ou disponible à l’étranger par appropriation judiciaire au profit de la seconde république.

Et de ce côté, mon appui au ton de cet article est sans faille, comme mes écrits l’ont été depuis des décennies, en exil puisqu’ils étaient interdits dans le pays des généraux, dont certains sont aujourd’hui candidats à ce grand ménage moral et de justice.

Auteur
Boumediene Sid-Lakhdar, enseignant

 




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