23 avril 2024
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Pourquoi le classement de Forbes est fallacieux et propagandiste (II)  

DECRYPTAGE

Pourquoi le classement de Forbes est fallacieux et propagandiste (II)  

Le classement Forbes a fait croire à certains que tout va bien, alors qu’en réalité, l’année 2020 a été l’année de l’immobilisme le plus total. 

La nouvelle stratégie de Sonatrach devient paradoxalement  ‘le tout médiatique et la conjugaison au futur, faute de pouvoir maintenir les capacités de production et d’exceller dans ses métiers de base, porteurs de la seule valeur ajouté, alors qu’en réalité tous les projets structurants ont été retardés depuis déjà la venue d’Ould Kaddour le deuxième semestre 2017 avec de nombreux membres de l’équipe dirigeante actuellement toujours en poste. Cette situation avait entravé la progression de Sonatrach pour faire du sur place voilà maintenant bientôt cinq ans, tout en distillant des communiqués. Pourquoi ? Ces retards ont aussi empêché le groupe Algérien de renouer avec une croissance entamée depuis 2015 et impliquant une hausse des coûts et une perte de réserves et des capacités de production suite à  la violation de la conservation des gisements par le détournement des gaz d’injection et de réinjection à l’exportation, gonflant les bilans de production au détriment des réserves à moyen et long termes.   

1- 2020 aura été la pire dans l’évolution de Sonatrach

La crise sanitaire due au Covid-19 n’explique pas tout car, certes les prix ont baissé à cause d’une demande atone et un surstockage inédit mais les prix moyens pour le Sahara Blend sont restés en moyenne au-dessus de 42 dollars pour une production de 143 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) avec 60 millions de TEP consommés en interne pour une recette récoltée d’une vingtaine de milliards de dollars.  La crise de 2014 a affecté l’année 2016 pourtant avec une moyenne des prix un peu plus de 45 dollars le baril, la production 166 millions de TEP et une recette qui a frôlé les 30 milliards de dollars.

Aucun projet à part l’opération Boosting phase 3 du champ de Hassi R’mel inauguré en grandes  pompes avec un retard de plus d’une année par rapport aux prévisions, comme réalisation de 2021 le 24 février dernier n’a été réalisé.

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De nombreux ouvrages dont la réalisation contribuerait à faire face au déclin naturel subissent de 2017 à ce jour des retards pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’argent ni la décision du président de la république de réduire le budget de Sonatrach.

Il est clair que dans la feuille de route, le président de la république dit « halte au recours excessif aux sociétés étrangères de consulting pour économiser les devises » mais en aucun cas entraver le développement de certains gisements qui continuent à pénaliser les réserves pétrolières et gazières. Il faut chercher les causes ailleurs dans le lobbying pour le choix des fournisseurs  hors classiques. L’exemple du développement des champs de Tinhert qui poussent les lobbies à introduire des fournisseurs pas classés dans l’ENR et qui traîne à ce jour.

Entretemps les responsables optent pour une solution de facilité pour respecter leur engagement envers les clients de Sonatrach en détournant le gaz associé pour la vente ce qui bousille incontestablement les gisements fortement producteurs pour un seul souci : celui de gonfler leur bilan.

Le projet de l’usine de GPL de Rhourde El Baguel qui a vu un retard inadmissible, n’a plus aucune opportunité de valeur ajoutée, car depuis 2017 à ce jour, les gaz associés prévus pour la réinjection ont été détournés à l’exportation pour justement gonfler les bilans, ceci a eu une conséquence sur la baisse importante de la production et des réserves de pétrole et de GPL ; les gaz supposés pouvoir être traités pour récupérer le GPL ont été encore une fois détournés.

Plusieurs autres projets, dont des réseaux de collecte, le développement de Hassi Messaoud Upside Nord et une dizaine d’autres de cet acabit continuent de souffrir et qui à l’avenir auront un impact dramatique sur l’offre des hydrocarbures que ce soit sur le court ou le moyen terme. Résultat : Sonatrach et partant le pays seront non seulement privés d’une production additionnelle de toute évidence perdue mais risque si des mesures sérieuses et vigoureuses ne seront prises d’entamer cette année 2021 avec un déficit plus accentué.  

2- Pourtant les dépenses non médiatisées n’ont pas manqué en 2020

Combien même, l’année 2020 a brillé par plusieurs memorandum of Understanding (MoU), sans engagement ni utilité intensément  médiatisés souvent renvoyés sournoisement et intentionnellement  sine die au retard dans l’élaboration des textes d’application de la fameuse loi sur les hydrocarbures 19-13, les dépenses ne semblent pas s’arrêter : un contrat avec le consultant Beicip-Franlab, pourtant cité dans l’affaire de l’achat controversé de la raffinerie d’Augusta.

Ce consultant figure même dans le bilan du premier ministre publié quelque jours avant le dernier remaniement et disponible dans son portail, l’attribution à Vallourec d’un marché de 194 millions de dollars. On y lit (01) « 

Au terme d’une procédure de consultation sélective lancée en juin 2019, la division Production du groupe pétrolier Sonatrach a publié, le 23 décembre 2020, la liste des fournisseurs de tubes de cuvelage -casing- retenus. Le français Vallourec Oil and Gas a été désigné pour 3 lots d’un montant total de 194 millions de dollars. Lors de cette consultation, Sonatrach a désigné 5 entreprises différentes pour fournir 20 lots qui coûteront au total plus de 1,1 milliard de dollars. 

Le chinois HSC est le fournisseur qui a remporté la plus grosse commande avec un montant cumulé de plus de 527 millions de dollars. Un marché des tubes aéroréfrigérants a été aussi durant la même période attribué à SAP France pour les unités de traitement de gaz de Hassi R’mel d’un montant de 1,03 millions de dollars.’02) Il y a eu aussi des dépenses pour des projets en association comme le groupement Bir Sebâa constitué de Sonatrach et ses deux partenaires PTTEP et PVEP avec la société italienne spécialisée en ingénierie Maire Tecnimont le 8 juin 2020 pour un contrat Engineering, Procurement & Construction (EPC) afin de réaliser un deuxième train de traitement d’huile au niveau de ce champs situé à 40 km de Hassi Messaoud (03).

Enfin la fin de décembre 2020 la tunisienne Enatrac international s’est affirmée comme fournisseur de Sonatrach pour un montant de 251 258  de dollars (04) pour doter le complexe Méthanol & dérivés d’Arzew (CP1Z) d’une station de gaz. (05)

 3- Sur quelle base peut-on dire que le renouvellement des réserves a atteint 90% ?

Pour couronner le tout ce sélectionné cinquième de ce magazine américain, vient de déclarer  le 11 mars dernier à la chaîne Radio nationale que Sonatrach a reconstitué les réserves consommées à 90%  et compte un renouvellement à plus 100% par une augmentation du niveau de production des gisements matures par plus de conservation et de maintenance c’est à dire arrêter de détourner le gaz de réinjections et s’occuper sérieusement 177 gisements en production par l’approche intensive. Qu’est-ce qu’il l’a empêché de faire cette année ? Et compte-t-il sur les Emiratis qui viennent de remporter un contrat pour stimuler les gisements ? Sonatrach n’était –elle pas capable ?

Maintenant sur le fond de la question, les réserves récupérables certifiées prouvées(P1) sont évaluées dans le scénario le plus optimiste à 4,7 milliards de TEP, la production cumulée au 31/12/2020 est de 2,9 milliards de TEP enfin les réserves récupérables restantes c’est à peine 1,8 milliards de TEP soit où est cette couverture de 90%. Il s’agit là des réserves totales toutes formes d’hydrocarbures confondus. Avec quoi et de quel manière pourrait- il arriver à les reconstituer à 100% durant  l’année 2020 ? 

Sachant qu’en 2020 il n’y a eu aucune découverte commerciale (économique) faisant l’objet d’un dossier de commercialité réglementaire ni aucun plan de développement nouveau communiqués à  ALNAFT, ni une certification des réserves mise à jour. Ces déclarations incitent à un Audit sérieux indépendant pour le compte du propriétaire.

Rabah Reghis

Renvois 

(01)- https://www.businessfrance.fr/algerie-sonatrach-attribue-a-vallourec-un-marche-de-194-m-usd                    (02)-https://www.businessfrance.fr/algerie-sonatrach-designe-sap-france-pour-fournir-des-tubes-aerorefrigerants-et-echangeurs-de-chaleur                                                                                                                                   (03)- https://www.elwatan.com/edition/economie/contrat-entre-sonatrach-et-maire-tecnimont-realisation-dun-2e-train-de-traitement-dhuile-a-bir-sebaa-10-06-2020                                                                                                       (04)-https://rhinotenders.com/tenders/tender/acquisition-d-une-station-de-gaz-z 

(05)-https://twala.info/fr/fil-dactualite/lentreprise-tunisienne-entrac-saffirme-comme-fournisseur-de-sonatrach /

(06)-https://maghrebemergent.net/toufik-hakkar-sonatrach-a-atteint-90-du-taux-de-renouvellement-de-ses-reserves-consommees/

Auteur
Rabah Reghis

 




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