24 avril 2024
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Présidentielle en Tunisie : l’arrestation de Nabil Karoui soulève le doute

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Présidentielle en Tunisie : l’arrestation de Nabil Karoui soulève le doute

Depuis la mort de Béji Caïd Essebsi le 25 juillet dernier, de nombreux candidats se bousculent à l’ouverture des inscriptions à l’élection présidentielle anticipée.  

98 candidats à la candidature ont été enregistrés. Ce chiffre a pu être interprété, dirait une journaliste  Khaoula Souf «comme être un bon signe d’une démocratie naissante en bonne santé, mais le topo réel derrière les écrans, est bien différent». 

Pourtant un tournant dans cette campagne vient d’être franchi par l’arrestation spectaculaire du candidat dont le sondage le place parmi sinon le plus  favori. Il s’agit du « flamboyant controversé » magnat de la télévision Nabil Karoui, au demeurant très connu en Algérie comme le Berlusconi tunisien. Son parti Qalb Tounes (cœur de la Tunisie) parle d’un enlèvement dans des voitures banalisées sans aucune identification mais tard dans la soirée le ministère de l’Intérieur confirme qu’il s’agit bien d’une arrestation ordonnée par un arrêt de la chambre d’accusation de la cours d’appel de Tunis. 

Toute la question reste le motif qui semble, selon plusieurs commentateurs étrangers, un peu inopportun en pleine campagne électorale. Pourquoi, commentateurs étrangers ? parce que ce matin la presse tunisienne aussi bien arabophone que francophone a peu commenté cette arrestation dans sa forme sinon pour dire qu’elle ne pourrait avoir aucune incidence  sur sa campagne puisque le dossier est en instruction et le candidat n’est pas encore effectivement condamné ; mais à 3 semaines du scrutin, cela reste tout de même déstabilisant. 

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Ce silence dénote une main mise sur la presse tunisienne par cette mafia que le candidat lui-même avait dénoncé dans sa chaîne Nessma TV quelques jours avant parce qu’il avait reçu des menaces ainsi que sa famille pour se retirer de la course, il a même dit ouvertement « qu’ils sont capables de me tuer »   L’AFP qui cite Oussama Khlifi, un des responsable du parti, avait rapporté « qu’une quinzaine de voitures de police banalisées ont bloqué la route et se sont précipitées vers la voiture de Nabil Karoui avant que les policiers armés lui demandent de venir avec eux en disant qu’ils avaient des instructions pour l’arrêter ». Pour lui il s’agit d’un enlèvement et non pas une arrestation  pour la simple raison que ses assaillants invoquaient des instructions et en aucun cas un acte judiciaire.

Il a précisé que Nabil Karoui était de retour du Nord-Ouest de la Tunisie plus exactement à Béja où il venait d’installer un nouveau bureau pour son parti. Il fallait attendre tard dans la soirée lorsque sa chaîne commençait à bruiter cet événement pour que le ministère confirme par un communiqué cette arrestation et la conduite du prévenu à la prison de Mornaguia tout près de Tunis. Ce communiqué précise que Nabil Karoui et son frère Ghazi sont touchés par un mandat de dépôt pour « blanchiment d’argent »   

Pourquoi maintenant ?

La famille Karoui, richissime en Tunisie dont deux frères sont visés par instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, sur la base d’une plainte de l’ONG I-Watch les accusant de fraude fiscale. Le 8 juillet dernier, ils avaient été inculpés  de ce chef d’accusation. Un juge d’instruction avait également décidé d’un « gel de leurs biens et de leurs fonds financiers et leur interdire de voyager à l’étranger ». Mais ce juge d’instruction ainsi que le pôle judiciaire n’a pas émis de réserves à sa candidature le 2 août dernier. 

Cependant, les instances chargées du contrôle de l’audiovisuel (Haica) et surtout des élections ont décidé prématurément d’interdire à sa chaîne de couvrir la campagne électorale voire même si l’on croit son animateur hier soir vers 20 heures, cette chaîne a fait l’objet d’une offensive par des personnes inconnues pour perturber son émission.

Nabil Karoui favori par plusieurs sondages dans les intentions de vote, a été, rappelons-le, la cible principale d’un amendement en juin du code électoral par l’ajout d’une disposition pour écarter du scrutin présidentiel toute personne ayant durant l’année écoulée octroyé « des avantages quelconques » à des citoyens en allusion à ces actions caritatives dans le cadre des œuvres de son association  fondée en hommage à son père « Khalil Tounes ».

Il se trouve que le feu président Béji Caïd Essebsi a refusé de promulguer ce nouveau code avant sa mort. Par cette association justement qui date déjà de quelques années, ce magnat des finances s’est construit une image d’homme charitable qui distribue des repas et du matériel divers sous l’œil attentif de sa chaîne Nessma TV.                         

Auteur
Rabah Reghis

 




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